« J’annonce l’annulation dès aujourd’hui de la hausse des droits de scolarité prévue par l’ancien gouvernement ». C’est ainsi que le jeudi 20 septembre 2012 Pauline Marois, première ministre du Québec fraîchement élue, a tenu sa première promesse de campagne. Lors d’une conférence de presse, elle a annoncé ses trois premiers décrets en tant que chef du gouvernement provincial québécois. L’annonce de ces décrets coïncide avec la nomination du Conseil des ministres du gouvernement péquiste.
Droits de Scolarité
La hausse des frais de scolarité qui avait provoqué un tollé chez les étudiants, soutenus par une bonne partie de la population, vient donc d’être annulée comme promis par madame Marois lors de sa campagne. La page peut enfin être officiellement tournée sur le plus long chapitre des mouvements étudiants au Québec, bien qu’il s’était déjà presque éteint depuis la rentrée 2012. Les frais de scolarité au Québec sont donc gelés à 2 168$ par session (à noter que les étudiants internationaux et ceux qui viennent d’autres provinces payent plus cher), par contraste avec les 82% d’augmentation échelonnées sur 7 ans prévus par le Parti Libéral de Jean Charest. De plus, les universités québécoises pourront toujours profiter du financement supplémentaire de 60 millions de dollars prévu pour venir en aide aux étudiants.
Les trois principales associations étudiantes (la FECQ, la FEUQ et la CLASSE,) célèbrent leur victoire et se disent satisfaites. Martine Desjardins, présidente de la FEUQ dit : « Collectivement, on vient de prouver qu’on est capable de se tenir et d’atteindre une des plus grandes victoires du mouvement étudiant ». Éliane Laberge, de la FECQ, maintient que « cette victoire-là, c’est une victoire pour tous ceux qui ont porté le carré rouge ».
Cependant, malgré l’air de victoire qui règne chez les associations étudiantes, la bataille n’est pas finie. Le ton est certes très positif, mais le registre prend maintenant une teinte de « lutte continue », comme on peut le lire sur la page d’accueil du site de la CLASSE. Si les frais sont gelés pour le moment, le gouvernement penche en faveur de l’indexation de ces derniers, alors que la FECQ et la FEUQ réclament le gel pur et simple. La CLASSE, quant à elle, revendique la gratuité scolaire, un projet « tout à fait réalisable dans les circonstances présentes au Québec ». Selon Camille Robert, co-porte-parole de la CLASSE, « c’est une question de volonté politique, point à la ligne ». De plus, la FECQ et la FEUQ restent convaincues de la mauvaise gestion des universités québécoises. À ce sujet, les deux syndicats ont demandé au nouveau ministre de l’enseignement Pierre Duchesne d’inclure les universités québécoises sur la liste du Vérificateur Général du Québec.
Toutes ces questions seront abordées au sommet sur l’enseignement supérieur prévu par Pauline Marois d’ici la fin de l’année. Mais d’ici là, la CLASSE tiendra un congrès pour faire le point sur la mobilisation étudiante. Toutefois, la popularité de cette dernière a fortement baissé à la rentrée et surtout depuis la promesse de Marois d’annuler la hausse de frais de scolarité.
Loi 78
« J’annonce que nous abrogerons par décret, dès demain, les dispositions de la Loi 78 concernant l’interdiction de manifester ». La deuxième annonce de la première ministre jeudi avait elle aussi été promise lors de sa campagne électorale, au même titre que l’annulation de la hausse des frais de scolarité. Ces deux sujets qui avaient fait beaucoup de bruit dans la politique québécoise « permettront de ramener la paix et de rétablir les droits et libertés », selon Pauline Marois.
Fermeture de Gentilly‑2
La troisième annonce s’éloigne du milieu étudiant et concerne la fermeture de la centrale nucléaire Gentilly‑2. Dans son optique de respect de l’environnement et des générations futures, Madame Marois a officiellement fermé la centrale nucléaire de Bécancourt, une autre promesse de campagne. « Je veux que ce geste devienne un symbole de l’engagement du Québec pour l’environnement et le bien-être des générations futures, mais aussi d’une gestion rigoureuse de nos finances », a‑t-elle déclaré. Un fond de 200 millions de dollars sera également créé pour venir en aide à ceux qui seront pénalisés par la fermeture aux alentours de Bécancourt.
Ces trois annonces, faites jeudi, sont les premières promesses tenues par le gouvernement péquiste au pouvoir. Espérons que les prochaines se réaliseront aussi vite.