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Troubles à Hong Kong

La diaspora étudiante hongkongaise soutient le mouvement pro-démocratique.

Éléonore Nouel

Lors que le gouvernement de Pékin se préparait à fêter les 65 ans du communisme le 1er octobre dernier, la région administrative spéciale de Hong Kong exprimait son mécontentement et sa peur de se voir retirer ses droits démocratiques. Depuis la rétrocession de l’île à la Chine en 1997, elle bénéficie de libertés légales qui n’existent pas en Chine continentale, notamment le droit de rassemblement. L’accord assurant la politique « un pays, deux systèmes », qui fait de Hong Kong une région unique, cessera de s’appliquer en 2014 ; ce qu’il adviendra de l’île au-delà de cette année demeure flou. Il y a une certaine anxiété  ambiante depuis la rétrocession quant à ce futur incertain : la population craint une assimilation complète au régime autoritaire de la Chine continentale. Le mouvement a reçu l’appui de la grande majorité du monde occidental. À McGill, comme dans d’autres universités nord-américaines, les étudiants ont organisé des manifestations de soutien.

Dans un article publié par Public Radio International, le professeur Kong Qingdong, qui enseigne à l’Université de Pékin, souligne le fait que « beaucoup de Hongkongais ne se considèrent pas Chinois ». À cause de cette différenciation voulue des Hongkongais, on accorde beaucoup d’importance aux élections du chef de l’exécutif de Hong Kong qui auront lieu en 2017. Cependant, cela fait quelques années que la Chine semble revenir sur ses promesses de 1997 : cet été, Pékin a annoncé que les Hongkongais voteraient pour leur représentant à partir d’une présélection de candidats filtrés par la capitale. La méfiance qui a découlé de cette annonce s’est traduite par des marches de protestation pacifiques dans la ville le jeudi 25 septembre 2014. Les manifestations ont graduellement pris de l’ampleur, notamment avec l’intervention des activistes de Occupy Central. C’est cependant la violence de la réponse du gouvernement qui a aggravé la situation pour lui donner l’ampleur qu’elle a aujourd’hui. L’utilisation par la police de gaz lacrymogènes a incité des dizaines de milliers de civils à se rallier à la manifestation. Depuis, le gouvernement central chinois est enclin à négocier avec les porte-paroles du mouvement. Ces derniers jours, les tensions ont considérablement diminué.

Répercussions à l’étranger

Le monde entier a retenu son souffle pendant quelques jours, les yeux rivés sur l’île. Au Canada, le soutien verbal vient en partie du gouvernement. Le ministre canadien des Affaires étrangères, John Baird, a indiqué sur Twitter que « le Canada appuie la continuité de la liberté d’expression et de la prospérité dans un État de droit ». D’autre part, différents événements publics ont été organisés avec pour objectif de montrer le soutien international au mouvement hongkongais. Au moins 30 villes dans le monde, et 45 campus en Amérique du Nord, ont organisé des mouvements de solidarité. L’événement Wear Yellow for Hong Kong [Portez du jaune pour Hong Kong, ndlr], organisé par des étudiants hongkongais à l’étranger, a rassemblé, le 1er octobre, plus de 37 000 personnes sur de nombreux campus nord-américains. À McGill, un groupe s’est retrouvé au portail Milton vers 14h, certains déjà habillés en jaune, d’autres arborant le fameux ruban jaune devenu symbole de la manifestation Hong Kong Allies et du mouvement Occupy Central. Les étudiants étaient présents pour une même cause : « se battre pacifiquement pour une vraie démocratie à Hong Kong », comme le dit Kevin Cheung, étudiant en échange d’origine hongkongaise, lors d’une entrevue avec Le Délit. Le rassemblement comprenait plusieurs discours, argumentant pour la cause des Hongkongais, tout en insistant sur une caractéristique : le pacifisme des révoltes. Une autre étudiante, Wing Yu, affirme dans ce sens que « ce n’est pas en cassant des vitres et en détruisant la ville que nous essayons de protéger que nous nous ferons entendre ». 

Malgré cet événement, une importante partie des étudiants de McGill n’est pas au courant de ce qui se passe à Hong Kong. Le Délit a aussi pu obtenir une entrevue avec Hugo Hui-Lang, étudiant qui participe aux manifestations à Hong Kong depuis le début. Pour lui, il est important que le message soit diffusé : « le soutien international et les médias ont été d’une aide précieuse », et il faut impérativement « continuer à sensibiliser le monde à notre cause ». Même si ces protestations ne changent pas l’opinion chinoise, les révoltes à Hong Kong représentent un pas de plus dans l’opposition de l’île à la normalisation pékinoise.


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