Dans le cadre de la Semaine de sensibilisation sur les agressions sexuelles qui a eu lieu la semaine dernière à McGill, de nombreuses activités étaient organisées par le Centre des agressions sexuelles [Sexual Assault Centre of the McGill Students’ Society (SACOMSS), ndlr] afin de sensibiliser les étudiants aux violences sexuelles. Cette mobilisation avait pour but d’ouvrir le débat afin de construire ensemble un campus plus sécuritaire, tout en laissant place à l’expression artistique comme réponse aux agressions sexuelles.
C’est dans ce cadre-là que, jeudi 27 mars, plusieurs étudiants sont venus présenter une proposition de politique sur laquelle de nombreux organismes de McGill travaillent depuis plusieurs mois. Pas moins de sept collectifs différents se sont regroupés afin de produire ensemble une ébauche de projet visant à assurer que les promesses d’Ollivier Dyens, vice-recteur exécutif adjoint aux études et à la vie étudiante de l’Université Concordia, dans son courriel du 21 novembre 2013 intitulé « message concernant les agressions sexuelles », ne soient pas des paroles en l’air. Les cadres de l’Association Étudiante de l’Université McGill (AÉUM), son comité d’équité, SACOMSS, l’Union pour la responsabilisation des genres, le groupe de recherche en intérêt public de McGill (GRIP-McGill), le collectif féministe de la Faculté de droit et enfin Femmes et Droit Criminel ont participé à l’élaboration du document.
Le comité cherche à palier l’absence d’une politique concernant les agressions sexuelles. En effet, aucun document officiel n’a établi jusqu’alors la position de l’Université sur le sujet (ce qui a mené aux scandales des années précédentes). Le document souligne l’importance d’adopter une politique active, plutôt que réactive, aux problèmes d’agressions sexuelles au sein de l’institution dans le but de combattre la culture du viol.
Une approche plus juste du problème
La proposition a pour but d’offrir des solutions efficaces pour agir en amont et en aval contre les agressions sexuelles. En amont, le groupe aimerait voir s’implanter au sein de l’Université une campagne de sensibilisation obligatoire pour tout nouvel étudiant ou nouvel employé afin de progressivement créer un environnement plus sûr et d’éliminer toute culture du viol au sein du campus. En aval, le groupe cherche à implanter une politique « pro-survivant » afin d’offrir une procédure simple et accessible pour que les victimes puissent se reconstruire. À l’heure actuelle, McGill propose uniquement des réponses impliquant inévitablement une procédure juridique ; cette proposition de politique expose d’autres recours auxquels devraient avoir accès les victimes. De plus, les étudiants n’ont aucune idée des personnes à qui ils peuvent s’adresser et des recours qui existent déjà. Ainsi, dans l’éventualité où ce projet de politique serait adopté par l’administration de McGill, cela permettrait d’offrir des lignes directrices auquel chacun pourrait se référer pour mieux gérer les cas d’agressions sexuelles, notamment grâce à l’utilisation d’un site Internet clair.
L’innovation par les étudiants
Cette campagne soulève d’importantes questions concernant la place d’un système démocratique comme base fondatrice de notre société. En effet, accepter que cette politique soit adoptée au sein de l’institution, c’est nous rappeler que les étudiants sont le corps de cette université et les esprits novateurs sur lesquels elle est basée. Anaïs et Kai, les deux étudiantes venues présenter ce projet de politique avait un message clair : McGill est bien souvent considérée comme une université d’élite d’un point de vue académique. Il ne tient qu’à nous, étudiants de McGill, d’en faire un lieu tout aussi innovant d’un point de vue social.