Il semblerait que les médias établissent un lien entre les mouvements de résistance et le terrorisme. Alors que la croisade antiterroriste prend de l’ampleur dans le monde depuis 2001, l’UQAM accueillait le 5 novembre dernier la conférence « Qui est terroriste ?», une initiative conjointe du Réseau de la Commission populaire (RCP), du Projet Accompagnement Solidarité Colombie (PASC), de Tadamon!, du Comité de Solidarité Autochtone et de Certain Days. Premier à prendre la parole, Jared, représentant la Commission populaire, a insisté sur le fait que les discours anti-terroristes ont manifestement nuit aux immigrants, comme le prouve bien, selon lui, les nouvelles mesures de sécurité anti-terroristes à l’aéroport, qui importunent surtout les immigrants. De nombreux discours ont été prononcés de la part de représentants politiques à travers le monde, qui traitent des changements législatifs à entreprendre pour lutter contre le terrorisme. Or, la sécurité nationale est maintenant assimilée uniquement au terrorisme, alors qu’elle inclut bien d’autres sujets pour la sécurité du pays, selon Jared. Ainsi, des mouvements de libération sont l’objet des nouvelles mesures sévères contre le terrorisme, alors qu’ils n’ont rien à voir avec cela : « De nombreux immigrants font l’objet de mesures antiterroristes parce qu’ils ont été liés a des mouvements de libération nationale, [ils sont] associés au terrorisme, alors qu’ils ne font que se battre pour l’indépendance de leur pays ! », martèle le représentant de la Commission.
Selon Hélène, représentante de Certain Days, un groupe voué à la libération des prisonniers politiques, de trop nombreux groupes, comme le Black Panther Party, sont ciblés par des organismes comme le CoIntelPro (Counter Intelligence program) pour « activités terroristes ». Si ce groupe est surtout connu du public pour sa lutte armée pour le respect des droits des Afro-Américains, on occulte souvent les cliniques gratuites et autres services communautaires dont il est à l’origine. « L’étiquette de terroriste a été apposée à des mouvements armés dans le contexte d’une résistance efficace, qui posait un défi au pourvoir de l’État américain », affirme Hélène, qui juge que cette étiquette a d’ailleurs été apposée trop souvent et ce, pas seulement aux États-Unis. Cette répression des groupes militants a plutôt libre cours chez nos voisins du sud depuis la création du Patriot Act, adopté en réponse aux attentats du 11 septembre 2001. Poussant la réflexion plus loin, Marina, représentante du Comité de la Solidarité Autochtone de Montréal, a fait remarquer que ces politiques anti-terroristes n’affectaient pas seulement les immigrants ou les mouvement militants, mais aussi les peuples indigènes, en particulier du Canada : « Divide and conquer !, voila leur stratégie », s’est-elle exclamée, en référence à la manière dont les droits des Autochtones ont été brimés au pays. Le thème récurrent du conflit israélo- palestinien a aussi été ramené sur la table, dans une dénonciation de la répression des groupes palestiniens luttant pour leur terre et accusés d’«activité terroriste ». Selon Tadamon!, les Palestiniens ont fait la grève comme moyen de lutte passive pour exprimer leur mécontentement face à la construction du mur d’Apartheid, et la répression des Israéliens a été complètement démesurée (il y a eu plusieurs morts et blessés) par rapport aux moyens de pression utilisés. Des photos choquantes viennent illustrer les résultats de cette politique « anti-terroriste » visant, selon Tadamon!, les individus et les rassemblements de Palestiniens. « C’est une politique qui vise des individus de façon très agressive, de façon à en faire des exemples », déplore le groupe.
Si la conférence n’a pas apporté pas de réponse concrète à la question complexe qu’elle ose lancer, « Qui est terroriste ? », elle a certainement permis de faire réfléchir l’audience quant à l’utilisation politique du terme par les États et médias afin de cibler des groupes militants aux activités dérangeantes.