Dans le cadre de la semaine : « I‑week 2014 : McGill without borders », la nouvelle organisation étudiante de McGill Students for a free Tibet a offert à la communauté mcgilloise un moment de cohésion culturelle et de partage. Le jeudi 20 février dernier a eu lieu la conférence « Discover Tibet », ayant pour but de faire partager la culture tibétaine et d’éveiller les esprits aux enjeux politiques et socioculturels qui menacent la région actuellement.
La soirée était organisée autour de témoignages et de performances artistiques : des chants traditionnels tibétains et des démonstrations de danse Bharatanatyam. Malgré cet aspect festif et ce partage culturel, l’organisation Students for Free Tibet a souhaité aborder d’importantes questions concernant l’oppression actuelle du peuple tibétain par le gouvernement chinois. Ugen Wangchuk, jeune canadien d’origine tibétaine a pris la parole afin de rappeler aux personnes présentes que le Tibet est encore aujourd’hui sous la domination chinoise malgré un fort désir d’indépendance. Cela a comme résultat de créer d’importantes inégalités entre le peuple chinois et le peuple tibétain dont la culture est vouée à disparaître si on n’agit pas. Face à cette situation, la résistance n’est pas évidente, mais elle est tout de même existante. Lors de sa présentation, Ugen explique que cette résistance est axée autour de quatre variables clefs : l’implication de la jeunesse tibétaine, l’engagement avec la communauté internationale, la collaboration des divers gouvernements et la mise en place d’actions stratégiques concrètes.
En entretien avec Le Délit, Max, vice-président aux affaires externes de Students for a Free Tibet, explique que la culture tibétaine est non seulement d’une profonde richesse, mais elle est également l’une des plus anciennes et elle a su, jusqu’à présent, résister au développement mondial. Malheureusement, elle est fortement menacée par l’oppression exercée par le gouvernement chinois. C’est pour cette raison qu’il est primordial que les gouvernements internationaux exercent les pressions nécessaires à la sauvegarde de cette culture.
Responsabilité canadienne
De nombreux conflits d’intérêts sont bien souvent à l’origine de l’inactivité des gouvernements dans les causes humanitaires. Robert et Anne, deux membres d’Amnistie Internationale présents à l’événement, dénoncent l’hypocrisie du Canada face à la situation au Tibet à cause des accords économiques passés avec la Chine. Ainsi, Robert explique que le gouvernement canadien donne la priorité aux investissements chinois dans le but de développer l’exploitation de sables bitumineux. « On prend conscience que, bien que le Canada n’est pas idéologiquement en accord avec la Chine, la priorité pour le gouvernement aujourd’hui ce ne sont pas les droits de la personne mais les intérêts économiques », renchérit Anne.
Souvent, dans la sphère politique, il est difficile, voire impossible, de concilier valeurs sociales et économiques, comme en témoigne la rencontre controversée de Barack Obama avec le Dalaï-Lama le vendredi 21 février dernier. En effet, malgré la demande formelle de Beijing de renoncer à cette entrevue jugée de « grossière ingérence » dans les affaires intérieures chinoises, le président américain a décidé de maintenir sa rencontre avec le chef spirituel tibétain et en a profité pour exprimer son soutien concernant la protection des droits de l’homme au Tibet, risquant ainsi d’ébranler les relations bilatérales entre les États-Unis et la Chine.