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La sélection d’actus du Délit

Baie d’Hudson, projet de loi 89, et campagne électorale fédérale.

Titouan Paux | Le Délit

LIQUIDATION DE LA BAIE D’HUDSON : LA FIN D’UNE ÉPOQUE ?

Le vendredi 14 mars dernier, la Baie d’Hudson, la plus importante chaîne de magasins grande surface au Canada, a annoncé la liquidation de l’ensemble de ses actifs. Elle est confrontée à d’importantes difficultés au cours des dernières années, notamment une baisse générale des ventes, aggravée par la pandémie. L’entreprise est lourdement endettée auprès de nombreux créanciers, incluant fournisseurs et propriétaires immobiliers. La compagnie a pris la décision de passer en liquidation alors qu’elle risquait de ne plus être capable de payer ses 9 364 employés, qui à leur tour, se retrouvent aujourd’hui dans une situation très précaire. 

Le vendredi 21, l’entreprise a reçu l’approbation de la Cour supérieure de l’Ontario pour passer à la phase active de liquidation. Ils ont donc pu lancer cette dernière le lundi 24 mars. Cependant, La Baie semble rester relativement confiante en sa capacité à pouvoir survivre au sein du paysage commercial canadien. En effet, la compagnie a annoncé vouloir sauver six de ses 80 magasins, dont trois au Québec, incluant celui du centre-ville de Montréal. Ce rebond d’optimisme est en partie dû à une recrudescence de l’engouement des consommateurs. Après l’annonce initiale de liquidation, ces derniers se sont rués en masse sur les produits à rayures emblématiques de La Baie, de peur de ne plus jamais pouvoir mettre la main sur ces derniers.

À l’intérieur du magasin du centre-ville, l’ambiance reste positive : malgré les visages ternes de certains employés, la majorité reste souriante. Bien que les panneaux « liquidation » soient omniprésents, accompagnés de quelques portants vestimentaires abandonnés, le magasin est toujours dynamique, de nombreux clients arpentant ses couloirs. Reste à voir si la stratégie de dernière minute des dirigeants parviendra à sauver ce magasin, ainsi que les cinq autres « heureux élus ». Pour les autres, la liquidation s’étendra jusqu’au 15 juin, après quoi ils disparaîtront définitivement.

PROJET DE LOI 89 ET RÉSISTANCE SYNDICALE : LE GOUVERNEMENT JETTE-T-IL DE L’HUILE SUR LE FEU ?

En février dernier, le gouvernement du Québec a annoncé un nouveau projet de loi, numéro 89, sobrement intitulé « Loi visant à considérer davantage les besoins de la population en cas de grève ou de lock-out ». Rédigé par le ministre du Travail Jean Boulet, le projet de loi semble à première vue mettre les intérêts des Québécois au premier plan. Il permettrait au gouvernement d’intervenir directement pour mettre fin aux conflits de travail entre patrons et employés, notamment en cas de grève dans des industries qui impactent la société québécoise dans son ensemble. Par exemple, les grèves dans le milieu de la construction ont souvent un impact très négatif sur l’économie, et le gouvernement juge donc nécessaire d’intervenir dans certains cas pour protéger la société. Le projet de loi est soutenu par de nombreux grands patrons dans plusieurs secteurs clés de l’économie québécoise.

Ce nouveau projet de loi fait cependant face à une résistance féroce des syndicats québécois. La Confédération des syndicats nationaux (CSN) a exprimé son scepticisme dans une lettre cosignée par les quatre centrales syndicales ainsi que cinq autres organisations syndicales. Caroline Senneville, présidente de la CSN, décrit le projet comme une « manœuvre explosive. » Elle explique que « non seulement [le] projet de loi vient brimer les travailleuses et les travailleurs dans leur droit de négocier et d’améliorer leurs conditions de travail, mais il vient en prime déstabiliser le fragile, mais important équilibre qui existait depuis l’adoption, en 1977, des dispositions anti-briseurs de grève prévues au Code du travail. »

Le mardi 18 mars dernier, une importante manifestation a été organisée en plein centre-ville, en face du portail Roddick de McGill (photographie). La CSN était présente, avec plusieurs autres syndicats. La circulation sur la portion adjacente de la rue Sherbrooke a dû être interrompue par les forces de l’ordre, présentes en nombre pour encadrer la manifestation.

Stu Doré | Le Délit

ÉLECTIONS FÉDÉRALES 2025 : UN DUEL POILIEVRE-CARNEY SOUS L’OMBRE DE TRUMP

C’est officiel, le Canada est maintenant en période de campagne électorale fédérale. Ce dimanche 23 mars, la gouverneure générale Mary Simon a accepté de dissoudre le Parlement à la demande du premier ministre Mark Carney. Le premier scrutin aura lieu le 28 avril, et pour l’instant, les résultats restent imprévisibles. Bien que le Parti libéral du Canada soit radicalement remonté dans les sondages depuis l’arrivée du nouveau chef, la course reste très serrée avec le Parti conservateur. Selon un sondage récent, les libéraux reçoivent un appui de 42%, contre 39% d’intentions de vote pour le parti de Pierre Poilievre. Cependant, les résultats dans les différents sondages d’opinion ont tellement fluctué ces derniers mois qu’il est impossible de faire une prévision fiable.

Eileen Davidson | Le Délit

Nous pouvons toutefois déterminer quels seront les enjeux les plus importants de cette campagne. Indéniablement, le débat phare gravitera autour des États-Unis de Donald Trump : la guerre commerciale qu’il a engagée avec nombre de ses partenaires internationaux est au centre de l’attention, et risque de desservir Pierre Poilievre, considéré comme aligné avec Trump sur plusieurs enjeux. Lors du lancement de sa campagne à Gatineau, le chef des conservateurs a néanmoins déclaré qu’il tiendrait tête à Trump et qu’il placerait les intérêts des Canadiens au cœur de son mandat.

Les partis restants naviguent au sein de ce duel majeur entre libéraux et conservateurs. Jagmeet Singh, chef du Nouveau Parti démocratique, a par exemple déclaré vouloir favoriser les intérêts des travailleurs et a critiqué à la fois Mark Carney et Pierre Poilievre pour leurs politiques, estimant qu’elles favorisent les ultra-riches.


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