Après la cérémonie d’assermentation des députés le 17 septembre dernier à Québec, Pauline Marois a dévoilé mercredi la composition du nouveau gouvernement. Le premier conseil des ministres qui s’est tenu le lendemain s’est « particulièrement bien déroulé », selon la Première Ministre.
Les vingt-trois nouveaux ministres auront de nombreuses responsabilités. Le premier devoir sera le devoir « d’intégrité ». « L’intégrité du gouvernement est une exigence absolument incontournable », a insisté Pauline Marois dans un point de presse jeudi après-midi.
Éducation
Le gouvernement péquiste innove en divisant en deux le ministère de l’Éducation. Le portefeuille sera désormais confié à deux ministres différents. D’une part, Pierre Duchesne, ancien journaliste à Radio-Canada, élu député péquiste dans Borduas, est nommé ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, et de la Science et de la Technologie. D’autre part Marie Malavoy, député de Taillon, est nommée ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport et devra s’occuper des dossiers relatifs aux niveaux primaire et secondaire. Une décision qui semble venir confirmer les propos de madame Marois : la Première Ministre a affirmé que « pour le nouveau gouvernement, l’éducation sera une grande priorité ».
Pierre Duchesne sera notamment en charge de l’annulation de la hausse des frais de scolarité annoncée par la Première Ministre et des différentes questions reliées à ce dossier. Jeudi, il annonçait déjà sur son blogue le premier pas fait dans cette direction : « 18h45 : J’appose ma signature au bas du premier décret de ma carrière. Par ce geste, la loi 12 (l’ancienne loi 78) sera abrogée ».
Dans un communiqué, la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) et la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) ont dit «[saluer] la nomination de monsieur Pierre. Duchesne ». « M. Duchesne avait rencontré les étudiants lors du congrès de la FEUQ au mois d’août et ces derniers avaient pu constater l’importance qu’il accordait à l’accessibilité aux études ». Les fédérations étudiantes ont offert leur « disponibilité » au nouveau ministre « afin de travailler à justement améliorer l’accessibilité aux études postsecondaires ainsi que la qualité de la formation ». La Coalition large de l’association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE) accueille quant à elle cette nomination avec prudence. « Ce n’est pas une question d’individu, mais de politique », a rappelé au Délit Ludovic Moquin-Beaudry, responsable des relations de presse pour la CLASSE. La coalition n’a pas vraiment « de position sur la composition du gouvernement en tant que telle. Pour l’instant, ça se passe plutôt bien ». Mais la CLASSE attend de voir la suite des événements.
Notons également que l’ancien président de la FEUQ, Léo Bureau-Blouin, élu député dans Laval-des-Rapides le 4 septembre, a été nommé adjoint parlementaire à la jeunesse.
Économie et environnement
C’est Nicolas Marceau, économiste et député de Rousseau, qui hérite du ministère des finances et de l’économie. Il travaillera en collaboration notamment avec Élaine Zakaïb, députée de Richelieu, Ministre déléguée à la Politique industrielle et à la Banque de développement économique du Québec. Raymond Bachand, ancien ministre des finances sous le gouvernement libéral de Jean Charest a salué la nomination de Monsieur Marceau, mais il se dit inquiet » de la politique économique annoncée par le cabinet Marois. Nicolas Marceau n’a pas d’expérience préalable en politique.
En ce qui concerne l’environnement, Pauline Marois a confié à Martine Ouellet, députée de Vachon, le ministère des Ressources Naturelles et à Daniel Breton, député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, le portefeuille du Développement Durable. Le gouvernement péquiste a annoncé dans la foulée la fermeture de l’usine nucléaire Gentilly. Martine Ouellet et Daniel Breton ont la réputation d’être des écologistes convaincus. Françoise David, député de Québec Solidaire dans Gouin a [salué] la nomination de deux écologistes […] à des postes névralgiques en rapport avec les choix économiques qui devront être faits par le gouvernement péquiste, dans le respect de l’environnement et de la nature ».
Le cabinet Marois a été fortement critiqué pour sa faiblesse économique » par le Parti Libéral du Québec (PLQ). « Alors qu’elle nous avait annoncé qu’elle voulait rassembler et représenter tous les Québécois, Pauline Marois nous a présenté hier un Conseil des ministres qui mise plutôt sur la division, les gels et les moratoire », a déclaré Jean-Marc Fournier, député PLQ de St-Laurent et chef de l’opposition officielle. Cette phrase vise principalement Martine Ouellet et Daniel Breton, reconnus comme des « activistes prônant le gel et les moratoire », selon Jean-Marc Fournier. Quant à la Coalition Avenir Québec (CAQ), elle a rappelé qu’elle est « prête à collaborer de bonne foi avec le gouvernement […]. La Coalition considère notamment que le gouvernement doit agir prioritairement pour relancer l’économie du Québec [… ]».
Autres ministères
Dans le domaine de la santé, Réjean Hébert, député de Saint-François, est nommé Ministre de la Santé et Véronique Hivon, députée de Joliette, ministre déléguée à la Santé publique et à la Protection de la jeunesse. Agnès Maltais, députée de Taschereau, hérite du ministère du Travail. Jean-François Lisée, député dans Rosemont est nommé Ministre des Relations internationales, du Commerce et ministre responsable de la Francophonie. Bertrand St-Arnaud, député de Chambly, devient ministre de la Justice. Stéphane Bergeron, député de Verchères, est nommé Ministre de la Sécurité publique et Sylvain Gaudreault, député de Jonquière, hérite des dossiers des Transports, des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire. Le député de l’Abitibi-Ouest François Gendron est nommé vice-premier ministre et devient en même temps ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation. Stéphane Bédard, député de Chicoutimi, est ministre responsable de l’Administration gouvernementale et sera président du Conseil du trésor. À la Culture, c’est Maka Kotto, député de Bourget qui fait son entrée. Diane de Courcy, députée de Crémazie s’occupera du dossier de l’immigration. Bernard Drainville, député de Marie-Victorin est nommé Ministre des Institutions démocratiques et de la Participation citoyenne. Nicole Léger, députée de Pointe-aux-Trembles devient Ministre de la Famille. Alexandre Cloutier, député du Lac-St-Jean, est ministre délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes et à la Gouvernance souverainiste.
La parité non atteinte
Ce gouvernement brille néanmoins par l’absence des femmes. Avec seulement huit femmes sur vingt-trois personnes au conseil des ministres, on est plutôt loin de la parité. Québec Solidaire déplore le manque de représentation féminine. « Voir autant de femmes que d’hommes occuper des postes de pouvoir et d’influence constitue pourtant un symbole important qui ouvre la voie à une meilleure participation des femmes à la vie démocratique de notre pays », a déclaré Françoise David dans un communiqué.
On attend beaucoup de ce cabinet. Plusieurs réformes phares ont déjà été annoncées, mais tout porte à croire que l’opposition ne laissera pas facilement passer certains projets de ce gouvernement minoritaire.