Comment regagner le pouvoir sur notre alimentation ? C’est la question que s’est posée la centaine de participants présents au rassemblement Convergence, organisé par Justice Alimentaire Montréal (JAM), le 4 octobre dernier.
Cette journée de réseautage s’est tenue à l’Agora des Sciences de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), et a accueilli des citoyens de tous horizons : étudiants, professeurs, entrepreneurs, agriculteurs et chercheurs. Lors de la première partie de la journée, consacrée à des présentations, des locuteurs ont abordé différentes problématiques portant sur les enjeux et les acteurs de notre système alimentaire, pour ensuite laisser la place à des discussions de groupe. Le concept de justice alimentaire est large et sujet à interprétation. Les enjeux soulevés abondent et touchent chacun de façon plus ou moins personnellement. C’est pourtant ce qui fait l’intérêt de JAM, tel que le répètent les facilitateurs durant les discussions : « on est là pour que chacun d’entre nous partage ce qui lui tient à cœur. »
L’initiative JAM, lancée par Hugo Martorell et Aaron Vansintjan en janvier 2013, alors étudiants à McGill, avait pour visée initiale de créer un groupe de recherche socialement impliqué, qu’ils qualifient de type « recherche-action ». Ils veulent que JAM « ne soit pas simplement académique, mais que [l’initiative] fasse le pont entre les universitaires et les communautés ». S’en suit un travail de réseautage qui a pour but de connecter les producteurs avec les chercheurs, impliquant une cinquantaine de différents groupes autour de Montréal. Tyler, étudiant mcgillois présent à la Convergence, explique au Délit que c’est justement cet aspect-là qui le séduit : « on cherche à institutionnaliser les connections entre les différentes organisations agricoles et le monde de la recherche. »
Pour Holly Dressel, professeure adjointe à la Faculté de l’Environnement de McGill et participante, il y a un manque de contact entre les populations rurales et urbaines, « entre ceux qui produisent la nourriture et ceux qui la mangent ». Selon elle, les agriculteurs au Québec sont trop peu nombreux pour rassembler suffisamment de soutien politique en leur faveur, et « c’est pour cela qu’il faut plus de militants urbains ». C’est ainsi que JAM représente pour elle un pas dans la bonne direction. D’un autre coté, la Convergence a permis à Josianne, représentante de la soupe populaire MutineRiz de l’Université de Montréal, d’apprendre sur les initiatives montréalaises liées à la souveraineté alimentaire, tout en partageant ses préoccupations et idées avec d’autres personnes tout aussi intéressées qu’elle.
En effet, Hugo Martorell explique au Délit que JAM est avant tout « une plateforme pour connecter des gens, ayant pour objectif de rassembler nos voix collectives, et co-créer de nouveaux projets, projets qui vont au-delà des barrières linguistiques, urbain-rurales, mais aussi des barrières entre universitaires, étudiants, agriculteurs et entrepreneurs ».
Les activités de l’après-midi évoluent dans cette même atmosphère avec le déroulement d’un forum ouvert, où les participants sont invités à se regrouper en petits groupes pour discuter de différentes thématiques qu’ils ont choisies eux-mêmes tout au long de la journée. On partage des idées sur la gestion des déchets, la politique municipale, la solidarité et le racisme structurel dans les systèmes alimentaires, l’accès à la terre… Les propositions de projets et solutions trouvées sont ensuite présentées à l’ensemble des gens présents. La Convergence de JAM ne s’arrête pas là : Hugo partage au Délit qu’il espère « que des projets sortiront de ces groupes de travail, qu’on aura les ressources pour créer une plateforme de collaboration et de communication, ce qui permettrait de démocratiser l’accès à l’information ».