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C’est T.r.a.s.h.

Ma machine à laver saurait mieux danser.

Ernest Potters

T.r.a.s.h.: ce n’est pas que le nom du collectif de danse qui montait sur scène du 5 au 9 mars à la Place des Arts, c’est aussi le mot qui décrit le mieux l’expérience que nous ont fait vivre les danseurs lorsqu’ils sont montés sur scène. La compagnie, qui se décrit comme un « carrefour de disciplines artistiques » qui « rompt avec les formes traditionnelles du théâtre et de la danse », présentait deux pièces d’une trentaine de minutes : Enchanted room et T†Bernadette.

La première pièce, tel que l’explique la chorégraphe Kristen van Issum dans la discussion suivant la représentation, est inspirée d’une plus grande pièce qu’elle a composée il y a près d’un an : Disorderly Conduct. Les deux danseurs évoluent sur une scène presque vide à l’exception de trois pommiers aux branches dénudées. Alternant phrases incohérentes et mouvements de pantins disloqués, ils sont supposés exposer le paradoxe de la condition humaine. Il est cependant très difficile de suivre l’histoire de ceux qui incarnent un frère et une sœur à la recherche de la terre promise. Joss Carter, l’interprète masculin, tend à exagérer tellement ses mouvements et à crier si fort ses répliques qu’il devient impossible de déterminer si une structure se tient vraiment derrière son interprétation. Oona Doherty semble pour sa part beaucoup plus en contrôle. Son jeu d’actrice, bien qu’exagéré, est beaucoup plus crédible et ses mouvements, quoi que désarticulés, démontrent une très grande maîtrise de son corps. Elle joint magnifiquement danse et théâtre à un chant enfantin et parfois troublant.

Ce sont les deux même danseurs qui reviennent sur scène après l’entracte afin de présenter la seconde pièce. Celle-ci délaisse quelque peu le théâtre pour se concentrer sur la danse. Bien que l’ambiance semble changée, la gestuelle, quant à elle, n’est pas très différente. Kristen Van Issum explique que cette ressemblance vient du fait qu’elle appuie son travail majoritairement sur le background des danseurs et sur leur gestuelle naturelle. Cette fois-ci, les danseurs se lancent dans un travail de partenaire beaucoup plus élaboré et effectuent un travail remarquable dans l’utilisation du seul élément de décors présent sur la scène : une machine à laver. Encore une fois, cependant, la compréhension laisse à désirer, mais avons-nous besoin de comprendre pour apprécier ?

Malgré tout, il ressort du spectacle une ambiance sonore impressionnante. En effet, dans les deux cas, les musiciens se trouvent directement sur scène et participent autant au spectacle que les danseurs. Dans Enchanted room, deux chanteurs, une soprano et un baryton nous enchantent avec une improvisation structurée. Cet a cappella, auquel se joignent rires et grincements de dents, y est pour beaucoup dans l’environnement mystérieux et inquiétant qui émane de la performance.

C’est finalement l’utilisation des costumes qui est le plus impressionnant. Bien qu’il soit presque impossible de définir la signification de ces changements constants, les danseurs changent de costumes au fur et à mesure qu’ils se déplacent. Allant d’une nudité presque totale à une robe de bal, du maillot de corps à la robe de chambre, les danseurs utilisent leur accoutrement afin d’enrichir leur style d’une manière originale et surprenante.


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