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Coupe-moi ce cauchemar

McGill utilise des fonds absents de ses coffres et se retrouve en déficit budgétaire.

Les étudiants de McGill ont reçu, vendredi dernier, un message du Doyen de la Faculté des Arts, Christopher Manfredi, leur donnant accès au blog de l’Université McGill. The Red Blog a, entre autres, permis au Vice-principal exécutif Anthony C. Masi de s’exprimer à propos des coupes gouvernementales dans le budget dédié à l’éducation supérieure. Le problème majeur, selon lui, est que l’annulation de la hausse et, ensuite, les coupes budgétaires, se sont officialisées alors que l’année fiscale était déjà bien avancée. Effectivement, les coupes gouvernementales sont miraculeusement apparues alors qu’il ne restait plus que 90 jours à l’année fiscale de l’université.
Quand on y réfléchit bien, il y a pourtant certaines incohérences dans ce discours. L’administration de McGill était-elle certaine de la validité de la hausse et de son maintien au point de décider de l’inclure dans son budget, le 1er mai 2012, au plus fort de la grève étudiante ?
Il semble bien que oui. Pourtant mal leur en a fait car cet argent, qu’ils avaient malencontreusement déjà dépensé lorsque l’annonce officielle du retrait est venue, ne s’est jamais retrouvé dans leurs coffres. Comment expliquer que les autres universités, elles, avaient décidé d’attendre le dénouement de l’affaire, que la vigueur et la persévérance étudiantes avait fait douter ? Voilà McGill dans de beaux draps.
Monsieur C. Masi a aussi profité de sa publication sur le blog pour inviter la communauté mcgilloise à venir assister au Town Hall qui se tenait les 11 et 12 février dernier afin de venir discuter de la situation. Il a aussi encouragé les commentaires sur le blog afin de recueillir les opinions sur la question. Nombreux sont ceux qui ont promptement répondu à son appel. David Wees, conférencier au département de sciences végétales, était de ceux-là, se faisant un devoir de rapporter les propositions faites lors des deux rencontres dans la section commentaires. Dans celle-ci, nous pouvons retrouver un gel des embauches, des licenciements, le gel des salaires ou encore des coupes salariales.
Ces propositions ont fait réagir McGill University Non-Academic Certified Association (MUNACA) qui a tenu à rappeler, dans un mémo envoyé à tous ses membres, que les coupes et gels salariaux ne pouvaient avoir lieu sans la réouverture de leur convention collective, chose qui n’arrivera pas à moins d’avoir l’approbation de la majorité de ses membres. Il est aussi important d’attirer l’attention sur les problèmes que peuvent causer des mesures telles que le gel des embauches qui crée une disparité entre les départements. Petite mise en situation proposée par Monsieur Wees : imaginez que dans un petit département, quatre professeurs prennent leur retraite à l’automne prochain alors que ce n’est pas le cas dans les autres départements. Celui-ci fera-t-il les frais de la mesure, au profit des autres départements ? Sera-t-il peut être voué à la disparition parce que l’université refuse d’embaucher de nouveaux professeurs permettant d’assurer sa survie ?
D’autre suggestions ont été faites lors du Town Hall, telle qu’une diminution de la température maintenue dans l’université de 19 à 18,5° C, ou encore de ne tout simplement pas accepter les coupures. D’autre ont fait des propositions un peu plus sérieuses.
Faisant la constatation  que la majorité des professeurs n’ont vu leur salaire augmenter que de 25% dans les 10 dernières années, alors qu’une petite majorité a vu le sien augmenter de 200%, un certain John a suggéré, dans les commentaires du blog, de considérer revoir les salaires des hauts fonctionnaires mcgillois. Espérons que les préoccupations de John seront bien entendues.
Pour l’instant, il s’agit encore de simples propositions, mais rappelons-nous que, comme l’a si bien dit Michael Di Grappa, le Vice-principal à l’administration et aux finances de McGill, dans sa propre publication sur le Red Blog : « la planification pour cette année – sans penser au futur – est un réel cauchemar dans un contexte qui n’a cessé de changer depuis le printemps dernier ».


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