Internet, télévision,
Smartphones ; les individus d’aujourd’hui sont hyper-connectés. L’information est à la portée de tous et traverse la planète en un clin d’œil. N’importe qui peut saisir une image en passant avec son téléphone qui sera relayée partout dans le monde dans les minutes qui suivent. Des flux d’information circulent en permanence et sillonnent le globe, se noyant finalement eux-mêmes.Ce monde hyper-connecté, rêvé par les mondialistes et les internationalistes, par les individualistes tout comme les humanistes, a ses limites. Ce monde-cerveau, où les individus sont imaginés comme autant d’éléments de matière cérébrale connectés entre eux, se heurte à la réalité biologique du cerveau.
Le cerveau n’est pas qu’un amas de cellules individuelles interconnectées ; il est aussi un tout unifié avec un dessein commun : faire fonctionner le corps qu’il dirige.
Le cerveau-monde médiatique, tel qu’il a été façonné jusqu’ici, ne peut continuer à être viable.
À force de connections virtuelles, globales, déniées de fondement organique, les individus ne sont plus que cela : des individus, reliés entre eux par tout un tas de câbles enchevêtrés qui n’ont ni début, ni fin, ni aucune organisation précise. Ce cerveau-monde hyper-connecté flotte dans un néant créé par la dynamique autophage de la connexion permanente. Puisque tout est devenu information à la portée de n’importe quel quidam avec une caméra sur son téléphone et une connexion satellite/Internet, la notion même d’information est dénaturée.
Une déclaration de guerre et les photos de débauche d’une célébrité font le tour du monde à la même allure et par les mêmes voies.
Noyé dans ces torrents boueux d’information, les relations cybernétiques post-humaines se fraient tant bien que mal un chemin pour venir ranimer artificiellement un court instant les coquilles de plus en plus vides accrochées à leurs claviers et rivées à leurs écrans. Ces connexions, ce sont les 300 « amis » Facebook que tu n’as rencontré qu’une fois dans ta vie et que tu ne reverras peut-être jamais, ce sont ces anonymes avec qui tu « débats » sur Internet et avec qui tu ne partageras sûrement jamais un café ou une bière, et encore moins un échange poussé et signifiant. Ces fixs de connexion humaine que l’on vient chercher quotidiennement du bout d’un clic, comme des junkies grattant le fond d’un pochon, c’est ce qu’il nous reste dans un monde où, au nom du global et de l’ouverture, on s’est tourné vers tout le monde pour au final ne se retrouver en personne.
Bien sûr que le fait de pouvoir tout partager avec de parfaits étrangers à des vitesses phénoménales est profondément exaltant, mais c’est aussi un poison dangereux qui ronge les sociétés de l’intérieur. En poussant les individus à s’épanouir dans la toile globale, dans les connexions cybernétiques, on a facilité leur retrait progressif des relations organiques et du domaine local. Les sociétés, les communautés se décousent et sont aspirées dans le grand serpent autophage, l’ouroboros, du monde virtuel.
Pour la survie du monde et des sociétés en tant que masses organiques et non en tant qu’individus isolés, il faut se faire violence et s’extraire du cycle sans fin, dénaturant un peu plus la nature des individus et des connexions organiques à chaque passage.
Comme Guy Montag dans le roman Farenheit 451 il faut brûler ce qui nous empêche de continuer à nous épanouir et à fonctionner en tant qu’organisme, il faut étendre le domaine de la lutte.