Les feuilles des arbres jaunissent et tombent les unes après les autres, les averses sont de plus en plus fréquentes, tandis que les rayons du soleil deviennent de moins en moins puissants et que les températures ne cessent de baisser. Cela ne peut signifier qu’une chose : l’automne est en train de se retirer pour laisser place à l’hiver. Le cycle des saisons est en marche, il est naturel, sans surprise, et certains ne prêtent alors pas attention au drame qui se profile : cette année, les choses sont différentes. Cette année, la rue McTavish ressemble à un champ de bataille et depuis le mois de septembre nous nous escrimons à faire de grands détours pour contourner les nombreux obstacles éparpillés tout le long de la rue.
Déjà en septembre c’était assez pénible de devoir prévoir au moins cinq minutes pour simplement traverser la rue, alors imaginez ce qu’il en sera en hiver. Imaginez la neige qui tombe et qui vous aveugle, le vent glacial qui vous empêche d’avancer et le verglas qui rend la chaussée dangereusement glissante alors que vous essayez de remonter la rue McTavish au mois de décembre. Effrayant, non ?
Je dois avouer que lorsque j’ai vu les constructions sur la rue McTavish pour la première fois, j’étais convaincue que l’administration de McGill avait gentiment pensé à nous et nous offrait, pour Noël, un beau tunnel souterrain sous la rue McTavish jusqu’au bâtiment Stuart Biology (oui, j’étais une nouvelle étudiante assez naïve en septembre). Pour ce merveilleux raccourci, j’étais prête à supporter les bruits, la poussière et les détours des constructions. Puis j’ai appris qu’il n’y aurait pas de tunnel souterrain (soupir): les travaux étaient simplement là pour réparer les vieux tuyaux d’eau défaillants, qui avaient causé les inondations de 2012 et 2013. Mais je ne me suis toujours pas révoltée. Après tout, il valait mieux endurer encore quelques semaines de travaux si cela pouvait prévenir de nouvelles inondations et surtout m’éviter d’être la prochaine « flood girl » (cette étudiante mcgilloise emportée par les flots des inondations sur McTavish en 2013, et dont la cote de popularité ne faiblit pas sur les réseaux sociaux).
Maintenant c’en est trop. Je me rends compte que j’ai été bien assez indulgente à l’endroit des travaux de la rue McTavish. Vous pouvez appeler ça de la naïveté, de l’innocence, de la bêtise ou de la connerie, il n’empêche qu’aujourd’hui j’ai envie de dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas et de faire savoir à l’administration à quel point les constructions sur McTavish sont une nuisance pour les étudiants, et que cela ne va cesser d’empirer avec l’approche de l’hiver. J’ai envie de parler des migraines causées par le bruit des travaux qu’on entend en permanence même pendant nos conférences dans le bâtiment Leacock, de ces ouvriers qui nous donnent l’impression d’être des criminels lorsque nous voulons traverser leur chantier sur les passages piétons improvisés, de ces tuyaux, ces planches et ces poteaux sur la rue McTavish qu’il faut éviter tous les jours.
Je me plains aujourd’hui ouvertement des travaux de la rue McTavish parce que je n’ai pas envie qu’un énième report de la fin des constructions soit annoncé, et qu’on se retrouve au mois de décembre avec la rue McTavish toujours barrée. Il est facile de s’imaginer que le chantier serait ensuite ralenti, voire arrêté à cause de la neige, puis pendant la période des fêtes.
Donc tout ce que je demande à McGill comme cadeau pour Halloween (prenons la première fête qui vient, je ne pense pas pouvoir patienter jusqu’à Noël), c’est simplement une rue McTavish normale, sans bulldozers, sans bruits de tôle et de machines, sans ouvriers qui crient et surtout sans barrières qui nous empêchent de traverser la rue le plus rapidement et efficacement possible. Je suis prête à renoncer à mon « tunnel McTavish » qui me tenait pourtant à cœur, si je peux traverser la rue en moins de deux minutes avant la première neige !