Digne du film Le Moulin Rouge, l’ambiance du Club Soda était feutrée et lascive. Les danseuses, toutes parées de leurs magnifiques costumes, déambulaient entre les tables un verre de champagne à la main. Les rires et les regards provocants étaient en vedette pendant cette soirée des plus conviviales. Des boas de multiples couleurs étaient distribués dans la salle et on pouvait constater que la majorité des spectateurs y étaient accoutumés. En effet, il semblait bénin pour les jeunes femmes de se vêtir de grandes robes à paillettes ou de bas nylon et porte-jarretelles à motifs léopards. Le moment était opportun, car le burlesque, c’est l’art et le jeu de la séduction dans toute sa vénusté.
Scarlett James, productrice et directrice artistique de l’évènement, se disait fébrile en ce soir de première. « Un soir de première, c’est toujours beaucoup de travail et d’imprévus, mais c’est aussi énormément de satisfaction ». L’équipe, regroupant une trentaine de personnes, travaille sur le spectacle depuis environ six mois.Comme chaque année, un thème est sélectionné. « Cette fois-ci, on a opté pour une touche d’exotisme ! Le thème est Island Fever ». Selon madame James, de nouveaux danseurs et danseuses seront de la partie cette année. « On a donc Lada Redstar qui vient d’Allemagne, La Divida de Dallas et plusieurs autres. On a aussi un jeune homme charmant, Jett Adore, qui est absolument magnifique ! Il fait un strip-tease, mais détrompez-vous, c’est loin d’être comme au 281. Nous accueillons aussi une contorsionniste, ainsi qu’un numéro aérien ».
C’est débordant d’assurance et de sensualité que Scarlett James entre sur la scène du Club Soda. Son charme à la Marylin Monroe est tel que personne n’y est insensible. Aucun bruit dans la salle, les yeux ne sont rivés que sur elle. Resplendissante comme un diamant, elle fixe son public d’un regard brûlant dans un déhanchement des plus langoureux.
Par la suite, il n’est pas rare d’entendre les hommes siffler et crier devant les beautés qui se trémoussent, nous plongeant dans une ambiance de vieux cabaret.
Le spectacle se poursuit par de magnifiques femmes exhibant des costumes très réussis. Les plumes et la soie sont partout. Des artistes plus rondelettes, des blondes, des rousses, certaines plus désirables d’autres plus vulgaires. Des hommes aussi : un bel Adonis, dans sa cape évoquant la masculinité du paon, a donné une prestation tout simplement sublime.Autant les moments chauds étaient superbes que les tentatives humoristiques plutôt ratées. L’animation était comique, excessive parfois. Le spectacle traînait en longueur et il aurait été dans son avantage de couper quelques apparitions. C’est une soirée tantôt exquise, tantôt ennuyeuse.
Néanmoins, dans son ensemble ou simplement pour voir la splendeur de Scarlett James sur scène, c’est un divertissement qui en valait la peine.