Le centre de créativité du Gesù, situé au coin de la rue Saint-Catherine et de la rue Bleury, accueillait, le 11 septembre 2013, un concert présenté par des organisations et artistes chiliens de Montréal. Ce spectacle musical était une commémoration des quarante ans du coup d’État au Chili. Ce putsch a mené à la mort du président alors en fonction : Salvador Allende. Ainsi, une partie de la communauté latino-américaine de Montréal, ce soir-là une centaine d’individus, se sont réunis pour écouter des musiciens chiliens interpréter des classiques musicaux de leur pays. Instruments et costumes typiques étaient au rendez-vous.
11 septembre 1973
Le 11 septembre ne marque pas uniquement l’attentat du World Trade Center et l’effondrement des tours jumelles. Il y a quarante ans exactement, le 11 septembre 1973, le général Pinochet entreprend un coup d’État au Chili et s’empare du pouvoir par la force. Il est alors aidé de l’armée, mais également soutenu par le gouvernement de Nixon. Le renversement du président socialiste Allende, élu démocratiquement, signe ce jour-là le début d’une dictature sanglante qui durera dix-sept longues années. Ses débuts à la présidence du Chili laissent déjà présager une fin chaotique. À peine élu, il est haï de la droite pour son idéologie et de l’extrême gauche qui désavoue le procédé électoral en contradiction avec l’idéal révolutionnaire. Cette hostilité politique se conjugue par la suite à une crise économique et sociale à laquelle les États-Unis participent gracieusement en finançant les grèves des camionneurs. Dans ces conditions, Salvador Allende a peu de chance de mener à bien ses projets de « socialisme intégral, scientifique et marxiste ». La suite des événements est tristement célèbre : le Président refuse de céder aux pressions des militaires qui, l’arme au poing, le contraignent à la démission. La raison de sa mort demeure toujours floue. Une version dit qu’Allende a prononcé un ultime discours pour ensuite se suicider et se tirer deux balles dans le crâne, le canon du fusil placé entre ses jambes. Une autre avance qu’Allende a été assasiné par ses opposants. Au final, Pinochet réussit son putsch, prend le pouvoir et instaure une dictature caractérisée par la torture, l’exécution et la disparition de citoyens chiliens.
Le Chili aujourd’hui
L’héritage de Pinochet est toujours lourd et très présent au Chili. Aux plus âgés, le Général a légué le douloureux souvenir d’une ère de crimes et de violations des droits humains. Aux plus jeunes, il a légué un système éducatif qui répond aux lois du marché. Comme les rapports de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) le montrent, les frais de scolarité chiliens, lorsqu’ils sont rapportés au coût de la vie dans le pays, s’avèrent être les plus chers des pays membres de l’OCDE. Les étudiants n’ont pas d’autre choix que de contracter des dettes astronomiques pour accéder à un enseignement, qui plus est de pauvre qualité. Toujours selon les données de l’OCDE, la politique ultra-libérale du dictateur a certes permis à l’économie chilienne d’être la plus compétitive de la région, mais cela s’est fait aux dépens de la justice sociale. Tout comme l’économie, la pauvreté et les inégalités sont en pleine croissance.
L’éducation aux élections
À l’approche des élections présidentielles du 17 novembre, une nouvelle vague de manifestations étudiantes vient rappeler aux candidats qu’une réforme de l’éducation est cruciale. L’ampleur de la mobilisation fait du système éducatif un thème central de la campagne électorale nationale. La candidate socialiste, Michelle Bachelet, qui affrontera la candidate conservatrice Evelyn Matthei, a d’ores et déjà déclaré qu’elle prendrait des mesures aboutissant, sous six ans au plus, à la gratuité scolaire.
Comme l’explique lors de l’entracte du concert Zaida Nuñez, vice-présidente de la fondation Salvador Allende de Montréal : « L’important pour étudier, c’est d’avoir un cerveau et de la motivation, pas de l’argent. » Une réforme du système d’éducation permettrait au Chili d’accéder à l’enseignement sans discrimination financière.