Dans le cadre d’un cycle de conférences récemment organisé au sein de l’Université McGill, John Reilly, Jessika Trancik, tous deux professeurs au Massachussets Institute of Technology, et Jim Burpee, CEO de l’Association Canadienne de l’Électricité (ACÉ), se sont exprimés à propos des enjeux soulevés par l’utilisation progressive des énergies renouvelables comme source d’électricité au Canada et aux États Unis. Les énergies renouvelables sont définies comme des sources d’énergie se renouvelant à une vitesse très rapide, ce qui les rendrait potentiellement inépuisables. Les thèmes abordés par les conférenciers allaient de l’avenir du système d’électricité canadien à la croissance du marché des énergies renouvelables.
Le premier constat partagé par tous les intervenants est que le système d’approvisionnement en électricité nord-américain se « décarbonise » progressivement. Le Québec en particulier se démarque par sa politique environnementale. Selon un rapport publié par l’Institut économique de Montréal, les barrages hydroélectriques représenteraient jusqu’à 99% de la production d’électricité totale du Québec, après que la dernière centrale nucléaire ait été fermée fin 2012. Environ 40% de l’énergie consommée par la province provient de cette électricité, le reste étant partagé entre le charbon, la biomasse, mais surtout le gaz naturel et le pétrole importé. Il est à souligner que les intervenants insistent sur l’électricité et non l’énergie d’un point de vue plus large ; le Canada reste un des plus gros pollueurs au monde. En février 2014, la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec a publié un rapport : « Maitriser notre avenir énergétique », qui souligne l’importance jouée par les ressources renouvelables dans la future stratégie énergétique du Québec. « S’il fait les bons choix, le Québec peut entrevoir un avenir prospère, basé sur les énergies renouvelables, où les hydrocarbures fossiles joueraient un rôle complémentaire et en diminution constante », cite le rapport.
Objectif 2050
C’est justement la seconde conclusion à laquelle aboutit John Reilly. Selon lui, au Canada, « l’abondance et la diversité des énergies renouvelables rendent possible la mise en œuvre de nombreuses combinaisons de ressources pour assurer 80% des besoins en électricité à partir de 2050 ». Évidemment, de tels projets supposent des investissements et des coûts incrémentaux massifs associés à la mise en place de nouvelles structures. Atteindre cet objectif demanderait par exemple la mise en place de 190 millions de miles supplémentaires dans le réseau du transport de l’électricité, soit un coût annuel minimum compris entre six et huit milliards de dollars. Néanmoins, comme le souligne Jessica Trancik, le rapide progrès technique dans le domaine des ressources renouvelables a permis de réduire considérablement leur coût. L’énergie solaire, particulièrement, est de plus en plus perçue comme étant une alternative « peu chère, propre, pratique et fiable » par rapport aux ressources fossiles, dont le coût d’extraction continuera à augmenter sur le long terme. La baisse des prix, couplée au progrès technique et à des « politiques publiques incitatives », expliquerait ainsi la forte croissance du marché des « énergie propres ». Les ressources renouvelables pourraient alors devenir, comme le suggère le titre de la conférence, « la principale source d’électricité au Canada et aux Etats Unis ». Un phénomène qui ne s’observe pas uniquement en Amérique du Nord : « L’innovation dans la production d’énergies renouvelables est en plein essor dans le monde entier, et plus particulièrement en Chine », conclut Jessica Trancik.
Mais la technologie ne fait pas tout. Les attentes du public et la volonté politique jouent également un rôle essentiel dans le passage progressif aux énergies renouvelables. « Les décisions prises dans les cinq prochaines années auront un impact énorme sur ce à quoi ressemblera notre planète en 2050 », explique Jim Burpee. Sensibiliser la population aux enjeux des énergies renouvelables fait partie d’une solution de long terme qui viserait, d’ici une trentaine d’années, à diminuer considérablement les émissions de gaz à effet de serre.