Un accord reportant les coupes budgétaires et une hausse des impôts supposées entrer automatiquement en vigueur le 1er janvier 2013 a été approuvé, évitant aux États-Unis de s’écraser contre le « Mur Budgétaire ».
Récapitulation
Les origines de la crise remontent à 2001, année durant laquelle George W. Bush, alors président des États-Unis, fait approuver au Congrès un programme de réduction d’impôts de 1,7 milliards de dollars américains. Cette législation baisse le taux d’imposition pour toutes les tranches de revenus : les taux des tranches les plus basses passent de 15% a 10%, ceux des tranches les plus élevées de 39.6% a 35%, ce qui diminue les revenus gouvernementaux et donc le potentiel budgétaire. Cette mesure est toutefois temporaire, censée expirer au commencement de l’année 2011. Cependant, en 2010, un accord, passé avec l’appui du Congrès alors majoritairement républicain, recule l’échéance de deux ans de plus, jusqu’en janvier 2013.
L’histoire ne s’arrête pas là. En 2011, Barack Obama tente d’élever le plafond de la dette américaine de 2,1 trillions de dollars, augmentant ainsi la capacité d’endettement du pays, afin de s’attaquer au déficit monstrueux. Les Républicains dénoncent la mesure, préconisant à la place une cure d’austérité. Finalement, un compromis est atteint, et le plafond de la dette pourra augmenter jusqu’au 31 décembre 2012.
Le « Mur Budgétaire » c’est donc ce cocktail explosif englobant une hausse automatique des impôts pour tous les Américains et l’entrée en vigueur de coupes au niveau des budgets de politique intérieure et militaire.
Si cette combinaison de coupes et de hausses avait eu lieu faute d’une entente, les États-Unis aurait pu replonger en récession, selon les dires de nombreux économistes. Le Fond Monétaire International (FMI) a averti que les voisins immédiats des États-Unis, tels que le Mexique et le Canada, en auraient eux aussi considérablement soufferts.
Ils se sont mis d’accord, mais sur quoi ?
Cela faisait quelques semaines que l’administration Obama et le Congrès étaient en négociations avec pour but de s’accorder sur les mesures à prendre. Le projet d’entente trouvé in extremis maintient le taux d’imposition pour tous les ménages américains, mis à part les 2% les plus riches. En effet, les individus et ménages gagnant plus de 400 000 dollars et 450 000 dollars respectivement voient leur taux d’imposition revenir à 39.6%, le taux en vigueur en 2001. D’autres mesures censées expirer ont, elles, été remises à l’année prochaine, comme la fin des prestations de chômage ; « sans cette prolongation, deux millions d’Américains auraient perdu leurs prestations ce mois-ci », selon Radio-Canada.
Les coupes budgétaires, quant à elles, ont été repoussées jusqu’en mars, ce qui remet de nombreuses discussions concernant le budget à plus tard.
Et maintenant ?
En effet, les négociations ne s’arrêtent pas ici, puisqu’une nouvelle échéance a été annoncée : d’ici deux mois le plafond de la dette devra être relevé afin d’éviter aux États-Unis un défaut de paiement sur ses obligations. Seulement, cette fois-ci, Obama a averti qu’il refusera de négocier avec les Républicains : « Je négocierai sur beaucoup de choses, mais je ne débattrai pas encore avec le Congrès sur la nécessité d’acquitter les factures résultant des lois déjà adoptées ». Les membres Républicains du Congrès, eux, refusent l’accroissement de la limite d’emprunt si celle-ci n’est pas couplée avec une baisse des dépenses.
Malgré l’obtention d’un accord évitant le « Mur Budgétaire », on ne peut s’empêcher d’observer ce qu’il se passe de l’autre côté de la frontière avec un léger cynisme. Les solutions proposées offrent seulement une protection de l’économie américaine à court terme. Il est évident que des différences de fond entre Républicains et Démocrates concernant la fin de la crise ralentissent l’avancée du dossier concernant le déficit budgétaire. Les désaccords entre le Congrès et l’administration Obama ne s’arrêteront pas de sitôt, surtout à l’approche d’un enjeu de taille.