L’organisation Cité Sans Frontières a décidé de se faire entendre le 20 février dernier. Elle dénonce le fait que les enfants sans-papiers résidant à Montréal n’aient pas accès à une école, donc à une éducation décente.
« Solidarité, avec les sans-papiers ! » Le slogan est scandé à de multiples reprises lors de la manifestation devant la Commission Scolaire de Montréal (CSDM).
Pour un membre impliqué dans cette opération qui souhaite rester anonyme, « le simple statut de sans-papiers ne devrait pas exister ; c’est une attaque à la dignité humaine ». À ses yeux, il faudrait applaudir « l’acte courageux [des immigrants] qui viennent au Québec » plutôt que de les « criminaliser ». Avec l’aliénation actuelle, les nouveaux venus ont peur du système et décident de rester loin des institutions de l’État.
Le représentant du Conseil Central du Montréal Métropolitain (CCMM), qui a affirmé soutenir le mouvement, résume bien la problématique : «[Il est] totalement inacceptable d’avoir des enfants qui n’ont pas accès à l’éducation ». Anise Lapalme, venue soutenir la cause, se dit quant à elle scandalisée par le fait que le Québec discrimine encore les enfants sans statut. « À la place d’aller à l’école, ils se font exploiter ; leur jeunesse est bafouée ».
Ces prises de position vont de pair avec la « Déclaration Pour une Cité Sans Frontières », où il est écrit que « tout le monde devrait avoir accès aux soins de santé, à l’éducation, au logement social […] peu importe son statut migratoire ». Il demande donc à tout organismes [sic] fournissant des services [de] ne jamais demander d’information à propos du statut d’immigration, [ou alors de les] traiter de façon extrêmement confidentielle ».
Déjà plusieurs provinces canadiennes, dont l’Ontario, acceptent des élèves sans statut dans leurs écoles, tout en suivant une politique de non connivence avec le ministère de l’Immigration – qui est le « pire ennemi » des immigrants. La Californie ainsi que le Texas ont, eux aussi, fait les premiers pas.
Pourquoi pas le Québec ?
« C’est en partie de l’ignorance […] les commissaires ne comprennent pas l’urgence du problème », annonce la porte-parole de l’organisation.
La CSDM soutient pourtant la revendication, indiquant par courriel au Délit qu’elle croit « que les enfants ont droit à l’éducation, peu importe le statut de leurs parents ». Le président de la Commission, Daniel Duranleau, a ajouté lors d’une entrevue avec Le Délit que « les derniers verrous vont bientôt sauter, le gouvernement n’a rien à gagner à ce que cette injustice perdure ».
Cependant, pour que les études « comptent », chaque élève doit être muni d’un code permanent afin d’obtenir des diplômes, code seulement accordé lors d’une déclaration des revenus de la part des parents. Devant l’impossibilité de la chose pour les immigrants, Monsieur Duranleau a parlé à l’unisson avec Cité Sans Frontières : « Il faudrait par exemple un code permanent temporaire, non lié au ministère de l’Immigration. » Il insiste cependant sur le fait que « le changement ne peut venir que du ministère ».
Déjà la Commission et l’association se sont rencontrées trois fois dans les derniers mois, pour discuter des problématiques en détails. D’autres rencontres sont prévues très bientôt, selon le président de la CSDM.
Pour le protestataire, cité plus haut, la Commission a le pouvoir de déposer « une résolution symbolique » qui, si elle n’a aucune valeur pratique, devra néanmoins être traitée par Marie Malavoy, ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport. Il faut faire en sorte que « la question économique ne vienne pas avant les droits fondamentaux humains », lance la porte-parole.
Si la situation semble se développer pour le mieux, Cité Sans Frontières a encore beaucoup de travail de son côté, mais aussi avec la CSDM. Dans l’espoir d’une bonne nouvelle, une nouvelle manifestation est organisée le 27 mars prochain.