Depuis 7 ans, tous les 4 octobre se rassemblent les familles et amis des femmes autochtones disparues et assassinées partout à travers le Canada.
L’événement a été initialement créé par Bridget Tolley afin de commémorer la mort de sa mère tuée par une voiture de police de la Sûreté du Québec en 2001. L’enquête qui avait suivi la mort de Gladys Tolley avait choqué sa famille et ses amis par son manque de rigueur et d’objectivité. Effectivement, plutôt que de contacter le poste de police du village dans lequel l’accident s’était produit, les policiers avaient plutôt appelé leur propre poste de police et l’enquête avait été menée par le frère du conducteur de la voiture. De nombreuses démarches avaient été entreprises par la famille de la victime afin de mieux comprendre les circonstances de l’accident, mais au final elles ont toutes échoué, en raison entre autres du refus du gouvernement de tenir une enquête indépendante sur la mort de leur mère.
C’est dans ces circonstances qu’a été mise sur pied la marche de Sisters In Spirit qui vise à mettre en lumière le manque d’éthique déontologique des unités policières envers les communautés amérindiennes, plus particulièrement auprès des femmes. Cette année, il y aura au moins 158 marches différentes au Canada et partout ailleurs dans le monde qui seront dédiées à la cause des femmes autochtones. C’est le plus grand nombre de marche enregistré depuis le début du mouvement.
La marche de Montréal a considérablement grossit depuis sa première édition en 2006, alors qu’une trentaine de manifestants s’étaient rassemblés à la place Émilie Gamelin. En cette 7e édition, près de 300 participants, dont au moins une trentaine d’étudiants de McGill, se sont regroupés, encore une fois à la place Émilie Gamelin pour une manifestation qui a débuté par les chants des Buffalo Hat Singers, un groupe de musique Pow Wow contemporain. Une série de discours se sont succédés et la marche a ensuite débuté. Rythmée par les voix et tambours des participants, la marche a paisiblement traversé une partie du centre-ville pour se conclure à la place Philippe où la foule s’est recueillie durant de nombreuses minutes en silence, éclairée aux chandelles. Par la suite, il y a eu quelques autres discours et les manifestants se sont finalement calmement dispersés. L’événement s’est terminé sans qu’il n’y ait eu d’accrocs.
La tenue de cet événement revêtait une très grande signification pour plusieurs des participants. Le cas de Gladys Tolley n’est pas unique. Depuis 1980, plus de 600 femmes autochtones ont été portées disparues rapportent les porte-paroles de Missing Justice, un groupe de solidarité collective basé à Montréal qui a pour but d’éliminer la violence et la discrimination envers les femmes autochtones du Québec. Amnistie Internationale soutient aussi la cause, rappelant que les problèmes de discrimination, autant dans les pensées qu’à l’intérieur même de nos lois, sont un problème. Dans son discours à la foule, Nina Segalowitz, une artiste autochtone, rappelle finalement qu’il est important de protéger les femmes, car « ce sont elles qui donnent la vie, elles qui transmettent la tradition » et elle appelle les hommes à protéger leurs sœurs, leurs filles et leur femme.