Aujourd’hui lundi 3 novembre 2014, il est question de renégocier l’entente signée en 1978 entre la France et le Québec sur les frais de scolarité. De 2300 dollars par an, les frais de scolarité des étudiants français au Québec pourraient passer à 6300 dollars, ce que paient les étudiants des autres provinces du Canada.
À l’image de l’essor fulgurant du nombre d’étudiants français au Québec ces dernières années – plus de 12 000 actuellement –, Le Délit est composé ce semestre d’une équipe éditoriale presque entièrement française.
Une question de légitimité s’offrait donc à nous, rendue plus criante et plus belle encore
par la visite du Président de la République française au Canada. Quelles relations entretiennent le Québec et la France ? Où en sommes nous dans cette coopération si singulière ?
Dans ce numéro hors-série, nous avons tenté d’interroger l’actualité de cette relation en allant rencontrer certains de ses acteurs. Notre réponse n’est pas exhaustive, loin de là, elle est un ensemble de points de vue, de propositions.
Nous sommes plus de 1500 étudiants de nationalité française à l’Université McGill. Nous y sommes venus pour apprendre, avec l’humilité de celui qui demande face à celui qui vend, avec l’humilité de celui qui désire face à celui qui possède. Et notre désir n’est pas étranger à la formule galvaudée du « rêve québécois », car bon gré, mal gré, nous en sommes tributaires.
En 2012, au moment de la grève étudiante contre la hausse des frais de scolarité, bien des Français se sont engagés, conscients de l’importance de l’accès à l’éducation. D’autres n’ont pas fait le pas ; ils n’avaient pas quitté la France des grèves pour la retrouver de l’autre côté de l’Atlantique, sans toutefois régler la question de Michelet : « Quelle est la première partie de la politique ? L’éducation. La seconde ? L’éducation. Et la troisième ? L’éducation. »
Au cœur d’une relation dont l’histoire est faite autant de raison que d’émotivité, la hausse à laquelle nous ferions face semble justifiée par les mêmes arguments que ceux de 2012. À la célèbre « juste part » du gouvernement Charest, Madame la ministre Saint-Pierre a simplement substitué « le sacrifice » que nous devons tous faire et son « épaule à la roue » de circonstance. Conscient de la richesse des échanges – matériels et immatériels – entre le Québec et la France et navré de cette rhétorique populiste, Le Délit s’oppose à la renégociation souhaitée par le gouvernement libéral.
On ne saurait conjuguer les relations entre nos deux nations au passé, elles sont un devenir ;
ce qui doit nous relier n’est pas simplement une « mémoire » mais une conscience historique, qu’il nous revient de transformer en conscience individuelle et civique. Le rôle qu’a joué, que joue et que jouera l’entente de 1978 ne saurait y être minimisé.
Compagnon des Amériques, entends-moi bien, j’ai laissé mon messianisme à la frontière. Je t’écris au milieu d’un ballet diplomatique auquel je n’ai pas chapitre. Je suis sur ta place publique avec les miens, la poésie n’a pas à rougir de moi. J’ai su qu’une espérance soulevait ce monde jusqu’ici. Ce que je t’envoie, c’est ma reconnaissance.