Lomepal (rappeur) et Meyso (beatmaker) se sont récemment associés pour donner naissance au projet Cette Foutue Perle. Les deux rappeurs se sont rendus à Montréal pour présenter leur œuvre au Cabaret Underworld. Le Délit a eu la chance de les interviewer.
Le Délit : Pouvez-vous vous présenter brièvement ?
Lomepal : Lomepal.
Meyso : C’est très bref, c’est bien (rires). Moi, Meyso, DJ, beatmaker, à temps partiel.
L : Lomepal, rappeur parisien du XIIIème arrondissement.
LD : Vous avez sorti le 9 septembre un projet commun intitulé Cette Foutue Perle. Pourquoi Cette Foutue Perle ?
L : C’est parce qu’il y a un jeu de mots avec « sept jours sur sept ». C’est uniquement pour ça. En fait, j’étais en train d’écrire un titre sur une instrumentale de Meyso. J’avais écrit « sept jours sur sept » et j’ai trouvé une analogie avec « cette foutue perle ». On a trouvé que c’était un délire marrant et que ça résumait bien l’esprit du projet.
LD : Sachant que vous travaillez à deux, quelle est votre démarche pour construire un morceau ?
L : Il faut que l’un des deux produise un peu de matière, l’autre s’en inspire pour produire de la matière aussi, ça se fait à cheval, comme ça.
M : Parfois je lui envoie une « instru » déjà faite, mais sans variations, s’il kiffe la boucle je la travaille un peu plus, il écrit ses textes et puis on fait des arrangements. J’essaie de faire ressortir le côté rythmique de son texte. Lui, il va peut-être vouloir mettre en valeur certains mots, du coup il va demander à ce que je coupe à un certain moment. Ce travail-là, on le fait vraiment ensemble.
LD : Selon vous, avez-vous réussi à développer un style, une identité qui vous est propre ?
M : Pas d’identité, forcément. Moi je fais ce que j’aime. Après, tout ce que je fais ne ressemble pas forcément à ce que je fais avec Lomepal.
L : Je n’essaie pas de me créer un personnage, j’essaie de faire les choses dans le sens où je veux aller. Après, est-ce que ça crée une sorte de couleur ou est-ce qu’on peut reconnaître un morceau à moi tout de suite, c’est un peu aux autres de me le dire.
LD : Pouvez-vous chacun nommer votre titre favori de l’album et expliquer les raisons de votre choix ?
L : Moi c’est Roule. Parce qu’on l’a fait en dernier, les autres m’ont peut-être saoulé avec le temps, on a travaillé longtemps sur le projet. Ce que j’aime bien avec Roule, c’est qu’on l’a faite en quelques jours. Ça s’est fait sur un voyage à Bruxelles d’un jour ou deux. Dans la voiture il a préparé l”«instru », il me l’a fait écouter, j’ai écrit le truc, on est arrivé en studio et j’ai posé le tout. La spontanéité du morceau fait que c’est celui que je préfère. L”«instru » a un côté western, ça fait un peu musique de film.
M : Moi, peut-être Coquillage. Encore un morceau qu’on a fait un peu dans l’urgence.
L : Coquillage c’était un texte que j’avais déjà écrit. J’ai demandé à Meyso qu’il fasse une « instru » dans un style un peu plage, tranquille, un peu lente. Il m’a fait ça et c’était pile ce que je cherchais.
LD : Lomepal, quelle relation entretiens-tu avec la langue française, tu parles notamment dans un morceau de « hobby » en évoquant l’écriture ?
L : Un hobby, oui, mais aussi une passion, je dis un hobby, mais c’est pour que ça rime aussi (rires). C’est une passion, je fais ça tout le temps en fait, j’écris tous les jours, j’écoute que ça, je passe ma vie à écouter du rap et à en écrire, c’est plus qu’un hobby.
LD : Meyso, considères-tu la musique comme un mode de communication aussi puissant que l’écriture ou l’image ?
M : Ouais carrément ! Je ne sais pas trop si ça peut se comparer. On dit souvent que ça fait danser les gens, mais ça peut faire totalement autre chose.
LD : Par exemple, quand j’écoute le titre Les Battements, j’ai tout de suite des images de Paris qui me viennent dans la tête, c’est assez visuel…
M : Je travaille plus sur les textures que sur les mélodies, je m’en fous un peu des mélodies. Quand on parle de texture, c’est toujours des couleurs, des machins…Je le trouvais un peu électrisant, parisien ce sample des Battements.
L : Quand il me l’a envoyé, il était un peu perplexe, moi j’ai accroché direct.
LD : Qu’est-ce que ça vous fait de voir des gens si enthousiastes par rapport à votre musique aussi loin de chez vous ?
L : Moi j’avais déjà rencontré des Québécois lors d’un festival à Liège, deux Québécois étaient venus nous parler, c’était la première fois que j’avais réalisé qu’il y avait peut-être des gens outre-atlantique qui nous écoutent.
LD : Est-ce que vous connaissez le rap québécois et est-ce que vous seriez prêt à collaborer avec des Québécois ?
L : Bien sûr ! Il y a des Québécois que j’écoute depuis très longtemps, par exemple Obia Le Chef que je voulais capter cette semaine. C’est un gars que j’ai bien écouté, sinon toute la clique de Casse-Croûte. Il y a quand même une scène québécoise que j’aime bien, même à travers les Word-Up. C’est cool, moi j’aime bien, ils ont un style bien à eux, et je ferais un morceau avec eux avec plaisir !