Le 14e Sommet de la Francophonie s’est déroulé du 13 au 14 octobre en République Démocratique du Congo (RDC), malgré de multiples dénonciations de violations de droits humains et de fraude électorale au sein du pays.
Le Sommet de la Francophonie réunit bi-annuellement les représentants de 75 états et gouvernements faisant partie de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Les membres se réunissent afin de définir l’orientation de la Francophonie à l’échelle mondiale. Le mandat de l’OIF couvre, entre autres : le maintien de la langue française, l’éducation, l’égalité homme-femme, la diversité culturelle, la paix, la démocratie, les droits humains et le développement durable.
Le thème de cette conférence automnale était Francophonie, enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale. Le discours d’ouverture d’Abdou Diouf, secrétaire de l’OIF, était représentatif de ce thème. Il a profité de l’occasion pour dénoncer l’absence d’éthique et de régulation de l’économie mondiale et pour souligner les inégalités qui en découlent. Il a également critiqué l’inaction de la communauté internationale par rapport aux violations des droits humains dans de nombreux pays et énoncé le besoin de réformer le conseil de sécurité des Nations Unies, le FMI et la Banque mondiale. En ignorant ces problèmes, M. Diouf a affirmé que « nous mettons en danger le rôle et la stabilité de l’État et la vitalité de la démocratie, en même temps que la stabilité et l’avenir de la planète ».
Selon Abdou Diouf, le Sommet de la Francophonie est preuve qu’en vue de cet engagement, les nations représentées croient en la valeur de la solidarité humaine au-delà des frontières. « Au moins avons-nous compris, de par la nature du lien original qui nous unit, que la famille humaine est une et indivisible », dit-il.
La question de violation des droits humains et d’instabilité politique a été abordée à plusieurs reprises au cours du Sommet, duquel trois pays étaient suspendus suite à une décision antérieure de l’OIF (Madagascar, la Guinée-Bissau et le Mali). Lors de son discours, le président de la RDC Joseph Kabila a accusé des « forces négatives à la solde des intérêts extérieurs » de tenter de « déstabiliser notre pays dans la province du Nord-Kivu ». Il faisait référence aux Forces Démocratiques de Libération du Rwanda, un groupe armé qui défend les intérêts des Hutus Rwandais réfugiés en RDC. M. Kabila a ajouté que malgré cette instabilité, le Congo « affirme sa volonté d’être un État de droit, respectueux des principes de démocratie et des droits et libertés fondamentaux, conformément à la Charte de l’Organisation Internationale de la Francophonie ».
Toutefois, certains représentants ont dénoncé les violations récurrentes des droits humains en RDC, ainsi que les accusation de fraude électorale lors des élections présidentielles de 2011 : « J’hésitais à être présent lors du Sommet [en raison des violations des droits humains], mais je suis content d’y être allé parce que j’ai pu rencontrer des activistes congolais qui ont le courage d’exprimer leur opposition malgré les difficultés que cela implique ici », a dit le premier ministre canadien Stephen Harper sur les ondes de CBC News. Il a ajouté qu’il espérait que le prochain sommet se déroulerait « dans un pays qui promeut des valeurs démocratiques ».