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Causerie publique sur la hausse

Éric Martin et Maxime Ouellet derrière les étudiants.

Le modérateur Xavier Brouillette, professeur de philosophie au Cégep du Vieux-Montréal, a tout d’abord rappelé le contexte de cette rencontre : la hausse des frais de scolarités. Il a présenté les arguments du gouvernement Charest. La province souhaite en effet augmenter la qualité de l’enseignement dans nos universités, sous-financées, et avancer sur le terrain de la compétitivité. Les effets bénéfiques de cette hausse seraient à la fois d’ordre éthique : les étudiants seront fiers de leurs diplômes ; économique : l’éducation est un investissement rentable et un diplôme à haute valeur apportera un revenu élevé ; et politique : cette réforme est un « geste équitable », car garder les frais trop bas reviendrait d’une certaine manière à « subventionner » les plus riches.

Le véritable ton de la discussion a été donné dès la fin de cette introduction. Le modérateur a alors déclaré qu’il considérait ces arguments comme des « sophismes », puis a passé la parole aux deux invités, qui ont poursuivi sur cette position critique en affirmant d’emblée leur soutien au mouvement étudiant, et en confirmant que cette conférence ne sera « pas neutre ».

Les deux chercheurs ont alors exposé leurs idées. Ils ont dénoncé ce que le titre de leur ouvrage Université Inc., publié chez Lux éditeurs, évoque : la logique commerciale de l’université d’aujourd’hui. Selon eux, l’université telle qu’elle s’est développée en Amérique du Nord ressemble à une entreprise : les étudiants en sont les « clients », et le principal but est désormais de produire « des clones », qui contribueront, grâce à leur formation, à la croissance du PIB de leur pays. Le sur-financement de l’université de recherche, « au service des entreprises » a également été pointé du doigt.

D’autres problèmes liés à la hausse ont été soulevés, en particulier la question de la dette étudiante et du prêt étudiant que le gouvernement promet de bonifier, mais qui n’est qu’un « vol des horizons », d’après Maxime Ouellet. Les intervenants se sont interrogés sur les raisons du gouvernement. Alain Gerbier, professeur de journalisme à l’UQAM est intervenu pour émettre l’hypothèse que ce projet cherche en réalité à « camoufler une forme d’illettrisme soft ».

La volonté d’avoir une éducation gratuite a clairement été affirmée. Éric Martin a alors rappelé les mots de Victor Hugo : « toute question a son idéal, et pour l’éducation c’est la gratuité à tous les niveaux ». Selon les intervenants, la gratuité permettrait, au final, d’avoir une société plus riche en savoir et les étudiants seraient plus désireux de redonner à cette société qui les a aidés à s’enrichir culturellement.

En fait, le débat sur la hausse, pour Éric Martin et Maxime Ouellet, n’est pas qu’économique, il est aussi philosophique et vient questionner la nature première et la finalité de l’éducation. Aujourd’hui, selon Éric Martin, on s’en tient au désir le plus bas, celui d’accumuler de l’argent. Or le véritable apprentissage permettrait de s’élever au-delà de ces « désirs juvéniles ».

Mais au-delà de la question scolaire, la discussion traitait des enjeux de société en général, notamment de la question du capitalisme, lequel, selon les invités, est « en sursis ».

En guise de conclusion, les intervenants se sont prononcés en faveur de l’action. Aujourd’hui, ils en appellent à la contribution de tous. « Là c’est le temps de se fâcher », a clamé Éric Martin. Pour eux, la solution est de se « réapproprier la parole » et d’agir –d’avoir une grève étendue à toute la société québécoise, par exemple.


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