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Élections et retombées

La victoire de Pauline Marois devrait mettre fin à 7 mois de grève étudiante.

Le 4 septembre 2012, Pauline Marois est entrée dans l’histoire en devenant la première femme première ministre du Québec. C’est une victoire électorale cependant mitigée par l’incapacité du Parti Québécois (PQ) à former un gouvernement majoritaire. Battant de peu le Parti Libéral du Québec (PLQ), la représentante du PQ a ainsi tourné la page sur les neuf années au pouvoir de Jean Charest.

Le dernier mandat du chef libéral aura été perturbé sur la fin, en particulier à cause du mouvement étudiant contre la hausse des frais de scolarité, un mouvement qui aura sûrement contribué à la perte de crédibilité du leader. Mardi, Charest a non seulement perdu les élections en tant que chef de parti, mais il a aussi perdu son siège de député dans sa propre circonscription. Cependant, le score du PLQ n’a été que de 1 point de pourcentage (quatre sièges) de moins que celui du Parti Québécois, ce qui prouve que les Québécois sont encore nombreux à soutenir le Parti Libéral. 

Le Parti Québécois pourra compter sur le soutien d’Amir Khadir et Françoise David, fraichement élue pour la première fois dans sa circonscription de Gouin après plusieurs tentatives. Les deux co-porte-paroles de Québec Solidaire ont affirmé leur soutien à Pauline Marois sur les questions de la hausse et de la Loi 12.

Retrait de la hausse
L’impasse politique dans laquelle Charest se trouvait à la fin de son mandat a beaucoup joué dans sa perte des élections. Pauline Marois de son côté s’est approprié une large portion des étudiants votants en promettant l’annulation de la hausse des frais de scolarité et de la loi 12. Elle a ainsi rappelé ses promesses dans un communiqué de presse après sa victoire : « Même en minorité, j’ai l’intention d’obtenir des résultats pour les gens. Mon gouvernement va annuler la hausse des droits de scolarité par décret. La loi 12 n’aura donc plus lieu d’être. J’ai l’intention de proposer son abrogation et je suis convaincue que les partis d’opposition vont être d’accord ». Ce retour sur la question des frais de scolarité devrait donc enfin débloquer les pourparlers entre les étudiants et le gouvernement du Québec, qui, après presque un an de grève, manifestations et autres actions, ne sont toujours pas parvenus à un accord. Le seul bémol reste que le gouvernement péquiste n’étant pas majoritaire au Parlement, Pauline Marois devra annuler la hausse par décret ministériel, c’est-à-dire sans vote au Parlement. 

Dans l’ensemble, les syndicats étudiants sont satisfaits des promesses de la nouvelle première ministre, mais comptent bien continuer à faire pression si elles ne sont pas tenues : « Il va falloir qu’ils [le gouvernement péquiste, ndlr] mettent ça de l’avant, on va pas laisser tomber, continuer de faire pression et s’assurer qu’ils vont passer de la parole aux actes », dit Martine Desjardins, présidente de la Fédération Étudiante Universitaire du Québec (FEUQ). Elle est cependant confiante pour ce qui est de la capacité du gouvernement à annuler la hausse des droits de scolarité, puisqu’il s’agit d’un : « décret ministériel, une volonté du gouvernement ».

Abrogation de la loi spéciale
L’impopulaire projet de la loi 78, adoptée le 18 mai 2012 par le gouvernement Charest avait pour but d’arrêter les grèves, manifestations et piquetages qui paralysaient de nombreuses universités au Québec. Pour réaliser cet objectif, la loi spéciale prévoyait entre autres de forcer tout rassemblement ou manifestation de plus de 50 personnes à communiquer à la police la date, l’heure et l’itinéraire prévus sous peine d’être déclaré(e) illégal(e) et d’être dispersé(e). Cette loi avait alors provoqué l’indignation des syndicats étudiants et d’une grande partie de la population. Pauline Marois devrait maintenant l’abroger. En vérité, l’abrogation de cette loi ne changera pas beaucoup de choses car, selon Robin Reid-Fraser, VP externe de l’AÉUM, la loi « n’a pas arrêté les manifestations, et a même augmenté leur nombre ». Même si elle est plus symbolique qu’effective, l’abrogation de la Loi 78 satisfait les syndicats étudiants et leurs alliés : « C’est suffisant », dit Camille Robert, co-porte-parole de la CLASSE, tout en rappelant que le PQ avait déjà tenté d’augmenter les frais de scolarité en 1993 mais avait reculé après de nombreuses grèves.

La fin de la grève ?
La grève étudiante qui secoue le Québec depuis 7 mois au point d’être remarquée aux États-Unis et outre-Atlantique et qui divise les Québécois va donc sans doute prendre fin prochainement. Les syndicats étudiants, ainsi que les Québécois en général attendent beaucoup de ces élections, et même si le gouvernement péquiste est minoritaire, on espère quand même de lui qu’il pourra tourner la page sur le plus long chapitre de l’histoire de grèves étudiantes au Québec


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