C’est officiel : depuis le 13 janvier, la course à la chefferie du Parti libéral du Québec (PLQ) est lancée. Il faut le dire, cette course est loin d’être anodine, bien au contraire. En fait, elle s’amorce à un moment crucial pour notre formation politique, un moment où le parti est en reconstruction identitaire, allant des valeurs aux politiques. Depuis la défaite de Philippe Couillard en 2018 et celle de Dominique Anglade en 2022, beaucoup se demandent ce qu’il adviendra du parti, qui est désormais réduit à une députation enclavée à Montréal et dans l’Outaouais. Dans ces moments de réflexion, l’identité libérale elle-même est remise en question par plusieurs militants. Après tout, dans une arène politique jusque-là dominée par la Coalition Avenir Québec de François Legault, qu’est-ce que ça signifie d’être libéral ? Les jours où le parti de Robert Bourassa, Jean Lesage et Jean Charest remportait le cœur des Québécois semblent révolus. Après de tels rebondissements, il ne restait qu’à mettre la clé sous la porte pour ce parti, qui a pourtant façonné la vie politique québécoise durant les 150 dernières années.Cependant, en politique, il y a parfois des surprises, des coups de théâtre. Cette fois-ci, c’est ce qui est arrivé. Après avoir traversé la rivière des Outaouais, quittant Ottawa pour revenir au Québec, Pablo Rodriguez, l’excellent député fédéral d’Honoré-Mercier, annonce qu’il se lance pour la chefferie du PLQ. On a désormais une course, une vraie
Pablo et le Québec
Né en Argentine de parents opposés au régime brutal de Videla, Pablo quitte la dictature alors qu’il n’a que huit ans, direction Sherbrooke. C’est dans les magnifiques Cantons-del’Est qu’il grandit. Il y apprend le français, se plonge dans la culture, tombe amoureux de nos artistes, comme Paul Piché et Robert Charlebois, et poursuit ses études universitaires. À Sherbrooke, Pablo Rodriguez choisit le Québec et le Québec le choisit. L’histoire de la famille Rodriguez, c’en est une de réussite et d’adaptation à la société québécoise. Cette appartenance au Québec n’est pas que culturelle, elle est aussi politique. Pendant les débats constitutionnels, Pablo se joint à l’influente Commission-Jeunesse du Parti libéral du Québec (CJPLQ) – vraie force politique qui continue de faire vibrer le parti à ce jour. Il y fait ses premiers pas politiques, militant pour un Québec fort dans une union canadienne tout aussi forte. Pendant son temps à la CJPLQ, il parcourt les quatre coins du Québec, rencontre le monde, le vrai, et c’est là qu’il adopte son style bien à lui : l’authenticité. Croyez-moi sur parole, j’ai rencontré de nombreux de politiciens dans ma vie, du municipal au fédéral, en passant par le provincial. Pourtant, je n’ai jamais rencontré une personne comme Pablo ; c’est ce genre de personne spéciale, tout aussi à l’aise de parler avec mon père de la dernière partie de hockey que d’enjeux nationaux à la table des ministres.
« Après avoir traversé la rivière des Outaouais, quittant littéralement Ottawa pour revenir au Québec, Pablo Rodriguez, l’excellent député fédéral d’Honoré-Mercier, annonce qu’il se lance pour la chefferie du PLQ. On a désormais une course, une vraie »
Le bagarreur
Après un parcours remarqué à la CJPLQ, je crois qu’il est devenu évident qu’un tel talent politique ne pouvait pas être perdu dans les limbes. Cela aurait été un vrai gâchis. En 2004, Rodriguez se lance donc sous la bannière du Parti libéral du Canada, alors dirigé par Paul Martin, pour briguer la circonscription montréalaise d’Honoré-Mercier. Alors que le parti se voit retirer la majorité dont il disposait depuis 1993, Pablo conserve la circonscription. Il fait donc son entrée dans l’enceinte de la démocratie canadienne. Il joue un rôle de premier plan dans le caucus du Québec dès son premier mandat. À mes yeux, le plus intéressant dans la carrière de Pablo, ce ne sont pas ses nombreuses victoires, mais sa manière de réagir à la défaite. En 2011, alors que le parti allait mal et qu’il était pris dans multiples scandales, le Nouveau Parti démocratique se présente comme la première force d’opposition face aux conservateurs. C’est donc dans ce contexte que les néodémocrates emportent 59 sièges au Québec ; et, par la même occasion, remportent Honoré-Mercier, une forteresse libérale. Monsieur Rodriguez se retrouve donc évincé du parlement.
Comme tant d’autres, il aurait pu passer à autre chose, il aurait pu se trouver un emploi payant dans le secteur privé. Au lieu de cela, poussé par l’amour de la fonction et par la passion de servir ses concitoyens, pendant les quatre années qui le séparent de la prochaine élection générale, il prépare le terrain pour son grand retour et celui du parti. Alors que le bateau coule, Pablo s’adonne corps et âme pour regagner la confiance de la population. Il construit des ponts entre le parti et les québecois déçus par le passé des libéraux, et soutient un parti en reconstruction. Pour vous démontrer l’ampleur de son implication, il a pigé dans ses économies personnelles pour aider au financement du parti. Donc, ceux et celles qui pensent que Pablo agit en opportuniste en quittant Ottawa pour revenir au Québec se trompent. Rodriguez, c’est un battant. Je le sais, parce qu’en 2015, après de nombreux soupers spaghetti pas toujours glamour et des tonnes d’épluchette de blé d’Inde, il redevient député dans un gouvernement libéral majoritaire. La victoire du parti aurait été impossible sans les personnes qui, comme Pablo, ont mis la main à la pâte pour préparer le terrain.
Le Québec et Pablo
Pour moi, le choix pour Pablo de revenir à ses racines québécoises n’est pas le fruit du hasard. Ce n’est pas seulement le PLQ qui, à l’instar du PLC en 2011, est à la croisée des chemins. C’est aussi le Québec tout entier. En 2018, la CAQ de François Legault se présentait devant la population en offrant des remèdes à tous nos maux. En santé, en éducation, en immigration, les candidats caquistes nous disaient comment ils allaient être en mesure de tout régler. Il n’en demeure pas moins que, près de huit ans plus tard, très peu a été accompli. On attend toujours autant dans les salles d’attente, il y a encore des défis importants en éducation, et l’immigration a été utilisée comme un levier pour faire des gains politiques. Aujourd’hui, avec des enjeux comme celui de la sécurité de la frontière avec les États-Unis, il nous faut une personne d’expérience qui soit capable de nous guider avec brio. Dans des moments incertains, il nous faut un bagarreur. Dans le moment présent, il nous faut un Pablo Rodriguez. Collectivement, on ne peut pas se permettre de faire fi d’une telle candidature
Pablo et moi
En conclusion, je vous avoue que je connais bien Pablo. Je l’ai rencontré pour la première fois en 2015, alors qu’il faisait le tour du Québec pour préparer le parti aux élections générales. Depuis, je l’ai revu à plusieurs reprises, assez pour être convaincu qu’il est la bonne personne pour diriger le Québec lors d’un moment aussi décisif. Une chose qui me frappe à chaque fois que je revois Pablo, c’est son authenticité. C’est une personne qui est aussi drôle que sérieuse, aussi réfléchie que terre à terre. Avec Pablo, what you see is what you get. L’ayant fréquenté à quelques reprises, je ne peux vous dire à quel point il est l’homme de la situation, la personne dont nous avons besoin pour faire rayonner le Québec et le remettre sur les rails. Pablo, tu peux compter sur moi !