Tandis que Jean Charest, alors premier ministre du Québec, annonçait en mars 2010 qu’il allait implanter l’anglais intensif pour la dernière année du primaire, c’est une annonce très semblable que fait Marie Malavoy, Ministre de l’Éducation du Loisir et du Sport, en conservant cette mesure tout en laissant à chaque établissement la liberté de prendre la décision. Cette annonce a de quoi surprendre, surtout quand on sait que le nouveau gouvernement péquiste avait promis de renforcer l’application de la loi 101 et de mettre un frein à l’implantation du programme intensif afin de mettre l’accent sur les cours d’histoire.
Plusieurs groupes ont fait entendre leur voix dans les dernières semaines afin de montrer leur désaccord avec cette mesure qui, selon eux, mettrait en péril la situation des francophones à l’intérieur du Canada.
Impératif Français, un organisme culturel québécois de défense et de promotion de la langue française, insiste sur le fait que les québécois ont déjà un niveau de bilinguisme beaucoup plus avancé que dans n’importe quel autre province canadienne, et qu’il en est de même si l’on se compare aux francophones européens.
Pourtant, dit Jean-Paul Perreault, son président, dans une lettre publiée sur CNW Telbec, « on ne parle pas pour autant de manque d’ouverture chez nos compatriotes unilingues anglais ». De même, l’anglais prédomine toujours au Québec dans les milieux du travail, et M, Perreault dénonce le fait que l’État québécois ne soit pas là pour « s’assurer que tous les francophones puissent travailler et vivre dans leur langue, posséder leur économie, encadrer les entreprises étrangères sur son sol, s’assurer que les Anglo-québécois soient capables de travailler en français, et s’assurer une sélection de candidats à l’immigration favorable à une intégration réussie à la majorité francophone ».
De leur côté, des groupes comme Génération Nationale, nouveau parti politique provincial qui se veut souverainiste conservateur, accuse le gouvernement Marois de déléguer ce choix important en se débarrassant « de la responsabilité de ce dossier linguistique en plaidant pour la « liberté » de choix de chaque école ».
Partant des prémisses stipulant que les parents et citoyens n’ont pas été consultés, que la priorité doit être accordée au français, qu’il est important d’avoir une certaine considération pour le rythme de tous les enfants et qu’il faut être solidaire avec les enseignants, la Fédération des comités de parents du Québec, certaines commissions scolaires et syndicats professoraux, ainsi que des partis politiques tels que Génération Nationale, se sont donc regroupés sous la bannière des Citoyens pour un moratoire sur l’anglais intensif au primaire.
Face à ces échos défavorables au projet de loi, le gouvernement Marois a décidé de repousser l’échéance de 2015 qui avait été échue par le précédent gouvernement libéral. Aurons-nous donc droit à des consultations telles que le demande le rassemblement des citoyens ? Un recul total quant à la question ? Seuls les prochains mois et débats sauront nous le dire.