C’est au son d’une musique live un peu étouffée par les bruits des chantiers de construction que l’Université Concordia a tenu jeudi le 27 septembre l’événement « Manifestival du carré rouge », dans le cadre de sa semaine de « désorientation ». Annoncé comme étant une fête, une manifestation, un teach-in et à la fois un festival de rue dans le but de célébrer la résistance lors du conflit étudiant, le rassemblement a plutôt pris l’air d’une exposition de kiosques pour promouvoir les divers organismes de Concordia. Le tout était organisé par QPIRG Concordia. McGill a également participé à l’activité : l’université avait une table de présentation pour QPIRG McGill où se trouvait Lily Hoffman, membre active de cette organisation étudiante. Elle explique que l’événement lui semblait plutôt une occasion de réunir divers organismes qui ont à cœur les causes sociales ou politiques et qui veulent partager leurs actions aux étudiants.
À la table voisine, discours un peu plus engagé sur le conflit étudiant. Gene Morrow, étudiant à Concordia en Sciences Politiques, explique que le « Manifestival » devait plutôt prendre des allures de ce qui était annoncé sur le site web, mais qu’en raison des travaux majeurs qui occupent toute la rue, les participants ont dû se contenter d’occuper le trottoir. M. Morrow est un membre actif de MobSquad à Concordia et considère qu’il est nécessaire de rappeler à tous l’histoire étudiante du printemps dernier. Selon lui, le mouvement étudiant doit être vu comme un son de cloche pour inciter les étudiants à se questionner davantage sur leur rôle à jouer dans la politique à tous les niveaux. Gene Morrow considère que les étudiants doivent d’ailleurs s’impliquer davantage dans la vie politique universitaire et que, malgré le fait qu’il n’y aura pas de hausse, une surveillance accrue des universités doit être faite afin de s’assurer qu’elles n’optent pas pour un virage élitiste néolibéral qui restreint d’une certaine façon l’accessibilité aux études. Ce dernier a bien hâte que le sommet sur l’éducation promis par le Parti Québécois ait lieu, car ce sera selon lui l’ultime moment où l’on pourra discuter de la direction que l’on veut que nos universités prennent.
Nadeau-Dubois au banc des accusés
Les leaders étudiants ont dû encaisser bien des coups durant le conflit, et, pour certains, ce n’est pas encore terminé. En effet, c’est en ce même jeudi qu’a débuté le procès de Gabriel Nadeau-Dubois, ancien porte-parole de la CLASSE. Accusation portée : outrage au tribunal pour avoir encouragé les piquets de grève alors que quelques étudiants s’étaient vus octroyer une injonction pour avoir accès à leurs cours. Jean-François Morasse, un étudiant de l’Université Laval est l’initiateur de cette requête, et M. Nadeau-Dubois déclare être innocent. Les conséquences possibles pour Gabriel Nadeau-Dubois, s’il est reconnu coupable, sont la détention en prison jusqu’à un an ou une amende minimale de quelques milliers de dollars. Les procédures sont en cours pour le moment à Québec et une manifestation a eu lieu ce même jeudi à Montréal pour témoigner de l’appui au jeune accusé. Le jugement est toujours en attente.
Et la police dans tout ça ?
Si plusieurs trouvent que les accusations exprimées contre Gabriel Nadeau-Dubois sont sévères, beaucoup d’autres trouvent injuste que des jeunes soient ainsi jugés alors qu’aucune enquête n’est menée pour l’instant à l’égard du travail des policiers. Pour Québec Solidaire ainsi que pour l’association des « Profs contre la Hausse », il est nécessaire qu’une telle étude soit menée alors que des milliers d’arrestations ont eu lieu depuis février 2012. Selon Genne Morrow de QPIRG Concordia, une enquête sur le travail des policiers permettrait de déceler les fautes des policiers, de revoir la façon de gérer une situation de crise et de s’assurer que des débordements comme on en a connu ne se répètent plus. Il est aussi d’avis que ce genre d’enquête serait bénéfique pour déculpabiliser les étudiants qui ont été accusés de diverses infractions. Dans une lettre au journal Le Devoir, un étudiant du Cégep de Saint-Laurent a réclamé l’amnistie générale, au nom du groupe portant le même nom, de tous les étudiants ayant été touchés par une amende ou qui ont été arrêtés lors du conflit étudiant. Dans cette lettre, il explique d’ailleurs qu’il en coûterait moins cher à l’état d’annuler les sanctions émises que de gérer tous les cas de contestation au tribunal.
Malgré le fait que le conflit étudiant soit terminé, on ne peut dire la même chose du mouvement qui l’a porté, car le désir de justice transparait toujours dans les revendications exprimées. À suivre.