Les conseillers et membres exécutifs de l’Association Étudiante de l’Université McGill (AÉUM) et de l’Association des Étudiants en Cycles Supérieurs de l’Université McGill (AÉCSUM) ont débattu ensemble pour la première fois dans l’histoire récente de l’université lors d’un sommet le lundi 23 février dans la Maison Thompson, où se situent les locaux de l’AÉCSUM. Ce conseil conjoint a été organisé par les membres exécutifs des deux associations étudiantes afin d’entamer une concertation commune sur les mesures d’austérité provinciales. « Il est logique que ce soit l’austérité qui nous ait rassemblés car c’est un enjeu qui nous touche tous d’une manière ou d’une autre, pas seulement l’AÉUM ou l’AÉCSUM », a commenté Courtney Ayukawa, présidente de l’AÉUM. « Cela devrait être fait chaque année car l’AÉUM et l’AÉCSUM ont des intérêts qui convergent souvent », a ajouté Julien Ouellet, v.-p. aux affaires externes de l’AÉCSUM.
Le sommet s’étant déroulé dans la salle de bal de la Maison Thompson, ce sont les règles de l’AÉCSUM qui ont modéré le débat, durant lequel les membres de l’AÉUM et de l’AÉCSUM étaient assis séparément des deux côtés de la salle. Le quorum, qui avait été établi selon les règlements des deux associations, soit 51% du conseil de l’AÉUM et les deux tiers du conseil de l’AÉCSUM, a été atteint dès le début du sommet à 18h dû à la présence obligatoire des conseillers. Les trois motions à l’ordre du jour portaient sur l’adoption d’une déclaration commune de leur opposition aux mesures d’austérité, la création d’un groupe de travail conjoint anti-austérité, et sur la continuation de l’allocation des budgets aux diverses institutions mcgilloises menacées par les coupes. Si de nombreux débats ont eu lieu à propos de certains amendements à apporter aux motions, ces dernières, en tant que telles, semblaient adoptées d’avance tant les votes en faveur de leur adoption étaient nombreux.
Motion pour la déclaration commune
La première motion débattue, et adoptée avec seulement deux voix contre, visait à l’affirmation de l’« opposition complète et définitive [aux] mesures d’austérité dans leur forme actuelle » par l’AÉUM et l’AÉCSUM, ainsi qu’au soutien des autres associations étudiantes québécoises contre ces mesures. La motion fait également état de l’importance de la sauvegarde des fonds académiques et des services à la vie étudiante pour la communauté universitaire. Cette motion, comme celles qui l’ont suivie, était destinée autant au gouvernement provincial qu’à l’administration de McGill.
Motion sur la création du comité anti-austérité
La deuxième motion portait sur la création du groupe de travail conjoint pour la mobilisation contre l’austérité, en parallèle à la déclaration de la motion précédente, afin de joindre les actes aux paroles. La motion, bien qu’adoptée, n’aura cependant qu’une valeur consultative car elle avait été reportée à la fin du sommet faute d’accord sur certains de ses amendements, et le quorum nécessaire avait alors été perdu. Le groupe de travail aurait eu comme mission d’informer les étudiants de l’impact des coupes budgétaires et d’aider à organiser les manifestations et campagnes contre lesdites coupes. Le désaccord portait entre autres sur la clause stipulant que seules les stratégies « non-violentes et non-diffamatoires » devraient être utilisées par le groupe de travail. « Je pense qu’en général la mobilisation requiert certaines stratégies diffamatoires, comme l’usage de blocus ou d’action directe », a déclaré Amina Mustaqim-Barrette, v.-p. aux affaires externes de l’AÉUM. Morgan Grobin, sénatrice de la faculté de génie au conseil de l’AÉUM, a quant à elle plaidé que « nous ne voulons pas nous faire des ennemis, si nous voulons le changement, nous devons faire des choses que le gouvernement respecte ». La clause a finalement été supprimée en faveur d’une autre condamnant les tactiques dont l’objectif est expressément de causer le préjudice direct ou physique, suggérée par David Benrimoh, sénateur de l’AÉUM.
Motion sur les budgets menacés
La dernière motion, intitulée « Motion sur les priorités des étudiants au sujet des futurs plans budgétaires », a également été adoptée sans opposition majeure. Divisée en sept clauses différentes, la motion couvre divers secteurs de l’Université menacés de coupes budgétaires, et prévoit l’affirmation de la volonté commune des deux associations pour la préservation des allocations à ces secteurs. Ces clauses plaident d’abord pour le maintien des bourses et stages prévus par la Politique nationale de la recherche et de l’innovation (PNRI), le maintien du nombre de cours offerts à l’Université et le rétablissement des bourses du ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS). Au niveau du campus, la motion prévoie le lobbying de l’AÉUM et de l’AÉCSUM pour l’allocation d’espace aux associations étudiantes en cas de reprise de l’hôpital Royal Victoria par l’université, le maintien des 27,6 millions de dollars en bourses octroyés aux étudiants dans le besoin par McGill, le maintien du budget des 32,2 millions de dollars pour les bibliothèques, ainsi que la préservation des postes de soutien aux étudiants.
Du côté de l’AÉUM, on a déploré la tenue d’un tel conseil conjoint si tard dans l’année, ce qui limitera l’application des différentes motions adoptées. « Ce sommet aurait dû arriver plus tôt, idéalement au semestre dernier », a déploré Mme Ayukawa. Selon elle, la logistique et la préparation étaient la cause de ce retard. Claire Stewart-Kannigan, v.-p. aux affaires internes de l’AÉUM, a regretté quant à elle que les conseillers des deux associations n’aient pas pu s’engager plus pleinement dans le débat, en partie dû au fait qu’un problème technique les a empêchés d’avoir accès aux motions à l’ordre du jour avant la tenue du sommet. « Plus d’engagement de la part des conseillers aurait permis plus de discussions entre eux plutôt qu’entre les exécutifs », a‑t-elle dit. À l’AÉUM comme à l’AÉCSUM cependant, on espère la tenue d’autres sommets du même genre à l’avenir.