Peu nombreux sont ceux qui savent qu’il y a des preuves archéologiques autres que celles des colons français ou anglais sous nos pieds. En effet, des vestiges des nations iroquoises se trouvent sur le campus de McGill.
Parfois, des touristes curieux s’arrêtent devant la maison des Premières Nations de McGill située sur la rue Peel, l’attrapeur de rêves attirant leur attention. La roche « Hochelaga », située sur le campus en l’honneur de la présence d’ Iroquois d’autrefois, est le seul autre symbole sur le campus qui rend hommage aux Premières Nations d’hier et d’aujourd’hui.
Toutefois, comme l’explique au Délit Allan Vicaire, conseiller en éducation autochtone à McGill, il y a en ce moment un élan vers la revitalisation des cultures autochtones à McGill. En effet, des projets tels que la mise en oeuvre du premier programme d’études autochtones, la relocalisation de la roche « Hochelaga », ainsi que l’élaboration d’une reconnaissance formelle quant au territoire traditionnel, sont présentement entrepris par le « groupe de travail sur les affaires autochtones » et le « sous-comité sur les premières nations » de McGill.
Entre rêve et réalité
D’autres voient plus grand lorsqu’il s’agit de la valorisation de la culture autochtone. La construction d’une maison Iroquoienne, ou maison longue, qui représenterait l’héritage autochtone sur le campus, serait une bonne idée, selon Kakwiranó:ron Cook, coordonnateur et conseiller à la maison des Premières nations.
L’Université de la Colombie Britannique (UBC), elle, est passée à l’acte ; une maison longue y a été construite selon des traditions d’architecture autochtone. Celle-ci est ensuite devenue un espace de rencontres, de partage de connaissances et d’innovation. À McGill, y a‑t-il un lieu hypothétique pour une telle construction ? L’édifice de linguistiques qui sera bientôt démoli est une option proposée. Son remplacement pourrait donc, si on ose rêver, donner naissance à une histoire jamais terminée.
Le campus de McGill pourrait aussi lancer des « jardins autochtones » aux saveurs de maïs, courges et haricots, le tout selon des techniques d’agriculture traditionnelle. Kakwiranó:ron Cook propose qu’afin de réaliser cette idée à peine semée, les toits de la Maison des Premières Nations pourraient être utilisés. En effet, plusieurs tendances urbaines se dirigent vers cet axe de travail. Sur le campus ou en résidence privée, l’agriculture sur les toits a déjà bourgeonné, tels que la maison à effet de serre qui revêtit les toits de l’Université Concordia.
Place a la diversité !
Bien des symboles de l’université ornent le campus, comme la statue de James McGill et le drapeau mcgillois érigé sur la coupole du bâtiment des arts. Mais ne manque-t-il pas quelque chose à ce campus ? En effet, plusieurs millénaires de présence autochtone sont effacés du paysage du campus.
Selon James Gutman, étudiant en histoire et collaborateur dans la campagne Move the Hochelaga Rock (Déplacez la roche d’Hochelaga, ndlr), « le paysage du campus de McGill [veut] intentionnellement ressembler à celui de l’Europe d’antan. D’une manière passive, même involontaire, cela se passe au détriment de l’inclusion d’autres peuples, dont les Autochtones ».
Certaines initiatives, telles que l’exposition ainsi que la description de l’art des Premières nations sur le campus, pourraient avoir un effet positif, même éducatif, selon Tracey Proverbs, membre des Premières nations et étudiante en environnement à McGill.
En effet, mettre en avant la symbolique des Premières nations sur le campus est primordial, selon Kakwiranó:ron Cook. Par exemple, il ne peut s’imaginer un meilleur hommage aux peuples autochtones que la statue érigée au campus Loyola de l’Université Concordia. Elle représente un homme assermenté comme chef par une membre du clan ; celle-ci lui lit ses responsabilités dotée de son wampum – une ceinture traditionnelle sacrée.
« Autochtonisation » à McGill
Comme toute grande idée en tête, souligne Allan Vicaire, « nous devons prendre de petits pas et commencer par changer l’emplacement de la roche Hochelaga, entre autres ». Cette action, qui devrait se réaliser en 2014, mettra le cap vers l’avant, selon Kakwiranó:ron Cook. La roche sera déplacée près des « Roddick Gates ». Une cérémonie sera organisée, à laquelle assisteront des membres des Premières nations venant du tout Montréal et l’aîné Alex Sonny Diabo de McGill. De plus, ce changement coïncidera avec le lancement du programme d’études autochtones à McGill.
Il y a 5 ans, sur le campus de l’Université McGill, les projets actuellement en cours n’auraient jamais été possibles, avec un seul employé à la maison des Premières nations, comparé aux quatre d’aujourd’hui. Les initiatives et idées possibles semblent sans limite ; à voir si le temps permettra de passer du rêve à la réalité.