Suite au congrès donné par la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) et la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), les associations nationales annonçaient le 23 janvier les mesures qu’elles allaient mettre en œuvre pour contrer la hausse des frais de 1625$ promise par les Libéraux.
En plus des moyens de pression pour « reprendre la possession de leur campus » la FEUQ et la FECQ annoncent aussi une manifestation nationale prévue le 22 mars prochain. Les associations s’attendent à une participation plus importante que le 10 novembre dernier, et espèrent que toutes les associations, FEUQ ou pas, se joindront à la marche.
Pourtant, il existe des mésententes au sein du mouvement étudiant. L’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ), traditionnellement plus extrémiste dans ses revendications, fait souvent hausser les sourcils lorsque vient le temps de prendre des décisions collaboratives. L’ASSÉ, dont certains étaient présents lors du congrès de la fin de semaine, assurait qu’elle ferait chambre à part pour ce qui s’en vient. En fait, forte de ses associations prochainement en grève générale illimitée, l’ASSÉ croit que la manifestation serait inutile.
Si l’ASSÉ allait jusqu’au bout de ses intentions et ne se joignait pas à la manifestation nationale du 22 mars par exemple, cela ferait certainement perdre du poids, des plumes et un peu de sa crédibilité au mouvement.
Les dissensions au sein du mouvement datent de 2005, la dernière grande revendication étudiante contre les coupures gouvernementales au sein des prêts et bourses. La FEUQ s’était alors avancée à négocier avec le gouvernement libéral sans se concerter avec de grosses associations comme l’Association des étudiants de l’université McGill (AÉUM). L’AÉUM fait d’ailleurs partie de la Table de concertation étudiante du Québec (TACEQ) depuis cette « trahison » de 2005.
Les mesures de pression commenceront donc dès février. À McGill, Joël Pedneault, le Vice Président aux affaires externes de l’AÉUM se prépare à lancer une campagne de sensibilisation et d’information. Il y aura aussi l’Assemblée générale de l’association le 1er février qui devrait fournir des renseignements tout en discutant du positionnement de l’université face à une éventuelle grève à McGill.
Une grève à McGill, vraiment ? Encore trop peu d’étudiants savent ce qu’augmenter les frais signifie. Encore trop peu d’étudiants s’intéressent seulement à ce qui s’en vient. Pourtant, cette hausse touchera tout le monde, de manière dramatique. Les études publiées par la FEUQ en continu depuis le début de l’année scolaire tentent par tous les moyens de contrer le désintérêt des étudiant. En démontrant de manière méthodique que le gouvernement a tort, le mouvement étudiant s’assure une crédibilité.
Par exemple, la dernière étude publiée le 18 janvier soulignait que les étudiants travaillent de plus en plus durant l’année scolaire pour payer leurs études. Pour être en mesure de travailler, ils doivent aussi alléger leur session de cours. Certainement, travailler durant l’année scolaire permet d’arrondir les fins de mois –surtout si la moyenne d’heures travaillées pour les étudiants de premier cycle est de 18,7 heures. Pourtant, quand travailler retarde la diplomation, c’est la société tout entière qui écope, et la facture s’allonge, surtout dans la conjoncture actuelle.
À surveiller : chaque association étudiante devra voter pour ou contre une grève générale illimitée. On sait déjà que quelques cégeps membres de la FECQ seront en grève. À McGill, certaines facultés pourraient avoir une journée de grève, avance Pedneault, optimiste. En effet, rien n’est impossible considérant que le 10 novembre dernier, McGill s’est mobilisée de manière impressionnante. Les prochains mois nous rapporterons sur la durabilité de l’intérêt McGillois pour la cause étudiante. Pourtant, quand l’on sait que la faculté des Arts a claqué la porte à une possible affiliation avec l’ASSÉ, il y a bien peu de place à l’espoir.