Le 26 mars dernier, au restaurant Robin des Bois, l’association Iciélà organisait le lancement du site Internet Pangaya.tv. Ce site regroupe des capsules vidéo réalisées par des jeunes de six pays différents (le Canada, la Bulgarie, le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun et le Togo), au sein de six associations partenaires, autour de thèmes communs. On peut ainsi voir sur le site des clips à propos de l’environnement, des nouvelles technologies, de l’identité et de la cohabitation. L’intérêt de cette initiative réside dans le fait qu’elle propose à la fois une formation technique autour de la production de vidéo et qu’elle invite également au dialogue entre des jeunes de même langue (le principal partenaire du site est l’Organisation internationale de la Francophonie) mais aux horizons culturels bien différents.
La vidéaste Émilie Beaulieu-Guérette, vainqueure de l’édition 2011 de « La course autour du monde », était présente lors de la soirée d’ouverture. Elle a expliqué qu’elle soutenait ce projet pour trois raisons.
La première est l’engagement citoyen promu par Pangaya, qui rassemble les jeunes autour de sujets de société et en fait par la même occasion des acteurs et des témoins de leur temps, plutôt que de simples observateurs passifs. Ainsi la capsule « Eaux Troubles », réalisée par des écoliers québécois, prend la forme d’un conte pour dénoncer la pollution des lacs et des océans. Elle fait écho, par exemple, à « La source de vie et de mort », une vidéo conçue par de jeunes béninois, qui invite la population de la région à réfléchir sur ses pratiques qui polluent l’eau nécessaire au développement. Ces deux capsules traitent d’un sujet similaire, mais les modes d’expressions et les points dénoncés divergent : au Canada un lac (imaginaire) est pollué par des vieilles bouteilles de soda, des déchets plastiques ; tandis qu’au Bénin l’eau est polluée, entre autres, par des déjections. En observant les lacunes et les efforts (chaque vidéo propose des solutions concrètes aux problèmes évoqués) montrés dans chaque vidéo, la jeunesse est donc invitée à réfléchir sur des enjeux contemporains et à s’impliquer au quotidien.
Le second facteur par lequel Émilie Beaulieu-Guérette justifie son soutien au programme est la production de vidéo, tant technique qu’artistique, à laquelle les élèves sont formés par une équipe de Pangaya.
Et le troisième est le dialogue interculturel. Ce dernier point est essentiel, car il permet de donner un sens global à l’engagement citoyen. En effet il montre que quel que soit le niveau de développement économique d’un pays, et quelle que soit sa culture, il peut faire face aux mêmes problèmes qu’un autre situé à des milliers de kilomètres. Ce genre d’initiative permet donc de réduire les clichés et favorise une plus grande compréhension des autres peuples. L’un des écoliers présents à la soirée de lancement et ayant participé au projet raconte que cela a « nourri sa curiosité ». Pangaya favorise donc l’éclosion d’une conscience sociale chez les jeunes de tous pays, d’une conscience informée, structurée et loin des préjugés : Fania, écolière canadienne, explique ainsi sur le site que « l’Afrique ne ressemble pas à ce qu’ [elle s’était] imaginée. »
Dans son discours d’introduction à la soirée de lancement, le fondateur d’Iciélà, Jean-Sébastien Dufresne, a rappelé que, au-delà de la découverte de l’autre, nous avions « beaucoup à apprendre à partir du regard que les autres portent sur notre propre réalité. » Pangaya nous invite donc à nous ouvrir à l’autre afin de porter un regard critique non seulement sur le monde, mais aussi sur notre quotidien.