Vendredi dernier, une vague de courriels est venue annoncer à chaque étudiant les fameux résultats des élections de la nouvelle équipe de l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM) pour l’année 2014–2015.
Le premier chiffre inscrit : 31,4 %. Voici le taux de participation des étudiants parmi tous ceux invités à voter. Doit-on comprendre que moins d’un mcgillois sur trois se sent assez concerné par la vie à McGill pour s’informer et se prononcer sur les propositions des candidats au moment du scrutin ?
Pour le directeur des élections de l’AÉUM, Ben Fung, ce chiffre représente plutôt un record car il n’a jamais été aussi haut en cinq ans. La proportion d’étudiants qui votent pour les membres de l’Association Étudiante aurait donc augmenté de 1.3 % depuis les dernières élections, et se situe, selon des recherches effectuées par Beng Fung, parmi les plus hauts taux de vote des universités canadiennes. Il considère que cette hausse est probablement due à une meilleure organisation du débat entre candidats et à leur investissement dans la campagne, ce qui a facilité la diffusion de leurs idées de projet pour l’avenir de l’AÉUM. Cependant, sur 44 étudiants interrogés par Le Délit, seulement 7 d’entre eux citent les débats organisés parmi les moyens qu’ils ont utilisés pour se tenir informés des programmes des candidats, ce qui tend à relativiser leur efficacité et leur réelle influence sur le vote étudiant.
La hausse du taux de participation a‑t-elle été ressentie au sein des étudiants de l’Université ? Le nombre d’étudiants qui participe chaque année à l’élection de la nouvelle équipe de l’AÉUM reste toujours largement minoritaire malgré les efforts de communication et de visibilité des candidats pendant la campagne électorale.
Le manque de temps ou d’intérêt pour la vie politique de McGill sont les motifs habituels qui justifient l’absence des étudiants lorsqu’il était temps de cocher les petites cases blanches sur le site de l’AÉUM. Mais plus exactement, il semblerait que certains étudiants ne voient pas les changements que leur vote pourrait apporter à leur expérience à McGill. Par exemple, Ovgü fait partie de la faculté d’architecture et n’est pas la seule à avoir le sentiment que tous les candidats proposent peu de mesures concrètes qui auront un réel impact sur la vie universitaire en général. Pourtant, cette étudiante a voté car elle ne voulait pas, face à une mauvaise décision de la part des élus, se dire qu’elle aurait pu y changer quelque chose si elle avait donné son avis en temps voulu.
« Le travail ne se traduit pas forcément par du changement, il peut aussi juste résider dans le maintien du budget et des ressources qui sont à disposition. »
Peut-être que le manque d’intérêt des étudiants pour les élections de l’équipe de l’AÉUM provient d’un manque de connaissances concernant sa fonction précise. Lors d’un sondage réalisé par Le Délit sur la participation étudiante dans les élections de 2014, à la question : « Qu’est-ce qui vous aurait fait vous sentir plus impliqué dans ces élections ?» un grand nombre ont recommandé une campagne plus proche des étudiants, des débats plus visibles et une représentation plus claire des postes à pourvoir. Bien conscient qu’il est difficile pour les étudiants de cerner réellement ce qui se passe dans les bureaux de cette association, Ben Fung souligne que l’AÉUM n’est pas là pour changer radicalement la vie des étudiants, mais plutôt pour la maintenir en vie. « Le travail ne se traduit pas forcément par du changement, il peut aussi juste résider dans le maintien du budget et des ressources qui sont à disposition ».
Il semblerait donc qu’il existe un décalage entre les attentes des étudiants, leur vision du vote et les réels enjeux que certains ont décidé d’affronter en se portant candidats. Cette asymétrie provient-elle uniquement d’un accès insuffisant aux informations sur les élections, ou peut-on aussi l’expliquer par un manque d’effort de la part des étudiants pour aller chercher ces dernières ?
Quoi qu’il en soit, l’AÉUM et les responsables des élections prévoient de continuer à augmenter la visibilité de la campagne électorale et du rôle des élus, notamment au sein des résidences de McGill, afin de renforcer le rôle de l’AÉUM et la façon dont elle est perçue par le corps étudiant. La tendance des taux de vote des prochaines années permettra d’éclaircir l’efficacité de ces mesures et nous donnera une idée plus précise de ce qui façonne le vote étudiant à McGill.