Le vice-principal exécutif de McGill, Anthony Masi, a convié hier étudiants, membres de l’administration et employés de McGill à une tribune libre sur la situation financière de l’Université. McGill ayant déjà dû réviser et modifier plusieurs fois son budget prévu pour l’exercice fiscal 2015, c’est-à-dire la présente année scolaire, M. Masi a tenu à expliquer publiquement les récents changements et coupures dans le financement de diverses institutions. La tribune s’est déroulée le matin dans la salle de bal du Pavillon Thompson, et l’après-midi dans la salle 232 du Pavillon Leacock. Son objectif était, selon l’invitation envoyée par courriel à la communauté mcgilloise, de répondre aux questions vis-à-vis des compressions, ainsi que de « recueillir les commentaires et suggestions quant aux mesures envisageables pour conjuguer avec les compressions continues exercées par le gouvernement du Québec ». Vaste programme dira-t-on, mais visiblement d’importance mineure pour les étudiants de premier cycle à en juger par le public présent, principalement composé d’employés de McGill désireux de savoir s’ils doivent craindre de nouvelles compressions sur leurs emplois.
« Ceci n’est pas une crise financière, c’est une situation difficile mais nous nous en sortirons. » Tels étaient les premières phrases de M. Masi lors de sa tribune, afin de rassurer d’emblée son public. Selon lui, McGill a réussi à s’assurer une position financière plutôt saine compte tenu de la situation, en réagissant dès les premières compressions du gouvernement provincial il y a quelques années avec des mesures d’austérité : « Quand les premières coupures sont arrivées il y a quelques années, on a fait avaler la pilule très tôt.» En effet, suite aux compressions budgétaires des dernières années, l’administration avait dû effectuer différentes coupures dans certains départements, ainsi qu’une hausse des frais de scolarité.
Plus de compressions à venir
Seulement, les compressions gouvernementales sont toujours d’actualité, et selon M. Masi, le problème est le manque de précision du gouvernement québécois à l’égard de leur envergure. Le budget de l’exercice fiscal 2015, approuvé fin avril 2014 par le Conseil des gouverneurs, comptait sur une subvention du gouvernement provincial d’environ 360 millions de dollars. Or, le gouvernement provincial a communiqué à l’administration mcgilloise que la subvention serait finalement de 345 millions de dollars, soit 15 millions de moins que prévu. Après avoir dû modifier le budget une première fois, l’administration a appris début octobre que de nouvelles coupures de l’ordre de 4 à 12 millions de dollars seraient imposées dans les mois à venir. Étant donné que le budget en mai dernier prévoyait un déficit de 7 millions de dollars, cela signifierait dans le pire des cas un déficit de 34 millions. Cependant, relativise M. Masi, une telle somme n’est pas tant pour une université de l’envergure de McGill, qui se trouve d’ailleurs parmi les bons élèves des universités québécoises.
Décalage entre prévisions et résultats
Cependant, les chiffres avancés lors des budgets présentés chaque année en avril ne sont pas toujours fiables. Par exemple, alors que le budget de l’exercice fiscal 2014 prévoyait un déficit de 10,4 millions de dollars, il est apparu quelques mois après la fin de l’année budgétaire que McGill avait en fait réalisé un surplus de 3,2 millions de dollars, auxquels sont venus s’ajouter les 12,5 millions des réductions du passif au titre du régime de retraite des employés. Ce surplus, l’administration l’a remarqué trop tard pour l’inclure dans son budget 2014, assure M. Masi. Il a donc été directement utilisé pour le remboursement de la dette de l’université, qui s’élève maintenant à 271,8 millions de dollars.
Serrer la ceinture
Afin de parer aux prochaines coupes qui s’annoncent, le vice-principal exécutif de McGill a dévoilé lundi toute une série de stratégies destinées à maximiser les économies de l’Université. Elles seront révisées en janvier dit-il, lorsque la situation financière sera plus claire. Il est prévu, entre autres, le gel des embauches d’assistants et d’employés administratifs, le report indéfini de tout achat d’équipement non essentiel [celui relatif à la recherche, ndlr] ainsi que des coupes dans le budget transports et voyages. Il est également prévu d’utiliser le coussin de 9 millions de dollars que représente le budget des projets spéciaux, et donc de reporter à plus tard tout ce à quoi cette enveloppe pourrait contribuer.
Il reste donc à savoir si les nouvelles coupures permettront de maintenir le niveau d’excellence académique actuel de l’Université. Comme le souligne M.Masi, cela reste l’objectif principal de l’université : « L’accent reste sur la livraison de nos programmes universitaires et de recherche, car ainsi seulement maintiendrons-nous notre réputation ».