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La souveraineté à l’ordre du jour

Au fil de la campagne 

Jérémie Casavant-Dubois

Le 4 février dernier marquait le début officiel de la course à la chefferie du Parti Québécois. On connaît maintenant tous les candidats, les dépenses sont comptabilisées et les questions ont plus que jamais besoin de réponses. C’est la semaine dernière que les candidats Martine Ouellet et Alexandre Cloutier ont amassé le plus d’élan. Mme Ouellet a lancé sa campagne le 1er février à Longueuil devant une foule de plus de 400 personnes et s’est placée comme la candidate sociale-démocrate par excellence parmi les cinq candidats en course. En tant que telle, elle est la plus grande bénéficiaire du retrait de la course de Jean-François Lisée, et semble avoir réussi à attirer les partisans du candidat de gauche, notamment sa directrice de campagne. Selon un sondage Léger fait pour Le Devoir et Le Journal de Montréal en début février, elle reçoit maintenant 10% des appuis, ce qui la place au cœur de la course pour la deuxième place.

Pour Alexandre Cloutier, le haut point de la semaine aura été l’appui reçu par Véronique Hivon. La députée de Joliette est toute une prise pour l’équipe Cloutier. Elle s’est démarquée au cours des dernières années, entre autres pour son projet de « Mourir dans la dignité », militant pour la légalisation du suicide médicalement assisté. L’approche non-partisane de Véronique Hivon et sa capacité à rassembler seront des atouts importants dans la course du député de Lac-Saint-Jean.

Quid de la souveraineté ?

Le fameux calendrier référendaire demeure un sujet d’actualité au PQ. Chez les souverainistes, il est difficile, voire impossible, d’en venir à un compromis. On retrouve des opinions différentes dans chaque formation politique. Il y a ceux qui croient qu’un référendum devrait être tenu au moment opportun sans préciser quand exactement. D’autres proposeraient un référendum au cours du deuxième mandat d’un gouvernement péquiste. Il y a aussi les souverainistes pressés, ceux qui croient qu’un référendum devrait être tenu au plus tôt. 

Questionnés sur le calendrier référendaire au débat de l’Université de Montréal du 28 février, les candidats ont pu afficher leurs couleurs sur la démarche à suivre. Fidèle à ses habitudes, Pierre-Karl Péladeau est resté prudent sur la question et a évité de trop s’avancer sur ce terrain qui peut être très glissant. Son manque de prise de position commence à affecter négativement sa campagne. Dans le dernier sondage Léger, il est maintenant à 63% d’appuis, une chute de 5%. Bernard Drainville a quant à lui affirmé qu’il s’assurerait d’avoir des appuis à la souveraineté en 2018 avant de tenir un référendum. 

De son côté, Martine Ouellet a été très claire sur la souveraineté et a réaffirmé son adhésion à l’école référendaire de Jacques Parizeau, qui propose qu’un référendum soit tenu dès le premier mandat. S’inspirant de la campagne référendaire écossaise du semestre dernier, elle croit que mettre en mouvement le projet d’indépendance augmenterait l’appui de la population. 

Dans le camp d’Alexandre Cloutier, on tient avant tout à rassembler les souverainistes de différents horizons avant même de penser à un référendum (faisant référence à Québec Solidaire et Option Nationale). M. Cloutier va même jusqu’à demander qu’un million de Québécois signent un registre pour réclamer un référendum. Lui aussi inspiré par la campagne écossaise, il publierait un livre pour répondre à toutes les questions sur l’éventuelle indépendance du Québec. Cette stratégie est précise et laisse toutefois le dernier mot aux Québécois : sans le million de signatures, il n’y aurait vraisemblablement pas de référendum. C’est une position intéressante car elle laisse le dernier mot à la population, mais elle permet tout de même à Alexandre Cloutier de s’affirmer sur le sujet. Rarement, sinon jamais, a‑t-on vu un chef du PQ ou un candidat à la chefferie montrer le désir de rassembler tous les souverainistes. Cette position pourrait être très favorable pour sa campagne. 

La souveraineté reste un sujet propice à la discorde. Regardons simplement l’exemple du Bloc Québécois, décimé après la vague orange des élections de fédérales de 2011. Gilles Duceppe avait donné sa démission et une course à la chefferie avait été lancée. Mario Beaulieu, qui optait pour la promotion de l’indépendance avant tout, avait été élu. Depuis ce temps, les querelles s’enchaînent au Bloc et le caucus est dans une position de faiblesse avec seulement deux députés. Jean-François Fortin et André Bellavance ont décidé de siéger comme députés indépendants tandis que Maria Mourani a été expulsée du caucus par M. Beaulieu. 

C’est dire que la question nationale reste un sujet très sensible pour la majorité des souverainistes. Il sera impossible de satisfaire tout le monde, mais chaque candidat choisira l’option qu’il croira la plus rentable en fin de course.


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