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Wax Tailor s’invite au Québec

Quand la musique raconte une histoire

On connaissait le concept de l’histoire contée sur fond de musique ; Wax Tailor innove et nous offre un concert sur fond d’histoire. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Wax Tailor est l’un des rares DJ français à s’être fait un nom sur la scène hip-hop électronique internationale, avec un son unique empreint entre autres du trip-hop et de la musique noire américaine. Devenu célèbre après les deux albums Tales of the Forgotten Melodies en 2005 et Hope & Sorrow en 2007, il confirme son identité sonore avec Dusty Rainbow from the Dark, sorti le 10 septembre.

Mercredi dernier, à l’Astral, c’est tout un univers narratif et musical qui a été interprété autour de ce dernier album. Le spectacle commence avec la voix gutturale de Don McCorkindale (voix de la version radiophonique de la série The Avengers sur la BBC), racontant la mélancolie d’un jeune garçon. L’immersion dans l’imaginaire de l’enfant, apparaissant sur l’écran de la scène affublé de lunettes d’aviateur, se fait au rythme de divers petits clips aux thèmes variés, tous un peu sombre, tous très différents. De la pieuvre bleue diffusée sur le titre Time to go aux dessins urbains animés au son de Positively Inclined, une vidéo accompagne chaque titre, dont le style va du hip-hop U.S. classique à la pop sixties. Wax Tailor pose le fond musical en mixant exclusivement à partir d’extraits de vinyles.

À cela s’ajoutent la voix soul de Charlotte Savary et le flow entrainant du rappeur Mattic. Enfin, quatre instruments sont présents sur scène — un violon, un violoncelle, une flûte et une guitare — et donnent toujours plus de relief aux mélodies. La musique urbaine fonctionne bien avec la trame narrative et l’évasion dans le monde de l’enfance est quasi totale. C’est bien là qu’on reconnaît les vrais artistes. Bien loin des Sébastien Tellier et autres artistes arrogants de la scène électronique française, Wax Tailor est humblement positionné tout au fond derrière ses platines et crée à partir de rien un son riche et harmonieux tout en offrant un spectacle visuel impressionnant.

La formidable atmosphère onirique qui se dégage tout au long du concert n’est pas laissée au hasard ; Wax Tailor est un discret perfectionniste, et chaque détail est minutieusement orchestré afin d’obtenir un tel rendu. C’est peut-être ce qu’on peut lui reprocher : tout est tellement préparé au millimètre près que peu de place est laissée à la spontanéité. Quand on va voir un concert, on s’attend à un peu plus qu’à l’exacte retranscription de l’album studio. On veut voir l’artiste s’abandonner, improviser un peu ; or Wax Tailor sait parfaitement ce qu’il fait, et la voix du narrateur semble mettre une sorte de cadre au concert, empêchant tout écart. Cela dit, le rendu est tellement réussi qu’on ne peut pas vraiment lui en vouloir.


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