Jacques Audiard est un réalisateur surprenant, et son dernier film, De rouille et de d’os, ne fait pas exception. Le scénario de ce long-métrage en laisse plusieurs perplexes. Cependant, lorsequr l’on s’y attarde un peu plus, on découvre une histoire déchirante qui nous amène à nous poser plusieurs questions sur la condition humaine et sur notre façon d’apprécier la vie.
De rouille et d’os raconte l’histoire de Stéphanie (Marion Cotillard), une dresseuse d’orques, et d’Ali (Matthias Shoenaerts), un jeune père ne sachant plus trop quoi faire de sa vie. Leur relation se complexifie à la suite d’un accident de travail qui priva Stéphanie de l’usage de ses jambes. Ali se découvre une passion pour le combat de rue et entraine le spectateur dans de sombres affaires. Le film présente une réflexion intéressante sur la guérison ainsi que sur les choix auxquels il est difficile de faire face. Le scénario est une adaptation libre du recueil de nouvelles Rust and Bone du canadien Craig Davidson. Ce long-métrage change de ce qu’on connaît d’Audiard qui joue beaucoup sur le suspense, l’anxiété et la violence. Le réalisateur amène ici ces thèmes avec une finesse et une délicatesse surprenante. On sent clairement une recherche ainsi qu’un profond questionnement derrière les dialogues. Il est également impossible de ne pas faire mention de l’excellente performance des acteurs principaux, Marion Cotillard et Matthias Shoenaerts, qui nous permettent de croire à cette histoire et de sentir toute la douleur et la confusion éprouvées par les protagonistes. Pour couronner le tout, la direction photo nous propose des images et des cadrages bien réfléchis, très esthétiques et très suggestifs qui complètent l’expérience
Malgré tous ces points positifs, le film est passé relativement inaperçu de public ainsi que de la critique lors du Festival de Cannes de 2012. Certaines séquences sont longues et ralentissent le rythme du montage. Quelques éléments du scénario auraient également pu être retirés puisqu’ils ralentissent le cours de l’histoire, notamment certains passages de la vie d’Ali. Il faut aussi mentionner que si la différence de style avec les films antérieurs de Jacques Audiard a plu à plusieurs personnes, d’autres pourraient être légèrement déçues en voyant le changement de ton dans sa réalisation.
De rouille et d’os est le sixième film réalisé par Jacques Audiard, qui a une très longue carrière de scénariste. Son film précédent, Un prophète, avait d’ailleurs remporté le grand prix du jury au Festival de Cannes en 2009. Audiard est un joueur très important du cinéma français depuis plusieurs années, mais c’est avec son film De battre mon cœur s’est arrêté qu’il a gagné ses lettres de noblesses en tant que réalisateur. Toutefois, son dernier film, semble être passé un peu plus sous les radars. Ce film présente malgré tout une histoire et un questionnement pertinent et il mérite amplement l’attention du public. De rouilles et d’os sortira en DVD au Québec le 19 mars. Jacques Audiard reste fidèle à lui-même et n’a pas peur d’aller dans les tabous et de tout montrer du changement brutal que subissent les personnes amputées. Il prouve encore une fois son talent incontestable et l’on attend déjà son prochain film avec impatience.