Le trottoir situé devant le tribunal fédéral de l’immigration à Montréal – aussi connu sous le nom de Commission de l’Immigration et du Statut de Réfugié (CISR) – a accueilli le mardi 9 octobre une manifestation-éclair, organisée par le Mouvement Québec Français (MQF). Le choix du lieu n’a pas été laissé au hasard : la manifestation avait comme principale revendication de dénoncer des restrictions à l’usage du français imposées par ce même tribunal. Plus précisément, le regroupement a mis de l’avant un cas où la CSIR avait refusé la demande d’interprète faite par un demandeur d’asile, afin que son avocat Me Stephane Handfield puisse plaider en français.
Mario Beaulieu, président du MQF, s’est exprimé devant la soixantaine de personnes présentes : « C’est inacceptable qu’on soit obligés de descendre dans la rue pour qu’une institution fédérale respecte le français ». Monsieur Beaulieu a souligné le fait que ce n’était pas la première fois qu’une telle situation se produisait (le tribunal a déjà été rappelé à l’ordre par le Commissaire aux langues officielles) et a proposé l’application de la loi 101 aux institutions sous juridiction fédérale. Ses propos ont pris un air indépendantiste lorsqu’il a déclaré : « le refus du gouvernement à nous reconnaître comme nation indique que l’indépendance du Québec semble être le seul moyen pour assurer l’avenir du français ».
Mario Beaulieu a tenu à rappeler un principe de la Charte des droits et libertés de la personne : « Tous les peuples ont le droit d’assurer l’avenir de leur culture, et donc de leur langue ». L’avocat Stephane Handfield, présent lors de l’événement, a ensuite pris la parole. Il a lui aussi souligné l’importance de cette cause au-delà du cas particulier de son client, qui a finalement eu gain de cause face au tribunal qui a reculé sur sa décision en lui fournissant un interprète. La bataille fut remportée selon lui grâce aux nombreuses pressions portées sur l’institution fédérale, notamment de la part du MQF. Il a déploré le fait « qu’un avocat à Montréal doit se battre pour pouvoir plaider en français, alors qu’un avocat à Toronto peut facilement travailler en anglais ».
Le français et McGill, un autre débat non résolu
Comment les universités anglophones au Québec sont-elles perçues par le MQF et les fervents partisans de la langue française ? Le Délit a demandé au président du MQF de s’exprimer sur la présence de grandes universités anglophones à Montréal telles McGill. « Nous ne nous opposons pas au financement d’universités anglophones par le gouvernement du Québec. Ce que nous voulons c’est que ce financement soit fait de façon équitable ». Selon Mario Beaulieu, les universités anglophones reçoivent trois fois plus de financement proportionnellement à leurs effectifs par rapport aux universités francophones.