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Réflexions sur les Premières Nations

La semaine de sensibilisation autochtone illumine des enjeux ignorés.

Thomas Cole Baron

Montréal était jadis le point de convergence où les nations autochtones environnantes échangeaient idées et produits commerciaux. C’est ce que Alex Sonny Diabo, l’Aîné des Premières Nations de McGill  a rappelé le lundi 15 septembre dans son discours d’ouverture de la semaine de sensibilisation autochtone. Il commence par rappeler que dans cette même visée de convergence, le Programme d’Éducation Autochtone du Bureau de Diversité et d’Équité Sociale (SEDEIEP) de McGill a invité étudiants, membres du personnel et résidents de Montréal à prendre part aux activités sur la sensibilisation autochtone. Le programme vise à donner  plus de visibilité à la communauté autochtone, à sa culture ainsi qu’aux défis auxquels elle doit faire face actuellement.

Des performances musicales, des conférences, des projections de vidéos ainsi que des ateliers ont eu lieu tout au long de la semaine dernière afin de partager opinions, points de vue et traditions. Bien que des activités comme la confection de capteurs de rêves ou des cours de danse traditionnelle laissent une impression festive, certaines ont abordé des réflexions plus profondes sur de sérieux enjeux et défis concernant la communauté autochtone québécoise. 

Lundi, la prestation de deux femmes membres du groupe de musique Odaya a rappelé, par une chanson dédiée aux femmes amérindiennes, le problème de la disparition de femmes autochtones en Amérique du Nord. L’Assemblée des Premières Nations estime effectivement que 600 femmes autochtones canadiennes ont été portées disparues ou assassinées, et revendique en vain, depuis l’été 2012, une commission d’enquête pour comprendre ce phénomène. Selon une des chanteuses d’Odaya, la présentation que fait notre premier ministre fédéral de ce phénomène comme une série de crimes individuels et isolés est problématique et erronée. Il s’agit, d’après elle, d’un problème de nature purement sociologique qui doit être étudié comme tel pour pouvoir être réglé. Au Pow Wow de vendredi, une danse de femmes et un moment de silence ont également été consacrés à la commémoration des victimes.

L’ambiance d’échange et de discussion qui a nourrit cette semaine de sensibilisation a également inspiré M. Sonny Diabo à pousser quelques réflexions sur la disparition des langues autochtones. Selon lui, permettre aux jeunes des Premières Nations de se réapproprier leur identité passe inévitablement par l’enseignement des langues, d’autant plus que la culture amérindienne se transmet traditionnellement à l’oral, à travers entre autres des légendes racontées par les ainés. La tendance actuelle à délaisser la communication orale pour le réseautage technologique affecte ainsi les jeunes des communautés autochtones. 

Études autochtones

M. Sonny Diabo, qui s’est parallèlement mobilisé pour créer un programme lié aux Premières Nations à McGill, a annoncé son succès durant son discours d’ouverture lundi. Il est maintenant possible pour les étudiants de McGill de suivre une mineure en Études autochtones. Cette annonce a été discutée durant une conférence mardi sur les responsabilités des milieux académiques envers la communauté autochtone. Comment assurer, par exemple, qu’un programme d’études sur les Autochtones puisse refléter les voix de tous ceux concernés ? Comment faire en sorte de transmettre l’histoire le plus objectivement possible, en délaissant toute influence colonialiste et tout préjugé ? Des experts ont été invités à se prononcer sur la question. 

Ces réflexions ont été bouclées dans la festivité et l’optimisme lors du treizième Pow Wow annuel, rassemblant une dernière fois des étudiants, le personnel, des danseurs, des musiciens, des organismes locaux de solidarité autochtone, des commerçants d’objets traditionnels, ainsi que des résidents montréalais. Opportunité idéale, selon Paige Isaac, la coordinatrice de la maison des Premières Nations de McGill, de rassembler les membres et organisations de la communauté autochtone et de leur permettre d’échanger. Le Pow Wow fut également une rare occasion de célébrer la culture autochtone, encore marginale aujourd’hui.


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