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La montagne russe Mommy

Xavier Dolan revient en force avec son dernier long métrage.

Shayne Laverdière

Le cinquième film de la valeur montante du cinéma québécois a fait son entrée dans les salles le 19 septembre dernier. Depuis son succès à Cannes où il a remporté le Prix du Jury, Mommy était très attendu ici au Québec, et a enregistré un excellent départ (amassant 463 861$ dès sa première fin de semaine). Il s’agit dèailleurs du meilleur démarrage pour un film québécois depuis Omerta en 2012.

Mommy raconte l’histoire d’une mère et de son fils, ce dernier souffrant de troubles mentaux sévères mais tentant de se tailler une place dans la société. Diane « Die » Després demande donc l’aide de Kyla, leur voisine, pour donner des cours à domicile à son fils Steve pendant qu’elle tente de se trouver un nouvel emploi. Attention à ceux qui seraient tentés de faire un parallèle entre Mommy et J’ai tué ma mère : comme l’a signalé le réalisateur lors d’une entrevue à Cannes, son premier long métrage traitait de problèmes à l’intérieur de la cellule familiale, alors que Mommy s’attaque à un sujet beaucoup plus ambitieux : la place d’un individu dans la sphère sociale.

Bien entendu, le film porte la signature si particulière que l’on connaît à Xavier Dolan, c’est-à-dire une maîtrise technique remarquable, notamment dans les audacieuses utilisations du format carré  et de la musique omniprésente. Ce faisant, Mommy porte une attention à certains éléments précis, accentuant une différence par rapport aux films précédents du réalisateur. Les personnages y apparaissent plus développés, plus profonds. Bien sûr, ces rôles sont interprétés par une solide distribution, notamment Suzanne Clément et Anne Dorval, des habituées de l’univers Dolan. Mais surtout Antoine Olivier Pilon, dont on découvre une nouvelle facette fort impressionnante et qui a bien grandi depuis Frisson des collines. On note également une fluidité nouvelle dans la narration. Si Laurence Anyways avait quelques longueurs, Mommy alterne efficacement entre scènes au rythme haletant et scènes plus lentes, créant ainsi une sorte de montagne russe émotionnelle dont on ne sort pas indifférent.

Tout ceci n’empêche pas le film d’avoir certaines longueurs. Les scènes du panier d’épicerie et du saut dans le futur, qu’on excuse, l’une pour sa qualité visuelle, et l’autre pour son utilité dans la trame narrative, ne sont pas sans nous laisser froncer les sourcils. 

Après avoir vu ses précédents films récompensés par la Quinzaine des réalisateurs, dans la catégorie Un certain regard, puis à la Mostra de Venise, il semblait logique que le dernier Xavier Dolan se taille une place dans la compétition officielle cette année. Son prix du jury à Cannes et la réception enthousiaste dont Mommy fait l’objet au Québec sont autant de lauriers dûment mérités. S’il continue sur une telle lancée, on ne peut que se demander ce qu’apportera à Xavier son prochain film et attendre avec impatience le dévoilement des nominations aux prochains Oscars, où Mommy candidate au nom du Canada dans la catégorie « meilleur film en langue étrangère ».


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