Aller au contenu

Le Ramadan : un mois de foi et de communauté

Démystifier le ramadan à travers le point de vue étudiant.

Toscane Ralaimongo

La semaine de la francophonie célèbre la culture, le savoir et le partage. Le français, en tant que langue, est gage d’unité à l’international. Pour certains, comme les musulmans francophones, la francophonie représente une facette importante de leur identité. Ceux-ci mélangent au quotidien langue, culture et religion. Cette double identité prend un sens particulier en période de Ramadan, un moment sacré pour les musulmans. Ce mois, qui a débuté le 1er mars, représente une opportunité pour les individus de rééquilibrer la foi dans leurs vies, et de prendre du temps pour eux. Pour certains, le Ramadan se résume au jeûne : ne pas manger ou boire (oui, même de l’eau) du lever du soleil (sahur) jusqu’au coucher du soleil (maghrib). Évidemment, le jeûne est un élément important de ce mois, mais plusieurs autres coutumes s’y ajoutent.

Qu’est ce que le Ramadan ?

Le Ramadan est le neuvième mois du calendrier islamique et est considéré comme l’un des mois les plus saints de l’année. Chaque année, la date de début du ramadan recule de 10 jours, donc en 2024, le mois spirituel a débuté le 10 mars. Ce décalage annuel crée donc une grande variation entre les heures de jeunes en été ou en hiver. En été, le jeûne peut durer plus de 19h, tandis que cette année, le jeûne est d’environ 13h. C’est pour cela que vous entendez parfois dire que le Ramadan est plus « facile » en hiver ou au début du printemps, car les journées sont courtes et plus faciles à gérer avec le travail et l’école.

Le Ramadan est une occasion pour les musulmans de se concentrer sur leur foi, d’accomplir les cinq prières quotidiennes, de réfléchir profondément et de renforcer les liens au sein de la communauté. Il est également habituel pour les musulmans de se rendre à la mosquée chaque soir pendant le Ramadan pour prier le Taraweeh, une prière non obligatoire qui se déroule en fin de soirée et qui réunit les croyants chaque nuit du mois. Lors d’une journée typique de jeûne, la tradition veut que ce dernier soit rompu avec des dattes lors de l’iftar, un terme en arabe qui signifie littéralement « rompre le jeûne ». Ces soupers regroupent quotidiennement des membres d’une famille, des amis, et même des voisins. L’iftar est un bon exemple de la dimension communautaire qui prévaut lors du Ramadan. L’entraide est également encouragée tout au long du mois, avec plusieurs initiatives organisées, souvent sous la forme d’iftars. Ces événements sont mis en place à des fins caritatives par des organisations afin de lever des fonds pour des causes nobles, ou par des associations étudiantes pour rassembler les étudiants qui passent le ramadan loin de leurs proches. Mais alors, comment détermine-t-on les échéances du mois saint ? La date officielle de la fin du Ramadan est déterminée lors du premier aperçu du croissant lunaire, après 29 ou 30 jours dépendamment de l’année. Pour marquer la fin du mois de jeûne, les célébrations de l’Eid alFitr, commencent. Les célébrations traditionnelles incluent la prière à la mosquée, les retrouvailles familiales autour de pâtisseries et de café, ainsi que le port de beaux vêtements pour marquer la fin de ce mois.

Chez les étudiants

Le Délit s’est entretenu avec deux étudiantes de McGill, Myriam et Maya, pour partager leurs expériences lors du Ramadan, leurs impressions sur les attentes de ce mois sacré, la relation avec la spiritualité et la conciliation de la foi et des obligations universitaires.

En évoquant la signification de ce mois, Maya le décrit comme une occasion de se détendre, de reconnecter avec sa foi et sa famille, et de continuer à travailler sur soimême. Elle contraste aussi ce mois avec la dimension communautaire qu’il favorise, soulignant que, selon elle, « le Ramadan devient une affirmation silencieuse, mais puissante : celle de notre identité, de notre lien avec Dieu et de notre appartenance à une communauté qui, même dispersée, partage la même foi et les mêmes épreuves ». Il y a aussi la réalité de concilier les attentes de ce mois, tant sur le plan spirituel que religieux, avec les obligations professionnelles et scolaires. Les deux étudiantes reconnaissent que, en raison du jeûne, ce mois entraîne des périodes de fatigue, et elles soulignent qu’une bonne organisation est cruciale pour maintenir la réussite scolaire. Depuis plus de sept ans, le Ramadan coïncide avec les examens finaux, que ce soit au secondaire, au cégep ou à l’université, ce qui représente une véritable épreuve pour les étudiants musulmans. Maya affirme : « Le Ramadan n’est pas une épreuve insurmontable ou incroyablement difficile, même en tant qu’étudiante. » Elle fait allusion aux autres obligations spirituelles du Ramadan, car, pour elle, « le vrai défi, c’est de se rapprocher de sa foi et de préserver une bonne intention dans ses paroles et ses actions, même dans les moments de fatigue ». Elle ajoute que, contrairement à ce que certains pourraient penser, elle a obtenu ses meilleurs résultats académiques pendant cette période, attribuant sa réussite à une clarté mentale accrue et à l’absence de distractions. Maya souligne aussi la flexibilité des professeurs durant ce mois : « J’ai aussi eu la chance de travailler dans des environnements où l’on respectait mon jeûne, en me permettant d’adapter mes horaires pour mieux équilibrer ramadan et travail ». Myriam abonde en ce sens, précisant qu’elle se sent beaucoup plus productive le matin, car, selon elle, « la gestion de l’énergie devient essentielle : il faut optimiser les heures de productivité en fonction des moments où l’on se sent le plus en forme ».

La dimension communautaire du Ramadan est également bien connue. Les repas partagés, l’échange de pâtisseries avec les voisins, et d’autres gestes de solidarité sont autant d’images associées à ce mois sacré. Maya témoigne de la beauté de cet aspect communautaire, en soulignant son importance particulière dans un cadre familial : « Quand arrive le Ramadan, tout change. On réorganise nos journées, on fait un effort conscient pour se retrouver, cultiver notre religion, s’asseoir ensemble à la table de l’iftar, et partager un moment qui va bien au-delà du simple repas. » Elle évoque aussi le sentiment d’appartenance que ce mois lui procure au sein de sa communauté. En tant qu’étudiante, Maya souligne que l’idéal du Ramadan et la réalité peuvent parfois diverger, notamment en raison de la charge de travail et du rythme effréné de la vie étudiante. Pour Maya, l’essence du Ramadan reste avant tout dans l’intention : « Que ce soit à travers un simple message pour souhaiter un bon iftar, un appel à un proche qu’on n’a pas vu depuis longtemps, ou un repas improvisé avec des amis, ce qui compte, c’est l’intention. » Myriam rejoint Maya sur ce point, car elle estime que la dimension communautaire du Ramadan est aussi importante que la foi elle-même. Selon elle, ce mois est crucial, car « nous nous soutenons dans notre cheminement spirituel en allant à la mosquée après les repas. De plus, se rassembler nous permet de recréer une ambiance conviviale qui nous rappelle nos villes natales et nos racines ». 

Le Ramadan est un mois sacré, tant sur le plan spirituel que communautaire, pour les 5 % de Canadiens de confession musulmane. En tant qu’étudiant, il est essentiel de concilier ce mois de recueillement avec les exigences académiques et professionnelles. Il est donc évident qu’au fil des années et des expériences, les étudiants développent leurs propres stratégies pour vivre pleinement ce mois tout en respectant leurs obligations. Ramadan Moubarak à tous ceux qui le célèbrent !


Dans la même édition