Je suis un joueur de soccer. Depuis 1996, je foule les terrains de manière régulière. J’ai évolué au côté de joueurs du monde entier : Français, Ghanéens, Américains, Australiens ou encore Brésiliens. J’ai rencontré des personnes inoubliables, et d’autres beaucoup moins intéressantes. J’ai vu des joueurs devenir des stars internationales, et d’autres tomber dans l’oubli. J’ai vu, au fil des années, l’évolution de la société au sein du microcosme sportif.
Mon parcours n’a rien d’exceptionnel. Il est applicable à tout sport collectif masculin. Le sport est quelque chose de profondément social. Il permet un remous culturel qui n’est visible nulle part ailleurs.
La diversité est donc sociale, mais également ethnique. Les différences n’existent plus lorsqu’il s’agit de défendre le même maillot ou de soutenir la même équipe.
Le sport est-il homophobe ?
Je suis cependant forcé d’apporter un bémol à ce tableau idyllique. Cette diversité n’est pas absolue. En plus de 16 ans passés sur les terrains, jamais je n’ai eu l’occasion d’évoluer au côté d’un joueur ouvertement homosexuel.
Depuis l’ouverture du débat sur le droit au mariage et à l’adoption pour les homosexuels le 29 janvier dernier, la controverse fait rage en France. L’agitation ne se retrouve pas que dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale, mais également dans les rues, puisque plusieurs centaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues de Paris, afin de défendre ce projet de loi ou au contraire, afin de protester contre.
La question soulève un véritable débat au sein de la société française. Elle nous rappelle qu’encore en 2013, l’homosexualité n’est toujours pas une évidence pour certains.
Le sport a quelque chose de profondément machiste. Les spectateurs veulent du contact, de la violence. Bref, tout ce qu’ils refusent d’assimiler à la culture gay. Dans les gradins, les propos homophobes sont communément admis lorsqu’il s’agit de critiquer un joueur qui ne semble pas suffisamment solide, pas suffisamment dur. Sur le terrain, il en est de même. L’intimidation verbale entre joueurs prend bien souvent une tournure homophobe.
Toujours un tabou ?
De plus, il est essentiel de souligner le manque d’exemples. Il s’agit là d’un cercle vicieux puisque les joueurs n’osent pas révéler leur orientation sexuelle, ne sachant pas à quelles réactions s’attendre.
Bien souvent, les joueurs homosexuels attendent la fin de leur carrière pour révéler leur orientation sexuelle. On peut notamment évoquer le joueur de football Wade Davis, qui, une fois sa carrière dans la Ligue Nationale de Football terminée, a décidé de révéler son homosexualité. Mais rares sont ceux à militer pour la cause homosexuelle durant leurs années d’activité. C’est cependant le cas du gallois Gareth Thomas, premier joueur de rugby à assumer publiquement son homosexualité en 2009.
On a néanmoins vu dans les dernières années certains joueurs hétérosexuels se positionner en faveur du mariage pour tous, c’est le cas de Brendon Ayanbadejo, récent vainqueur du Super Bowl avec les Ravens de Baltimore.
Ne pas en parler fait de cette question un tabou. Il est essentiel de créer le débat, de faire entrer la possibilité de voir un champion homosexuel dans les consciences. La peur n’existe pas, il s’agit simplement d’une incompréhension de ce que l’on ne connaît pas. Nous sommes en 2013, il est temps que les choses changent. ξ