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Ostensiblement en chantier

Enquête sur les constructions et la planification sur le campus de McGill.

Les constructions sont très visibles sur le campus du centre-ville de McGill depuis la rentrée universitaire. 63%des étudiants de McGill trouvent qu’il y a trop de constructions, selon un sondage* mené par le Délit.

Travaux en cours

En entrevue avec le Délit, Robert Stanley, le directeur de l’unité Gestion de projets de McGill, dit que « le nombre de projets de construction n’est pas inhabituel ». Il explique qu’entre 150 et 200 projets de constructions et de rénovations différents sont entrepris chaque année. Le coût de l’ensemble de ces projets pour l’université oscille entre 60 et 100 millions de dollars par an.

À l’heure actuelle, sept projets majeurs sont en cours sur le campus. Parmi ceux-ci, celui qui est le plus apparent est la reconstruction des toits terrasses des passages piétonniers des bibliothèques McLennan et Redpath, un projet de trois ans entrepris en trois étapes distinctes. Son coût est de 8.8 millions de dollars, et la dernière étape du projet sera achevée en novembre, selon Robert Stanley.

Un autre projet, moins visible mais tout aussi important, est le remplacement des fenêtres et la restauration de la maçonnerie du Pavillon Strathcona (anatomie et médecine dentaire). Des travaux préparatoires ont déjà été commencés, mais l’exécution finale du projet est suspendue en attendant le financement suffisant. Environ 35 millions de dollars sont nécessaires pour mener à terme le projet. Ce délai est selon Stanley « un bon exemple des conséquences du sous financement » dont souffre l’université.

Effritement financier

Selon Robert Stanley, le piètre état des infrastructures du campus est le reflet d’un manque d’investissements de la part du gouvernement du Québec. Ce dernier fournit la principale source de financement pour les projets de construction, de rénovation et d’infrastructure IT, sous la forme de subventions. Ce montant représente une somme d’environ 47 millions de dollars par an.

L’université reçoit aussi de l’argent provenant d’autres sources, telle que la Fondation Canadienne pour l’Innovation, et des dons privés pour des projets spécifiques. Toutefois, Stanley ajoute que « malgré cet investissement significatif, nous ne disposons que d’un tiers [du montant] qui est réellement nécessaire pour moderniser le campus et résoudre les problèmes d’entretien reportés à chaque année. Les bâtiments et l’infrastructure sur le campus s’effritent plus rapidement que ce que nous pouvons réparer ».

Et qu’en est-il des délais ?

Certains étudiants se demandent pourquoi la reconstruction du toit terrasse des bibliothèques Redpath et McLennan n’a pas été achevée avant le début de la rentrée. Julia, étudiante en quatrième année à McGill, dit en entrevue au Délit : « le passage piétonnier devant McLennan et Redpath est un des endroits les plus passants du campus, je croyais donc que les travaux devaient être faits cet été, lorsqu’il y avait moins d’étudiants sur le campus ».

Robert Stanley explique au Délit qu’il n’a jamais été question d’exécuter tous les travaux avant la rentrée : « nous avons beaucoup à faire et nombre de nos projets sont trop complexes pour être complétés dans une période d’été de quatre ou cinq mois ». Il ajoute qu’il faut parfois gérer des délais inattendus, citant comme exemple la grève de deux semaines dans l’industrie de la construction qui a mis en pause les projets de construction. « Nous faisons toujours de notre mieux pour ne pas perturber inutilement les activités normales de l’Université », conclut Robert Stanley.

Planifier le campus

Outre la construction sur le campus, la planification des espaces est aussi un enjeu important pour les étudiants de McGill, car cela affecte aussi la qualité de vie de chacun sur le campus.
La planification sur les campus de McGill relève du Bureau de planification des campus et des espaces (« Campus and space planning » en anglais, CSP).

84% des étudiants qui ont répondu au sondage du Délit aimeraient avoir un meilleur accès entre la bibliothèque McLennan et le lower field. Toutefois, Brian Karasick, planificateur principal du campus, explique au Délit que la construction d’un tel accès n’est pas dans les plans du CSP. « La création d’un escalier connectant directement [“lower field”] à la terrasse [de la bibliothèque] a été explorée lorsque le projet de réhabilitation de la terrasse a été développé », dit-il. Toutefois, le projet ne sera pas réalisé, car les planificateurs du campus craignent que la fonction « jeu » du terrain soit compromise par un nouvel accès, et que de nouveaux « chemins informels » se créent, ce qui détériorerait le terrain.

Un amphithéâtre extérieur

Le Three Bares park, l’espace vert où est organisé le traditionnel Open air pub à chaque rentrée, est beaucoup utilisé en début d’année scolaire, mais semble sous-utilisé le reste de l’année. Il est peu fréquent de voir des gens flâner au Three Bares Park par exemple, et rien ne s’y trouve pour attirer davantage les étudiants.

Brian Karasick reconnaît que « l’espace serait davantage utilisé s’il était amélioré ». Il précise toutefois que ce parc possède divers problèmes qui compliquent son utilisation : le mauvais drainage du parc qui rend la pelouse en mauvais état, ainsi que le piètre état de la fontaine du parc, qui laisse s’écouler l’eau. Brian Karasick explique que les fonds manquent pour revitaliser le Three Bares Park, mais que cet espace est sur la liste des priorités du Comité des jardins et du terrain. Radu Juster, architecte au CSP de McGill, explique au Délit qu’un projet est actuellement envisagé pour exploiter davantage l’espace : la construction d’un amphithéâtre extérieur, c’est-à-dire une scène qui serait dans le parc de façon permanente. La réalisation de ce projet devrait avoir lieu à l’été 2014.

Radu Juster, dit que pour organiser des événements à l’extérieur, il faut toujours demander une autorisation au CSP pour anticiper « les impacts sur le service de nettoyage, d’entretien ou de sécurité, pour voir s’il y  a des mesures à prendre ». Par exemple, pour organiser l’annuel Open air pub, il faut procéder à des mesures spéciales, comme l’installation de barrières autour du site comme il y a présence d’alcool.

Les deux grands projets réalisés par le CSP sont pour le moment la piétonisation de la rue McTavish et la réduction de la circulation automobile sur le campus. Toutefois, Brian Karasick explique que ces projets ne sont toujours pas complétés en raison du manque de budget. Le CSP tente tout de même d’agir « à échelle locale ». Quelques initiatives ont ainsi été prises dans l’optique d’améliorer la qualité de vie sur le campus : plus de potagers sur le campus, installation de potagers portables, plus d’endroits où s’asseoir, un meilleur éclairage sur le campus et une meilleure sécurité pour les piétons sur le campus. Ces projets sont élaborés avec la collaboration de divers comités de McGill, et certaines associations étudiantes sont également consultées, comme l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM).

 

*Le sondage a été fait suivant la méthode de l’échantillonnage volontaire auprès de 200 étudiants de McGill.


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