Ce n’est même pas encore officiellement annoncé et pourtant le mot est sur toutes les lèvres : « élections ». Oui, on s’attend très (très) probablement à retourner aux urnes dans quelques semaines.
De toute façon, ce n’est un secret pour personne. On en parlait déjà à l’automne dernier, jusqu’à ce que la grande famille péquiste se retire au chalet pour décider qu’en fin de compte il n’y aurait pas d’élections tout de suite.
Mais, cette fois, c’est comme si on était déjà en pleine campagne. Les députés ne tiennent plus sur leurs sièges à l’Assemblée nationale. Chacun y va de son pronostic ; certains libéraux s’avouent même déjà vaincus, comme Henri-François Gautrin, député de Verdun, qui accorde bien volontiers la victoire au Parti Québécois (PQ). On lui aura demandé de calmer ses ardeurs : les élections ne sont même pas encore confirmées, après tout.
Mais on le sait, la route est pavée. Le ministre Marceau déposera jeudi prochain son deuxième budget : un budget « préélectoral », comme on l’entend partout dans les médias.
Déclencher des élections si vite, un an et demi après avoir été élu, c’est tout à fait normal pour un gouvernement minoritaire. Mais les élections à date fixe, ça n’était pas une idée du PQ, justement ? Ce n’est pas un cap qu’on devait franchir ? Principalement parce que pendant des années Jean Charest et les libéraux ont joué sur le système. C’est facile en effet de provoquer une élection, de « faire exprès » de ne pas trouver de compromis quand on sent qu’on est fort dans les sondages et qu’on pourrait passer majoritaire facilement.
Au final c’est bien malheureux, parce qu’en attendant on continuera d’éviter de parler des « vraies choses ». Quand on se met en « mode élections », on n’a plus le temps de débattre des vrais sujets, non ? On laisse tout ça pour après.
Certains projets de lois n’arriveront donc sûrement pas à bout avant les élections, notamment le très important projet sur les soins en fin de vie.
De ces un an et demi, qu’est-ce qu’on retiendra ? D’abord une victoire opportuniste, en pleine crise étudiante, alors que le PQ se présentait comme le parti qui allait changer les choses et apaiser les tensions. Deux ou trois coups de balais et on est passé à la suite. La suite c’était, pour résumer, une « Charte des valeurs », un document prétendument « urgent » pour l’avenir du Québec. Plus urgent que les hôpitaux, l’éducation, l’emploi..? Mais dans ces prochaines élections le PQ pourra bien uniquement jouer sur ce projet, qui lui a attiré des soutiens non négligeables d’une bonne partie de la population. Et puis personne au gouvernement n’ira se vanter à la place du bilan économique des derniers dix-huit mois.
De toute façon, en face il n’y a pas beaucoup d’opposition. S’il y a quelque chose que cette élection doit apporter de nouveau, ce sera peut-être le déclin de la Coalition Avenir Québec (CAQ). C’est tout.
À l’Assemblée nationale on s’active, donc. Les politiciens se préparent. Il faudra à nouveau débattre, convaincre, faire du porte-à-porte, trouver des « candidats-vedettes » : bref jouer le jeu classique d’une élection. Bizarrement c’est comme si seule la classe politique avait envie d’y jouer, à ce jeu-là. Peut-être parce que nous, les électeurs, on s’attendait à autre chose ? À un programme, un projet de société développé sur plusieurs années. Dans tous les cas on s’impliquera dans ces élections et on ira voter, bien sûr.