En août dernier, la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) déclarait qu’elle exigeait pour la province un droit de retrait du Programme canadien de bouses aux étudiants (PCBE) avec pleine compensation en vue d’un réinvestissement en aide financière aux études. Cette réclamation n’ayant toujours pas été honorée, la FECQ a grimpé la colline parlementaire fédérale le 5 janvier dernier pour se faire entendre. Indignés par l’immobilisme des deux paliers du gouvernement, les étudiants réclament qu’ont leur remette les 118M$ qui, selon la Fédération, revient de droit aux étudiants québécois.
Altercations en 1990
Il faut savoir que la querelle remonte à la fin des années 1990, alors que le premier ministre libéral Jean Chrétien confie la gestion des bourses allouées aux étudiants à un intermédiaire privé sans but lucratif, la Fondation canadienne des bourses d’études du millénaire (FCBEM). D’emblée, Québec a condamné le gouvernement fédéral, lui reprochant de vouloir s’ingérer dans une compétence québécoise. Les deux paliers de gouvernement en sont tout de même venus à un accord qui durera dix ans : le Québec toucherait 70M$ annuellement jusqu’au 5 janvier 2010, date à laquelle ils devraient à nouveau s’entendre.
Cependant, au début de l’année 2010, Ottawa a opté pour un nouveau programme : le PCBE, au grand mécontentement de la FECQ. En créant ce programme, le gouvernement Harper refuse de transférer les montants revenant normalement à la belle province pour un réinvestissement en aide financière aux études. Normalement, lorsque Ottawa crée un programme que les provinces offrent déjà de par leur juridiction, ces dernières peuvent généralement se retirer – comme c’est d’ailleurs le cas du programme canadien des prêts aux étudiants (PCPE). Mais avec la mise sur pied du nouveau programme de bourses (PCBE), le gouvernement fédéral affirme désormais que l’AFE n’est pas l’équivalent du nouveau programme et a par le fait même refusé d’accorder une pleine compensation financière.
Les nouvelles exigences
Sur la colline parlementaire, mardi dernier, les manifestants se déclaraient outrés par l’indifférence du gouvernement fédéral : « Ça fait trois mois qu’on a lancé l’ultimatum, et ça fait encore bien plus longtemps que les Conservateurs refusent de nous parler,» a déclaré Xavier Lefebvre Boucher, président de la FECQ.
La Table de Concertation étudiante du Québec (TaCEQ), dont fait partie l’Association étudiante de l’Université McGill, l’Association pour une solidarité syndicale étudiante, ainsi que d’autres syndicats étudiants (le Conseil québécois des syndicats universitaires), ont exprimé leur indignation face à la fin du mandat de la FCBEM, en soulignant la précarisation de la condition étudiante : « Il y a des limites à laisser les étudiants et les étudiantes du postsecondaire dans la précarité,» scande Alexandre Leduc, président du CQSU.
D’après les déclarations parlementaires du début de la semaine dernière, il paraît clair que c’est par la voie de la négociation que les deux parties arriveront à un accord. « Chaque année, le gouvernement du Canada négocie avec celui du Québec sur des paiements alternatifs pour l’aide financière étudiante. Ces négociations sont actuellement en cours,» avait affirmé Ed Komarnicki, député du Parti Conservateur. Du côté québécois, Libéraux et Péquistes déclarent travailler présentement pour l’adoption d’une motion unanime à l’Assemblée nationale qui permettrait au Québec de mettre la main sur les sommes dites dues. L’affaire n’est assurément pas mince ; Claude Béchard, ministre québécois des Affaires intergouvernementales rappelait récemment l’historique du dossier : « Les gens d’en face ont signé une entente avec le gouvernement fédéral dans laquelle ils permettaient au gouvernement fédéral de venir s’ingérer dans les compétences du Québec. »
Ce sera ainsi un obstacle supplémentaire à franchir avant que les étudiants québécois puissent encaisser leur chèque !