En 1763, la Couronne britannique introduisait le serment du Test au Québec. Afin d’accéder à la fonction publique, le Canadien français devait renier sa foi catholique. Il y a des peuples qui reproduisent les souffrances qu’on leur a fait endurer.
Le gouvernement péquiste dépose cet automne son projet de Charte des valeurs québécoises. Si ce projet de loi est adopté, l’accès à la fonction publique sera refusé aux individus portant des signes religieux. La société québécoise reproduirait ainsi les mêmes effets que le serment du Test. Elle créerait deux classes de citoyens, discréditant celui qui souhaite vivre sa religion.
Parce qu’il faut se l’avouer, un bon nombre de ces immigrants, qui semblent problématiques pour notre gouvernement, ne retireront pas leurs signes religieux. Ils ont fui la discrimination religieuse de leur pays d’origine : le juif d’Europe, le sikh d’Inde ou la musulmane de Turquie. Ils habitent le Québec pour vivre leur religion, une liberté qu’ils n’avaient pas antérieurement. Le juif ne retirera pas sa kippa, le sikh son turban ou la musulmane, son voile. On n’enlève pas si facilement une part de son identité. Ils devront donc quitter leur emploi. Une belle épuration de la fonction publique québécoise. Curieuse façon de bâtir un pays.
Face à des hommes croyants refusant de discuter avec une policière simplement parce qu’elle est une femme, le public québécois s’estvindigné, et avec raison. Or, il propose maintenant de systématiser l’intolérance sur le plan religieux. On refusera l’intervention d’un policier portant une kippa parce que la liberté de religion a pris le bord avec le rejet du catholicisme lors de la Révolution tranquille. Comme l’indiquaient Gérard Bouchard et Charles Taylor dans leur rapport « Fonder l’aveni : Le temps de la conciliation », « le danger, c’est de retourner contre l’ensemble des religions le sentiment d’hostilité hérité du passé catholique.
Dans une société libre et démocratique, l’État représente la collectivité, une pluralité d’individus. L’État doit permettre au citoyen de vivre en liberté plutôt que de lui imposer sa vision. Au regard de la religion, l’État doit se positionner en neutralité, comme agnostique, en respectant la diversité des croyances avec égalité. Il doit être un exemple de tolérance. Pour un État, engager un secrétaire portant une kippa pour sa compétence, c’est prouver son engagement à un des principes fondamentaux de la démocrati : l’acceptation de tous comme égaux. L’État est une pluralité d’individus avec leurs propres opinions. Il doit se représenter comme tel.
La face de l’État s’homogénéise, se stérilise quand l’on renvoie une technicienne de laboratoire et une releveuse de compte d’Hydro-Québee parce qu’elles portent le voile. La fonction publique serait affectée en profondeur en rejetant ces croyants. Pourtant, une éducatrice de CPE portant un voile, un professeur portant une kippa ou un éboueur portant une croixt représentent la réalité sociale du Québec. Leur contact avec le public a le potentiel de renforcer l’ouverture d’esprit de notre population;acela, seulement, si le gouvernement actuel n’impose pas sa propre croyance selon laquelle toute religion visible est une maladie. Ce gouvernement s’illustre comme un exemple d’intolérance.
En plus de brimer l’individu, le Parti Québécois croit-il vraiment qu’il s’attaquera, ne serait-ce qu’à un seul des enjeux concernant l’inégalité homme-femme propre à certaines cultures religieuses via cette nouvelle Charte ? À ce niveau-là, il s’agira d’une mesure superficielle qui balayera, avec le reste de la poussière, le voile de la musulmane sous le tapis. Plutôt que d’aider ces femmes obligées par leur famille à porter le voile, le Parti Québécois propose simplement d’ignorer l’existence de femmes voilées, de les ostraciser, brimant par la bande la liberté de réelles croyantes.
Au final, le Parti Québécois propose un réel rejet des valeurs québécoises. Un rejet de la liberté de religion cristallisée dans la Charte des droits et libertés de la personne du Québec. Espérons que le Parti Québécois, comme à son habitude, va reculer.