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Essence : quatre artistes montréalaises à l’honneur

Une célébration de l’art et de l’identité noire dans cette exposition collective.

Scottie Jean

Février, Mois de l’histoire des Noirs. Une période où l’on se retrouve, où l’on s’observe dans les reflets de celles et ceux qui nous ont précédés, et où l’on tente, à travers l’art, de raconter nos propres histoires.

Le 22 février dernier, au Quartier Jeunesse de Montréal, Cultur’elles MTL, un organisme dédié à la mise en avant des femmes issues de la diversité dans le domaine de la culture, des arts et des médias, nous a offert un espace pour le faire avec Essence.

Cultur’elles MTL

Dans cette exposition collective mettant en avant le travail de quatre artistes noires de la scène montréalaise, les visiteurs ont pu admirer photographie, peinture, crochet et multimédia dans un même espace. Les artistes mises en avant dans l’exposition étaient Sarah Béguineau, présentant des tableaux où la couleur dorée, symbolisant son vécu, domine ; Toromba Diawara, illustratrice et peintre, explorant ses émotions à travers l’utilisation de cordon et de fil ; BLCKQ, artiste et designer, qui fusionne art et tricotage pour créer des œuvres célébrant l’expression de soi ; et moi, Harantxa Jean, une artiste mêlant photographie conceptuelle et direction artistique, avec des projets comme ma série d’autoportraits CONTRAPPOSTO, engageant une réflexion sur la place des femmes noires dans l’histoire de l’art.

Cultur’elles MTL

Verres à la main, une communauté s’est rassemblée non seulement pour admirer l’exposition, mais aussi pour créer. Les participants ont eu l’opportunité de prendre part à des ateliers de perlage et de tressage animés par l’artiste Amanda Préval, tandis que les sœurs Rivera du spa Rivera Beauty ont ouvert un espace dédié à l’expression à travers le nail art. Assma, étudiante passionnée par le henné, a quant à elle proposé des designs inspirés de son héritage tchadien, et Frizzygyal, une artiste visuelle, nous a éblouis avec une performance de bodypainting en direct où elle a transformé des corps en véritables toiles vivantes.

Cultur’elles MTL

Pour compléter cette expérience immersive, Cultur’elles MTL a organisé un panel de discussion, où les artistes exposées ont été invitées à prendre la parole.

Quatre chaises sur scène, une lumière chaude, et une question posée d’emblée par l’animatrice : Comment intégrez-vous votre identité dans votre art ? Un silence dans la salle suit. Pas un silence pesant, mais plutôt celui d’une attente, d’une introspection collective. Puis Sarah a pris la parole : « Pour moi, l’art est un cheminement vers mes racines. Étant antillaise et française, il y a toujours eu une recherche de mon propre centre. Donc, mon travail, c’est un dialogue avec mon héritage. » Torumba a enchaîné, un sourire en coin : « Moi, c’est simple : mon art, c’est mon mood. Ce que je ressens, ce que je vis, tout passe par mes mains. Et avec cette expo, je voulais explorer de nouvelles matières, tester l’association entre la corde et la peinture. »

Cultur’elles MTL

Quand mon tour est venu, je parle d’absence. Le manque d’images non stéréotypées des femmes noires, l’absence d’un espace où notre beauté et notre force ne sont pas simplement tolérées, mais affirmées : « Grandir en aimant les médias, tout en n’y voyant personne qui me ressemblait, c’est un sentiment complexe. Mon travail, c’est une tentative de renverser ce narratif. De combler ce vide. »

Dans la salle, on acquiesce, on murmure, on se reconnaît. Et dans cette énergie collective, notre décision est claire : continuer de créer.

Le 22 février dernier au Quartier Jeunesse de Montréal, Essence fut une soirée où Montréal a répondu présent et où l’essence même de notre créativité et de notre identité a pleinement trouvé sa place.


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