Le scoop prime sur la qualité, le flash actu d’une page assomme les longs reportages pour aboutir à quoi finalement ? Des médias surchargés d’images médiocres prises par monsieur tout le monde et utilisées gratuitement à tout bout de champ : plutôt alléchant !
Avez-vous entendu parler de l’article qui a fait scandale en décembre dernier « Sale temps pour les photographes de presse » ? Publié sur le web, il relate le licenciement injuste et inattendu de douze photographes travaillant pour la chaîne américaine CNN. Leur patron ne trouvant que ces mots pour justifier son acte : « Nous avons passé beaucoup de temps à analyser la façon dont nous utilisons et nous déployons nos photojournalistes dans le pays. […] Les technologies grand public sont plus simples et plus abordables. De petits appareils photo sont maintenant de haute qualité. Cette technologie est dans les mains de plus de personnes.
Après cette analyse, CNN a décidé que quelques photojournalistes doivent quitter la société ». Et ce n’est que le signe avant-coureur d’une épidémie qui ne cesse de croître ! En France, au Québec et partout ailleurs, les rédacteurs en chef des magazines préfèrent publier à bas prix des photographies qui ne payent pas de mine plutôt que de consacrer une plus grande part de leur budget à des clichés de qualité. Si on est pour se faire bombarder d’images, autant que ça en vaille le coup pour nos mirettes !
Heureusement, des contre-attaques ont vu le jour afin de faire face à cette paupérisation de l’image. On compte parmi elles les magazines indépendants, les festivals et les remises de prix ainsi que les galeries d’art en ligne, en particulier photoartsize. Nouveau quartier général des photojournalistes émergents, cette galerie numérique s’adresse aux particuliers qui souhaitent satisfaire leur désir d’évasion ou décorer leur salon ainsi qu’aux entreprises qui utilisent de plus en plus l’art pour communiquer. Le spectateur a ainsi accès à des reportages de qualité sélectionnés par un jury. Ce site promeut la valeur artistique des photographies de reportage en se spécialisant dans le photojournalisme d’art ou le « décojournalisme ». Ces concepts aux intitulés barbares sont nés pour se différencier des photographies de presse souvent choisies pour l’impact de leur message au détriment de l’œil aiguisé du photographe professionnel. Avec photoartsize, on peut commander ses photos en ligne en choisissant le format, l’encadrement et la finition.
Un des derniers reportages marquants présenté dans cette galerie est celui sur le Ghana qui se transforme en « terre d’accueil de nos déchets numériques », en véritable dépotoir à ordures informatiques (voir photo ci-dessus). Il est seulement triste que ces photos restent cataloguées dans ces galeries numériques plutôt que de circuler dans la presse quotidienne ! À nous de continuellement faire l’effort de partir à la recherche de cette qualité photographique devenue de plus en plus rare plutôt que d’attendre qu’elle nous tombe entre les mains !