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33 jours de campagne

Romain Hainaut

Les électeurs québécois sont appelés le 7 avril prochain à élire les 125 députés qui les représenteront à l’Assemblée nationale. Après plusieurs semaines de rumeurs sur la tenue d’éventuelles élections provinciales au printemps, c’est finalement mercredi dernier, le 5 mars, que Pauline Marois a demandé au lieutenant-gouverneur de dissoudre le Parlement. La Première ministre a ainsi donné le coup d’envoi d’une campagne électorale qui durera trente-trois jours.

Les élections ont été déclenchées malgré le projet de loi 3 du Parti Québécois (PQ), la Loi modifiant la Loi électorale afin de prévoir des élections à date fixe, adopté à l’Assemblée en juin 2013. Selon cette loi, les élections devaient avoir lieu tous les quatre ans, la prochaine ayant été programmée pour octobre 2016. Le texte dit cependant qu’un gouvernement minoritaire peut toujours déclencher des élections, en cas de blocage.

« Le gouvernement a déposé un budget responsable, mais nos oppositions avaient déjà décidé de s’y opposer », a déclaré Pauline Marois lors de son discours du 5 mars dernier, justifiant ainsi le déclenchement des élections.

Près d’une semaine après le lancement de la campagne, les partis dévoilent peu à peu leurs candidats dans chaque circonscription, ainsi que leurs différents thèmes de campagne.

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PQ : Plus prospère, plus fort, plus indépendant, plus accueillant ALOGO 2

Le gouvernement péquiste a pour but, avec ces élections, d’obtenir une majorité à l’Assemblée nationale. Sur les 125 sièges, il lui faudra en gagner 63. Pour cette campagne, Pauline Marois a adopté l’adjectif « déterminée », inscrit sur son autobus électoral.

Pour le PQ, la campagne sera axée en partie autour des thèmes de l’identité et de l’économie. Le gouvernement maintiendra ses projets d’exploration pétrolière. Les compressions budgétaires et les hausses de tarifs d’électricité par exemple restent à l’ordre du jour.

Le projet de Charte des valeurs reste au cœur des préoccupations du parti. La Première ministre a également annoncé la semaine dernière le projet de créer un « centre de recherche sur les crimes dits d’honneur et la lutte à l’intégrisme », suivant ainsi une proposition de la députée indépendante (anciennement libérale), Fatima Houda-Pepin.

La question de la souveraineté, en tant que mandat premier du parti, sera abordée. Pour l’instant Pauline Marois n’a pas confirmé la tenue d’un référendum si son parti est réélu, mais le PQ compte dans un premier temps mener le projet d’un « livre blanc » sur l’avenir du Québec.

Lire aussi : Un autre article sur la charte

PLQ : Ensemble, on s’occupe des vraies affaires ALOGO 4

Pour ses premières élections générales en tant que chef du Parti libéral du Québec (PLQ), Philippe Couillard a choisi pour l’instant de miser sur l’emploi et le développement économique. Il s’est engagé à créer 250 000 emplois sur cinq ans – reprenant ainsi une promesse de son prédécesseur Jean Charest lors de la campagne de 2012.

Le Plan Nord et les investissements dans les infrastructures sont toujours des points importants du programme du parti.

Au cours de la première semaine de campagne, le PLQ a également présenté sa « stratégie maritime » pour mettre en valeur le fleuve Saint-Laurent.

Lundi, Philippe Couillard annonçait aussi des coupures dans le secteur de l’éducation. pour faire des économies. Plus de 500 postes devraient ainsi être coupés sur cinq ans. Le PLQ propose également, plutôt que de proposer l’abolition des commissions scolaires, de recentrer le rôle du ministère.

QS : Je vote avec ma tête ALOGO 1

Québec Solidaire (QS) a lancé une campagne qui se veut axée sur le « contenu » et les « idées », d’où le slogan choisi par le parti : « je vote avec ma tête ». La plateforme du parti s’articule autour des trois phrases : « Un Québec libre », « Un Québec vert », « Un Québec juste ».

Cette année QS a recueilli plus de fonds de campagne et le parti se dotera d’un autobus, et misera davantage sur la publicité.

Le parti prévoit déjà un plan de développement d’emplois et de logements sociaux. QS entend aussi par exemple maintenir les tarifs des garderies, et se positionne ainsi contre la proposition du PQ de les augmenter.

Par ailleurs, Françoise David insiste sur la parité, appelle les autres partis à présenter davantage de candidates et demande à ce que le prochain conseil des ministres soit composé d’au moins 50% de femmes.

CAQ : On se donne Legault ALOGO 3

Nouveaux défis cette année pour François Legault et son parti, la Coalition Avenir Québec (CAQ), qui a perdu plusieurs de ses candidats vedettes des élections de 2012, notamment Gaétan Barrette, désormais candidat pour le PLQ dans La Pinière, et Jacques Duchesneau, qui avait annoncé qu’il quittait la vie politique.

La CAQ entend mener une « anti-campagne », avec comme priorités le contrôle des finances publiques et le déficit zéro dès l’année fiscale 2014–2015. Le parti prévoit un gel des emplois dans la fonction publique et une diminution des services.

Vendredi dernier François Legault a annoncé qu’il souhaitait faire adopter une « charte des contribuables », pour limiter l’augmentation des taxes et impôts en fonction du coût de la vie.

Le parti propose également, comme en 2012, l’abolition des commissions scolaires, une structure jugée trop chère et inutile. Dans le domaine de l’éducation, la CAQ maintient son intention d’instaurer un système d’évaluation annuelle des enseignants, mais abandonne toutefois le projet de rémunérer les professeurs en fonction de leur performance plutôt que de leur expérience.

Revendications du municipal

Les élections provinciales sont également l’occasion pour les maires de la province de faire entendre leurs revendications. Dans un communiqué du 5 mars, l’Union des municipalités du Québec (UMQ) dit « profiter du déclenchement de la campagne électorale provinciale pour inviter les chefs des partis à débattre des enjeux municipaux ». Parmi ces enjeux figurent « les infrastructures municipales, les régimes de retraite des employés municipaux, la modernisation du cadre législatif municipal par une Charte des municipalités et une nouvelle entente Québec-municipalités ». À Montréal, le maire Denis Coderre, ainsi que le chef de l’opposition officielle, Richard Bergeron, entendent mettre l’accent notamment sur le projet de recouvrement de l’autoroute Ville-Marie (un projet que le Parti Québécois avait déjà rejeté).

Jeunes et élections

Parmi les « candidats-vedettes » de ces élections figurent deux des anciens leaders du conflit étudiant de 2012. Léo Bureau-Blouin, élu député péquiste aux dernières élections, se présentera à nouveau dans sa circonscription de Laval-des-rapides.

Martine Desjardins fait elle aussi, cette année, apparition dans les rangs du PQ. Celle qui, au Sommet sur l’enseignement supérieur de février 2013, avait refusé de serrer la main de Pauline Marois, sera candidate dans Groulx. L’ancienne présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), qui était pour le gel des frais de scolarité, adopte désormais une position plus nuancée. Elle a toutefois répété aux journalistes à plusieurs reprises la semaine dernière que son but premier reste « l’accessibilité aux études » et que le PQ avait avancé dans ce sens.

Les jeunes seront-ils plus impliqués dans ces élections en général ?

Cette année, une nouveauté dans le processus d’élection devrait dans tous les cas faciliter le vote des jeunes : les étudiants pourront voter directement dans leur établissement d’enseignement. Dans un communiqué du 5 mars 2014, le Directeur Général des élections (DGE) annonce que « plus de 300 bureaux de vote seront ouverts dans environ 175 établissements d’enseignement ». Le vote dans les cégeps et universités aura lieu le 28 mars et les 1er, 2, et 3 avril prochains.

McGill fait partie des établissements qui ouvriront des bureaux de vote. Les détails sur le déroulement des élections à McGill n’avaient pas encore été dévoilés au moment de mettre sous presse.

L’université a aussi confirmé lundi, dans un communiqué, que conformément à l’article 306 de la Loi électorale du Québec, tous les cours seront annulés le lundi 7 avril, jour officiel du scrutin

 

A-Statistique

 

 

*Composition de l’Assemblée Nationale avant la dissolution : (Graphique : Romain Hainaut)

 

 


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