L’élection présidentielle brésilienne s’est tenue le 5 octobre 2014, dans le cadre des élections générales du Brésil. Malgré certaines affaires de corruption dans lesquelles le gouvernement était impliqué, l’actuelle présidente et chef du Parti Travailleur, Dilma Rousseff, a bénéficié d’une forte cote de popularité tout au long de son mandat. C’est donc sans surprise qu’elle arrive à la tête du classement, avec 41,59% des voix. Cependant, elle ne dispose pas d’une majorité absolue et devra faire face à un ballotage contre le social-démocrate Aécio Neves, qui a pour sa part recueilli 33,54% des voix. Quant à Marina Silva, la candidate du Parti Socialiste brésilien, elle se classe en troisième position, avec 21,31% des voix. Les autres partis ont pour leur part obtenu de faibles scores. Cette élection aura des conséquences à l’échelle régionale et mondiale, compte tenu de l’appartenance du Brésil au groupe des pays émergents.
« Le résultat de l’élection est un message qui me dit d’avancer, de continuer le combat côte à côte avec tous les électeurs pour changer le Brésil », déclare Dilma Rousseff. « C’est une victoire pour le changement. La candidate de l’opposition a obtenu la majorité des votes mais nous continuerons à nous unir pour gagner les élections du second tour et ainsi donner au Brésil un gouvernement honorable et efficace », explique Aécio Neves.
Des politiques très différentes
Le second tour, qui aura lieu le 26 octobre, opposera donc deux grands partis du Brésil : le Parti des Travailleurs, aux inclinations marxistes, et le Parti de la Social- Démocratie Brésilienne. Les programmes électoraux des deux partis diffèrent considérablement. La politique de la présidente actuelle, basée sur la redistribution des richesses, lui assure le soutien des régions pauvres du Nord du pays. « Les villes pauvres du Brésil, qui sont très nombreuses, votent la plupart du temps pour Dilma Rousseff, puisqu’elle leur donne plusieurs types d’allocations », explique Camila, une étudiante brésilienne à l’Université Paris Ouest Nanterre, en entrevue avec Le Délit. Mme Rousseff a d’ailleurs souligné la réduction progressive des inégalités au cours de son mandat. Le coefficient de Gini, qui mesure le niveau d’inégalités au sein d’un pays, est par exemple tombé à 0,49, contre 0,56 en 2001.
Aécio Neves, au contraire, opte pour une politique plus favorable aux entreprises. D’après Le Nouvel Observateur, cet économiste se caractérise par une « tendance libérale mâtinée d’une légère fibre sociale ». Son but est de restaurer la confiance des investisseurs tout en favorisant le développement social. Il veut réduire les dépenses du gouvernement et augmenter les investissements productifs. Les grandes villes émergentes du pays, Sao Paulo et Rio de Janeiro notamment, sont favorables à des réformes davantage axées sur les marchés et soutiennent majoritairement le candidat social-démocrate.
Surprise générale
Jusque-là, Marina Silva avait longtemps été l’une des favorites dans les sondages. Toutefois, comme l’explique Angelo Dos Santos Soares, professeur à l’UQAM, « la cote de popularité de Marina Silva a chuté d’une manière exceptionnelle parce qu’il n’y a pas de consistance dans son discours. Un jour, elle affirme soutenir l’exploitation du pétrole et le lendemain, elle prétend le contraire ». En revanche, la cote de popularité d’Aécio Neves a considérablement augmenté ces derniers jours, à la suite de la campagne ratée de Marina Silva.
L’annonce des résultats du vote a surpris les médias internationaux. Reuters évoque « la campagne la plus instable que le Brésil ait jamais connue depuis des décennies ». Le résultat final dépend en grande partie de l’appui du Parti Socialiste Brésilien. D’après The Economist, si 70% des électeurs ayant voté pour Marina Silva au premier tour se rallient au Parti de la Social-Démocratie Brésilienne (PSDB), Aécio Neves a de grandes chances de gagner. Ce scénario est cependant peu susceptible de se produire et Dilma Rousseff devrait, selon les prévisions, remporter le second tour.