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Après la manif

Ce que tout le monde répète au sujet de la manifestation du 22 c’est qu’avec une démonstration de force aussi tranquille, le gouvernement sera pointé du doigt s’il y a des développements violents dans les prochains jours. 

Vrai, d’autant plus que les médias accordent de plus en plus d’attention au mouvement. Pour CBC par exemple, Mike Finnerty disait qu’une semaine avant la manifestation nationale, un tiers, si ce n’est la moitié, des ressources journalistiques était consacré aux protestations étudiantes.

Imaginez les moyens investis dans la couverture médiatique le jour J. Pour vous donner une idée, chaque hélicoptère des médias brulait environ 1 000 dollars par heure lorsqu’ils survolaient la ville, jeudi dernier.

Les ressources médiatiques déployées le 22 mars comptent nécessairement dans la balance de l’opinion publique.

Entre autre, La Presse écrivait « 100 000 » en première page, en caractère 72, le 23 mars dernier. Alors que tous les médias, et même des journalistes du dit journal annonçaient que la manifestation nationale contre la hausse des frais de scolarité avait été historique, La Presse a pris la décision éditoriale que la manifestation n’entrerait pas dans l’histoire. Journal vendu aux intérêts libéraux ? En tout cas, pour tous les lecteurs indéfectibles du journal propriété de Gesca, la manifestation restera associée à 100 000. Point final.

(Un autre exemple de la force des médias : Jean-René Dufort a autant fait crier les rangs des manifestants que les discours de Martine Desjardins.)

Tout de même, la journée a été tranquille pour les médias qui s’ennuyaient, au point où ils ont dévolus leurs efforts à faire ressortir les petits conflits entre associations nationales (FEUQ vs ASSE) pour passer le temps. Les journalistes étaient sur les dents après la marche, attendant le coup d’envoi des effusions de sang qui ne sont jamais arrivées.

Le mouvement étudiant a passé le test, il continuera à attirer la sympathie citoyenne… pour encore quelque temps, du moins.
En effet, le plus dur est à venir :  garder le mouvement étudiant au-dessus du niveau de l’eau. Combien de temps faudra-t-il pour que la mobilisation étudiante devienne de l’acharnement de manifestants aux yeux des citoyens ?

Pour l’instant les Associations ne se disent pas vaincues mais il est bien évident que les étudiants qui sont en grève depuis le 14 février (en tant que membres de la CLASSE) ne pourront bientôt plus se permettre de se tourner les pouces. Ils devront bientôt réinvestir leurs classes.

Nota Bene – Le budget

L’Université McGill appuie la hausse, car elle s’accorde avec la Conférence des recteurs et principaux des universités du Québec (CREPUQ) qui dit le système universitaire québécois en déficit. Ironiquement, McGill se dit très satisfaite de l’annonce du budget Bachand annoncé la semaine dernière. Le gouvernement s’engage à donner 35 millions pour la rénovation du Pavillon Wilson, le bâtiment abritant l’École des sciences infirmières et l’École de service social.

Et après on se plaint du sous-financement ?

Comme le dénonçait le Groupe de mobilisation étudiante des cycles supérieurs dans une étude réalisée par Justin Marleau sur le budget de McGill, le sous-financement c’est les administrateurs qui le créent.

L’université demande de l’argent pour de nouveaux bâtiments, mais peine à faire de la gestion courante des dépenses. En fait, des quatre comptes (d’opération, restreint, matériel et bâtiment et dotation) qui font le budget de l’Université, un seul est en déficit. Normalement, il est possible de transférer l’argent d’un compte en surplus vers un compte en déficit pour réduire le fossé. Cela semblerait la chose logique à faire, souligne l’étude, à moins que le déficit puisse être comblé d’une autre manière. Dans le cas actuel, ce sera comblé par le gouvernement du Québec, par le biais de la hausse des frais de scolarité.

Ainsi, si le milieu de l’éducation a décrié le budget Bachand, McGill s’en tire plutôt bien. De quoi faire enrager les militants.


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