Depuis maintenant cinq semaines, aucune agression n’a été déclarée aux policiers du poste 22 du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) du Village gai de Montréal. Auparavant, dans la semaine précédant cette accalmie, pas moins de six attaques avaient été rapportées. Les citoyens se réjouissent donc du succès de l’augmentation du nombre de policiers les soirs de fin de semaine entre minuit et quatre heures du matin.
Le carré rose, organisation bénévole fondée le 14 décembre dernier en réponse aux agressions survenues, a ainsi décidé d’organiser une marche festive le 14 février sur Sainte-Catherine Est pour célébrer cette réussite, et encourager la vague de changements dont elle est l’initiative. C’est au bar Mado, à cinq minutes de la station Beaudry que l’événement démarre. Les objectifs formulés par le porte-parole du carré rose, Louis-Alain Robitaille, sont clairs : se réunir et faire pression sur les élus afin de contrer l’homophobie et l’insécurité dans le Village. Il explique que le mouvement s’est formé en réponse à une montée de violence qui nécessitait une solution rapide et efficace : « une victime de plus c’est une victime de trop. » Par exemple, un étudiant à HEC Montréal s’est déplacé en ce 14 février par solidarité envers certains de ses amis qui ont été victimes d’agressions physiques, de vol de voiture ou de cambriolage. Selon lui, il est important d’en parler et d’encourager les gens à déclarer les délits dont ils ont souffert.
Le nouveau maire de Montréal, Denis Coderre, est lui aussi venu soutenir le mouvement. Durant son discours, il insiste sur l’importance d’accroître la conscience collective. Il fait part de son engagement concernant les ennuis de la vie communautaire dans son ensemble, notamment les problèmes liés aux itinérants qui, selon certains manifestants, viennent trouver refuge au Village après avoir été exclus du centre-ville. Pour finir, il ouvre le débat sur l’installation de caméras de surveillance en assurant le maintien d’un juste milieu entre contrôle public et vie privée.
Les participants du mouvement craignent-ils l’augmentation du nombre de policiers et le projet d’installation de caméras de surveillance ? La peur de l’État policier et de l’atteinte à la vie privée est encore bien loin vu le niveau de surveillance présent et la quantité d’efforts qu’il reste à fournir, soutient Nathalie, citoyenne du Village. De plus, rappelle Louis-Alain Robitaille lors de son discours, pour l’instant le nombre d’heures de surveillance a seulement été augmenté de six heures par semaine, ce qui ne nuit pas à la liberté de la communauté.
De manière générale, les marcheurs présents sont des résidents du quartier qui se sont déplacés par solidarité, mais qui attendent aussi d’autres changements quant à l’avenir du Village. Ivan, un résident du quartier, raconte avec nostalgie la transformation à laquelle il a assisté ces dernières années. Depuis à peu près deux ans, une hausse de la délinquance a augmenté l’insécurité, ce qui a eu une répercussion inquiétante sur l’activité économique du secteur, explique-t-il en pointant un restaurant qui a maintenant fermé ses portes.
Bien que l’augmentation de la visibilité policière soit une réussite, le mouvement du carré rose ne voit pas cela comme l’unique solution au problème. Les 3800 membres de l’organisation se sentent aussi concernés par des problèmes de moyen et long terme. Ils ont pour objectif la collaboration avec des partenaires sociaux tels que la Société de développement commercial (SDC) ainsi que l’augmentation de leur budget pour obtenir des mesures dans une optique plus durable.
Peut-être qu’alors le Village redeviendra un lieu sécuritaire pour tous ? Les citoyens semblent en tout cas mobilisés pour soulever le débat et agir en conséquence.